THAÏLANDE - L'alcool, enfer sur terre ou paradis boursier ?
Le groupe de bières et spiritueux Thai Beverages réussira-t-il son entrée en Bourse ? Le feuilleton tient en haleine la Thaïlande. Vendredi 18 mars, 2 000 moines bouddhistes ont manifesté devant la Bourse de Bangkok. Nombre d'entre eux brandissaient des bannières. "Alcool, va en enfer !", disait l'une d'elles.
Lundi 21 mars, la Bourse thaïlandaise a décidé de s'accorder un délai avant d'autoriser la cotation de la compagnie. Une solution que The Nation considère comme un pis-aller : il faudra bien, un jour, se décider à agir.
Si l'introduction en Bourse de Thai Beverages était décidée, relève le quotidien thaïlandais, le groupe deviendrait l'une des plus grandes firmes cotées sur la place de Bangkok. "Cela permettrait d'accroître le marché thaïlandais, et le rendait plus attractif aux investisseurs locaux et internationaux."
The Nation ne nie pas pour autant les ravages que fait l'alcool dans le pays. La Thaïlande est le cinquième consommateur mondial de boissons alcoolisées. Les effets néfastes de cette consommation ne sont plus à démontrer, reconnaît le quotidien : "Des problèmes de santé aux accidents de la route, en passant par une baisse de la productivité", sans oublier les crimes et délits commis sous l'emprise de l'alcool.
Cependant, The Nation regrette que "des gens qui cachent leurs objectifs" se soient approprié le sujet, même légitime, qu'ils "l'aient manipulé et déformé". Le quotidien s'interroge : "Qu'est-ce que des moines bouddhistes ont à voir avec le fonctionnement normal de l'économie du pays et l'entrée en Bourse de Thai Beverages, ou de n'importe quelle autre société ?" Pourquoi ne s'en prennent-ils pas à de "plus grands maux" qui frappent le pays, comme l'industrie du sexe ?
Avant d'autoriser l'entrée en Bourse de Thai Beverages, une question reste à trancher, conclut The Nation : "Comment la société thaïlandaise dans son ensemble pourrait-elle œuvrer à réduire les ravages de l'alcool – sans recourir à la prohibition ?"