Le Cambodge relance les pays donateurs pour financer sa part
AKP Phnom Penh, 31 mai 2005 --
"Les avions et les oiseaux ont besoin de leurs deux ailes pour voler" : c'est en filant la métaphore que Sean Visoth, secrétaire du groupe de travail gouvernemental sur le procès des ex-dirigeants khmers rouges, a rappelé hier toute l'importance de l'aide des pays donateurs pour permettre à la partie cambodgienne d'apporter sa contribution au tribunal, à l'heure où le financement de la partie onusienne est déjà assuré, a cité Cambodge Soir.
Hier, une réunion de sensibilisation à ce thème s'est tenue au Conseil des ministres, sous la direction de Sok An, président du groupe de travail, en présence de plus d'une trentaine de représentants de pays susceptibles d'apporter leur aide au Cambodge. "Nous faisons appel aux contributions bilatérales pour trouver ces 11,8 millions de dollars", a expliqué Sean Visoth.
Le budget du procès "khméro-onusien", étalé sur trois ans, se monte à 56,3 millions de dollars. L'ONU a prévu de prendre à sa charge 43 millions de dollars, un montant déjà garanti par les dons et promesses des pays donateurs. Le Cambodge doit donc s'acquitter des 13,3 millions restants, mais a annoncé qu'il ne lui sera possible de débourser que 1,5 million de dollars, et fait appel à la coopération internationale pour fournir la somme manquante. "La part cambodgienne est importante pour démarrer le procès des Khmers rouges, explique Helen Jarvis, conseillère du gouvernement pour ce tribunal spécial. Le budget a été divisé en deux, et la part cambodgienne comprend notamment la rénovation des locaux, l'équipement, la sécurité, etc., qui sont nécessaires pour que le procès puisse se tenir". Le gouvernement cambodgien assure d'ailleurs qu'il lui faudra en réalité mettre sur la table 5,2 millions de dollars pour différents "faux frais", non compris dans le devis du procès plus de la part qui lui revient.
Pour l'heure, selon Sean Visoth, aucun pays ne s'est engagé à verser de l'argent au gouvernement pour l'aider à tenir ses engagements. Le Japon avait été un temps approché, mais réserve pour l'heure sa réponse, estimant avoir sans doute déjà largement contribué au fonds onusien (le plus gros donateur avec 21,5 millions de dollars versés). L'exemple pourrait venir de l'Union européenne, qui s'est engagée à verser 1,3 million de dollars, mais hésite, selon Sean Visoth, à confier cette somme à l'ONU ou au gouvernement. Sa décision devrait finalement intervenir d'ici peu. Sean Visoth a en tout cas considéré que ces 11,8 millions de dollars manquants formaient le "dernier obstacle"avant la mise en place du procès.--AKP