Cambodge - Economie - Le bâtiment et le tourisme ont porté la croissance à 7,7% l'an dernier
09-09-2005
Cambodge Soir - Le pays a connu l’an dernier une embellie économique avec un taux de croissance de 7,7%, soit la plus forte hausse du Produit intérieur brut (PIB) depuis 2001 (8,4%), selon les données de l’Institut national des statistiques, qui dépend du ministère du Plan. En 2002 et 2003, la croissance avait plafonné autour de 5,5%, un chiffre relativement faible pour un pays en voie de développement.
Si l’Institut économique du Cambodge (IEC), un organisme indépendant, évalue de son côté la croissance pour l’an dernier à 6,5%, le constat est le même : après deux années de ralentissement, la croissance est de retour. Ce regain de dynamisme avait conduit le mois dernier le gouvernement, suivi par le FMI, à réévaluer ses prévisions de croissance pour cette année à 6,3%, au lieu des 2 à -4% annoncés jusqu’ici.
Le dynamisme de l’industrie
La forte croissance de l’an dernier est portée par la bonne santé de l’industrie (+16%, contre 12% en 2003), grâce à la confection textile, dont la production a aumenté de 25%, et au bâtiment (+13,2%). “L’augmentation significative de la cons-truction de résidences, d’hôtels et d’usines est le principal moteur des forts taux de croissance des trois dernières années”, explique l’Institut national des sta-tistiques. Les services ont de leur côté enregistré une croissance de 9,2%, la plus forte depuis 1999, grâce notamment “aux tou-ristes et aux joueurs” de casinos.
Seul point noir de l’exercice passé : l’agriculture a enregistré une croissance négative (-2%) dûe à la sécheresse (la production de riz a chuté de 11,5%) et à l’exceptionnelle croissance de l’année précédente. La pêche a également subi un fort ralentissement (-3,3%), et ce malgré l’essor, qui se confirme d’année en année, de l’aquaculture (+17,2%). Les produits de l’exploitation forestière ont légèrement augmenté en 2004 (+0,2%) par rapport à 2003 (-4,5%) en raison du dynamisme de la construction, et ce, affirme l’Institut, malgré “la baisse continue des coupes de bois illégales destinées à l’export”.
Le poids de ces quatre secteurs d’activité dans le PIB du pays a sensiblement évolué depuis 10 ans. L’agriculture est ainsi passée de 45% du PIB en 1993 à 31% l’an dernier, quand dans le même temps la part de l’industrie doublait, passant de 12,7% à 27,5%. Malgré l’essor du tourisme, le poids relatif des services a ainsi légèrement décliné par rapport à celui de l’industrie, passant de 39,5% à 35,8% du PIB. L’importance des services financiers dans l’économie est toujours aussi mesuré : 0,9% contre 0,2% en 1993.
La consommation en forte hausse
La consommation des ménages, qui stagnait depuis deux ans autour de 1%, a subitement augmenté l’an dernier de 8,2% par rapport à 2003, portant les dépenses annuelles moyennes par habitant à 248 dollars. Le PIB par habitant, en hausse de 4,6%, s’établit à 328 dollars. Selon l’Institut, les dépenses du gouvernement ne pèsent plus que pour 4,8% dans le total des dépenses du pays, et seraient en baisse de 6,5% par rapport à 2003, après avoir augmenté lors des deux exercices précédents.
Si la part des échanges commerciaux dans le PIB du royaume augmente chaque année, le déficit commercial tend à se réduire, passant de 21% du PIB en 1996 à 10,6% en 2004. Ce rééquilibrage progressif est en partie dû aux exportations de biens et de services qui ont augmenté de 22,4% entre 2003 et 2004, en raison notamment de la bonne tenue du secteur textile. Mais le fait que ces industries, qu’elles soient dirigées ou non vers l’export, reposent essentiellement sur des importations de matières premières incite certains analystes à relativiser l’optimisme de ces prévisions. La confection et le bâtiment, malgré leur dynamisme, ne génèrent pas autant de richesse que leur croissance le laisse entendre car le fer, le béton ou encore le tissu sont rarement fabriqués au Cambodge. Pour Kong Chandararoth, directeur de l’Institut des études pour le développement du Cambodge, le taux de croissance réel pour 2005 devrait ainsi être ramené à 3%, au lieu des 6,3% annoncés.
Soren Seelow
La Chine, championne incontestée des investissements étrangers
Selon le Centre de développement du Cambodge (CDC), la valeur totale des investissements étrangers réalisés au Cambodge l’an dernier s’est élevée à 342 millions de dollars, la Chine se taillant la part du lion avec 109 millions, essentiellement placés dans la confection textile. Viennent ensuite la Malaisie (32 millions) et Singapour (15 millions). Le premier investisseur occidental est la France, en sixième position, avec 7 millions de dollars. Pour le premier semestre 2005, le montant des investissements enregistre une hausse spectaculaire puisqu’il s’établit à 417 millions de dollars, soit déjà davantage que pour toute l’année dernière. La Chine a dores et déjà triplé ses investissements cette année, les portant à 334 millions. Taïwan, quatrième l’an dernier, arrive pour l’instant en deuxième position avec 33 millions de dollars.
Ky Soklim
Source : Cambodge Soir