La bière de palme se cherche une clientèle
AKP Phnom Penh, 27 avril 2005 --
Après le vinaigre de palme, après le vin de palme, c'est la bière de palme. Depuis quelques semaines, la bière "Khmer" (4,5% d'alcool), fabriquée à base de jus de palme, est en vente à Phnom Penh, Siemreap et Battambang: l'inventeur du produit, Pok Leakreasey, recycle des bouteilles Heineken de 33 cl, sur lesquelles il a apposé son logo, le temple d'Angkor Wat planté de deux grands palmiers à sucre. Ces trois produits ont été élaborés au sein de l'Association d'exploitation du palmier pour le développement du Cambodge, montée en 2001, qui avait lancé sur le marché le vin et le vinaigre un an après sa création, a rapporté Cambodge Soir.
L'unité de production de la bière "Khmer", située dans le village de Daun Mann, dans la province de Kandal, est une petite maison traditionnelle" recouverte de feuilles de palme, entourée de palmiers et dont l'antre est constituée de trois troncs d'arbre. Si vin et vinaigre sont désormais bien implantés sur le marché local et partent même pour l'export à destination de l'Europe, la bière de palme de Pok Leakreasey demeure encore confidentielle. "Nous avons vendu 500 caisses, soit 12 000 bouteilles, depuis le Nouvel An khmer. Mais j'ai depuis reçu de nouvelles commandes", explique l'entrepreneur avant de reconnaître que son accès au marché est encore très limité. La capacité de production de l'artisanat est de 40 à 50 caisses de 24 bouteilles par jour, soit 1 000 bouteilles, "mais nous pouvons l'augmenter en fonction de la demande", précise-t-il. La bière "Khmer" emploie une vingtaine de paysans du coin, et fait vivre les habitants de deux villages voisins qui fournissent le jus de palme. Chaque jour, Leakreasrey achète 1 000 litres de jus de palme entre 120 et 150 riels le litre, ce qui rapporte quelque 15 000 riels par jour à chacun de ses fournisseurs.
Mais le goût de cette bière étant fortement dépendant de la qualité du jus de palme, et donc des saisons, l'investisseur doit prévoir des stocks relativement importants. "Pendant la saison des pluies, le palmier donne" un jus moins sucré qu'en saison sèche car il absorbe de l'eau. De plus, les paysans sont occupés à la rizière. Nous ne récoltons le jus qu'entre la mi-novembre et juin", explique Leakreasrey avant de préciser qu'un palmier donne environ 400 litres par an, la province la plus prolifique étant celle de Kompong Speu ".
Pok Leakreasey s'est associé à 35membres de l'Association pour réunir les 32 000 dollars nécessaires à la création de son artisanat. Les techniques de production viennent de l'étranger, "car les fondateurs sont d'anciens étudiants de l'ITC [Institut de technologie du Cambodge]", explique-t-il. Pour l'heure, les produits développés par l'Association n'atteignent pas le seul de rentabilité. Après avoir perdu de l'argent les deux premières années, Leakreasey n'a rien gagné l'an dernier. Mais il espère bien dégager des bénéfices cette année, grâce à la bière, en partant à l'assaut de nouveaux marchés: "Nous envisageons de produire des canettes, mais cela suppose un investissement de 200 000 dollars. Et nous allons bientôt produire une bière plus légère, environ 1 % d'alcool, à destination des femmes et des enfants", explique-t-il avant d'appeler investisseurs et gouvernement à s'intéresser au secteur de la palme, "qui présente d'énormes intérêts pour le Cambodge et surtout pour les paysans les plus pauvres"--AKP