Le palmier à sucre
AKP Phnom Penh, 14 avril 2005 --
Par suite du climat tropical additionné, pendant plusieurs mois, de la mousson, le Cambodge est couvert de quatre types de forêt d'essences les plus variées du Sud-Est asiatique. Parmi les essences que possède notre forêt et dont l'utilisation fut connue depuis des siècles pour la construction des habitations des Cambodgiens, Doeum Thnot, le palmer à sucre (Borassus Flabellifer) est l'arbre national du Cambodge.
Il n'est pas zône de le ou de les voir se plaire aux environs de chaque demeure paysanne en bouquet ou en ligne et, dans les plaines dénudées de rizières. Le borassus est soit planté en palmeraie, soit l'arbre qui se plaît en désordre grâce à leurs graines emmenées au hasard par l'homme, l'animal herboricole ou par l'eau de pluie ou l'inondation. La chair de la graine est recherchée et se mange par les enfants de campagne et même citadins après qu'elle ait été cassée, quand celle-ci porte son germe de quelque 0,20 mètres.
Le palmier à sucre résiste bien à la chaleur, à la sécheresse et à l'humidité. Après dix à quinze ans de vie, il peut être exploitable. Doeum Thnot est l'arbre à feuilles persistantes dont les pétioles sont utiles pour les campagnards et artisans. Les palmiers avaient été nombreux dès la première période du tertiaire où la faune et la flore étaient fort semblables à celles d'aujourd'hui. Dominant les villages et parfois dissimulant le paysage très caractéristique dans l'antiquité comme de nos jours. Là, ils sont alignés ou quadrillés sur les diguettes de rizières, là encore, ils sont disséminés ou en bosquet, leur tronc fauve soit tout droit, soit de biais, porte leur plumeau vert sombre découpé dans le ciel bleu de l'été ou dans la grisaille de la saison des pluies.
Selon les statistiques des années 60-61, on en compte quelque 1 500 000 pour l'ensemble du pays dont les provinces les plus riches en borassus sont Takéo (600 000) palmiers, Kandal (217 000) palmiers et Kampong Chhnang (207 000) palmiers.
Il est regrettable sous le régime sanguinaire de Pol Pot que nombre de borassus ait été abattu à des fins indécis, dans certaines régions, leurs acolytes les avaient dévastés soit pour des raisons de l'amplification des surfaces cultivables sans savoir même leurs qualités convenables à la riziculture.
Le principal produit de l'exploitation est la sève que l'on extrait des inflorescences qui se développent dans les intervalles de leurs pétioles. Les Cambodgiens ont su bien fermenter le jus du palmier pour en faire le vin. Toutefois la boisson normale des Khmers était l'eau; il existait également des boissons alcoolisées "… la dernière espèce est le vin du sucre …; on le fait avec le sucre de canne. De plus, quand on pénètre le fleuve et qu'on suit la rivière, on a du vin du suc de Kiao qui pousse au bord de l'eau. On peut en faire fermenter le suc". Le Kiao, mot chinois, n'est autre chose que le borassus. L'importance première que donne le palmier à sucre à nos paysans est nombreux. Ainsi nos patriarches l'ont félicitées par leurs vers ou leurs proses rythmées que chantent nos solistes de la guitare bicordes à long manche. De leurs inflorescences mâles ou femelles, nos paysans collectent la sève qui, deux fois par jour, le matin et l'après-midi, emplit leurs tubes de bambous dont tout le contenu du jus sera par la suite raffiné pour en extraire le sucre brun ou la mélasse, la dernière fut exportée à l'étranger sur commande par le troc surtout à la période angkorienne. Les gens de commun se servent de la sève comme la boisson fraîche ou fermentée, le vin de palme que furent mentionnés les chroniqueurs étrangers venus au Cambodge des siècles écoulés. Depuis leurs feuilles jusque leurs racines, les Cambodgiens les utilisent dans leur vie courante : La pulpe glucosée de fruits verts est la friandise, leurs feuilles se sont transformées en toit, en nattes, en sacs, en cloisons, leurs pétioles en cordes et fibres, leur tronc en conduites d'eau, en solives, en colonnes, en planches, en embarcations légères et en rames, leurs inflorescences mâles et racines en médicaments.
La collecte de la sève pour en confectionner le sucre brun dur s'effectue simplement mais périlleusement, car les collecteurs doivent grimper le tronc de borassus à peu près vingt mètres en hauteur au-dessus du sol. Chaque palmier, par saison, peut fournir quelque quatre cents litres du suc qui, après le raffinement, peuvent être transformés en vingt-six kilogrammes du sucre dur ou de mélasse. L'exploitation du jus de palmier reste toujours à l'échelon familial, pourtant les fabricants du sucre blanc granulé à base de celui de palmier se prospèrent surtout en ville en vue de desservir le besoin vital des consommateurs locaux.
Parmi les 1 500 000 borassus, il n'y a que 60% de Doeum Thnot qui sont exploitables, mais seulement moins de 22,22% en exploitation. Encore que la production du sucre de palme soit moindre à l'heure actuelle, mais nous espérerons un accroissement et une modernisation de la production du sucre de palme par la création de grandes raffineries d'où l'exploitation tient une grande place dans l'économie. -- AKP