Publicité pour les chaussures de sport Nike dans un magasin de Shanghaï
jeudi 14 avril 2005, 11h00
Pratiques sociales: Nike publie la liste de ses usines de sous-traitance
WASHINGTON (AFP) - Le fabricant américain de matériel et de vêtements de sport Nike (NYSE: NKE - actualité) a publié une liste détaillée de ses 704 usines de sous-traitance dans le monde, dont plus de la moitié en Asie, afin de répondre aux accusations sur ses pratiques sociales dans les pays pauvres, en particulier le recours au travail des enfants.
"Notre industrie est à la croisée des chemins (...) En faisant preuve de transparence avec cette liste (...) nous espérons encourager d'autres à se joindre à nos efforts de coopération", a expliqué mercredi Nike dans son rapport intitulé "Responsabilité d'entreprise".
Nike, leader mondial de la chaussure de sport, est depuis plusieurs années sous le feu des critiques pour les conditions de travail jugées douteuses dans ses usines de sous-traitance, des accusations qui ont entaché la réputation et l'image du groupe.
Depuis, l'entreprise a pris les devants en tentant de donner l'image d'une entreprise consciente de ses responsabilités sociales. Elle a récemment accentué ses efforts pour imposer des normes de travail communes chez ses sous-traitants.
Toutefois, en septembre, le géant avait dû payer 1,5 million de dollars pour régler à l'amiable des poursuites pour publicité mensongère, en relation avec une campagne publicitaire du fabricant vantant des conditions de travail responsables dans ses usines à l'étranger.
Dans son rapport sur les conditions dans ces usines, Nike admet que le travail peut y être "répétitif et/ou difficile" et que "la très grande majorité des emplois dans ces usines sont des postes non-qualifiés". Selon le rapport, le "harcèlement verbal" figure parmi les problèmes les plus communément rencontrés dans les usines.
Le harcèlement sexuel existe également, note aussi le rapport, bien qu'il soit "très difficile à mettre en évidence". Les équipes d'inspection de Nike ont trouvé que "même après une formation intensive, le harcèlement sexuel n'est pas un concept facilement compris". Elles suggèrent ainsi la mise en place de "systèmes confidentiel de dépôts de plainte (...) qui permettent aux travailleurs de rapporter les incidents en matière de harcèlement et d'abus".
En Chine, où le groupe fait fabriquer dans 124 usines, Nike affirme ainsi avoir mis en place, avec l'aide d'organisations non-gouvernementales, des procédures permettant aux employés d'exprimer leurs griefs, y compris des "boîtes aux lettres, des numéros d'appel téléphoniques spécifiques, des adresses de courrier électronique et un accès aux organisations syndicales".
Sur la question du travail des enfants, particulièrement sensible aux Etats-Unis, Nike souligne que les abus les plus fréquents sont liés à des "erreurs de documentation sur l'âge", certaines usines ne se conformant pas à leurs règlements internes, soit à cause de "pratiques négligentes dans la gestion des ressources humaines", soit en raison de la falsification de son âge par le travailleur lui-même.
Après des audits menés dans 569 usines en 2003 et 2004, Nike affirme y avoir "trouvé cinq employés qui avaient été embauchés en dessous de l'âge minimum légal local".
"Alors que nous nous acharnons à mettre en évidence et à prévenir le travail des enfants, le faible taux d'incidence suggère qu'il ne s'agit pas d'une pratique courante chez nos sous-traitants", conclut le rapport.
La Chine est le pays où Nike possède le plus d'unités de sous-traitance, avec 124 usines. Viennent ensuite la Thaïlande (73 usines), les Etats-Unis (49), l'Indonésie (39), la Corée du Sud (35), le Vietnam (34), la Malaysie (33), le Sri Lanka (25), le Japon (22), le Mexique (20), le Portugal (20), Taïwan (19) et l'Inde (18