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 La qualification du crime contre l'humanité (cas cambodge)

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MessageSujet: La qualification du crime contre l'humanité (cas cambodge)   La qualification du crime contre l'humanité (cas cambodge) EmptyMer 11 Aoû - 19:25

Entretien. Sophinie Ong travaille en tant qu'assistante pour le Diplome d'Etudes Spécialisées en droits de l'homme et est attaché aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur en Belgique. Juriste de formation, elle s'est spécialisée en droits de l'homme. Elle s'est intéressée de près à la qualification du crime contre l'humanité et du cas spécifique du Cambodge sous les Khmers rouges. Elle rejoint l'équipe rédactionnelle de CHATOMUKH

Chatomukh: Vous êtes née au Cambodge en ces années où le pays sortait du régime khmer rouge. Par la suite, il a été occupé par les troupes vietnamiennes avant de retrouver une paix relative en 1991 après les Accords de Paris. Vous avez effectué un retour sur le lieu de votre naissance. Et récemment votre propre père, M. Ong Thong Hoeung a publié un livre décrivant son parcours de militant politique dans les années de 1970 à 1980. Vous êtes née en juillet 1978 sous le régime des Khmers rouges, à Kampong Cham, dans le camp B 18.

Sophinie Ong:C'est une jeune femme khmère rouge n'ayant jamais étudié la médecine qui pratiqua la césarienne sur ma mère, et ce, dans des conditions incroyables. En novembre 2002, je suis retournée sur mon lieu de naissance. Nous avons retrouvé l'endroit où était érigée la maison sur pilotis que l'on appelait à l'époque "l'hôpital". Il s'agit d'un lieu au milieu de nulle part, la végétation y est uxuriante. Le paysage est paisible. Quel contraste avec le passé! J'ai raconté cette journée d'expédition et ce récit a été publié dans divers journaux: Cambodge Soir (Cambodge), La Libre Belgique (Belgique, mon pays d'accueil), Chatomuk et en Italie notamment. Je ne reviendrai donc pas sur ce voyage proprement dit.

Toutefois, je tiens à replacer ce retour à la source dans son contexte. J'étais alors étudiante en D.E.S. en droits de l'homme, programme pour lequel je suis maintenant assistante. J'avais opté d'étudier les faits perpétrés par les Khmers rouges sous l'angle du droit international, autrement dit, sous l'angle du crime contre l'humanité et du génocide. J'étais à la fin de mes recherches. A l'époque, se préparait également la future publication du livre de mon père. Il y narrait ce qu'il avait vécu sous le régime khmer rouge, de son départ de Paris à l'arrivée des Vietnamiens en 1979. Autant dire que je baignais dans une ambiance propice à la réflexion sur les Khmers rouges.

L'objectif de mon travail - qui fut d'ailleurs publié au mois mars de cette année dans la Revue de Droit Pénal et de Criminologie - était d'arriver à une conclusion scientifique, c'est-à-dire objective, dépouillée de toute passion, et de tout parti-pris. Si je parviens à une conclusion certaine concernant le crime contre l'humanité, j'invite à la création d'une commission interdisciplinaire pour se pencher sérieusement sur la question plus controversée du génocide au Cambodge.

Chatomukh: Que pensez-vous de la position du gouvernement khmer et celle de l'ONU quant à la tenue du Tribunal pour juger les anciens chefs Khmers Rouges ?

Sophinie Ong: Je suis juriste. Je crois profondément en la justice, en son rôle pour les victimes, pour les coupables, pour la société en général. Les victimes sont en droit de se voir reconnaître officiellement ce statut par un tribunal, comme les coupables doivent être reconnus comme tels pas un tribunal. Je suis donc totalement favorable à un procès qui traduirait en justice les principaux leaders khmers rouges.

Cependant, face au compromis trouvé entre les Nations Unies et le gouvernement cambodgien, je demeure perplexe. L'idéal aurait été de créer un tribunal pénal international, à l'instar de ce qui existe pour l'Ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.) et pour le Rwanda (T.P.I.R.). Il eut fallu une instance extérieure, neutre, impartiale et indépendante. Je crains que la solution adoptée, un tribunal mixte, ne réponde pas à ces exigences.

D'un autre coté, le temps passe. Les anciens dirigeants khmers rouges avancent en âge et risquent de s'éteindre très prochainement. Adieu alors toute possibilité de justice! Le dilemne est cornélien: entre l'impunité totale ou une fausse justice, le choix s'avère difficile. L'ONU a décidé de mettre fin à l'impunité et de tenter d'établir la justice. Cette décision met un terme à ce débat. Il y a lieu dès lors de faire preuve de pragmatisme. La priorité à laquelle doivent veiller l'ONU et la société civile (nationale et internationale) consiste à s'assurer de l'indépendance et de l'impartialité des juges qui siègeront à ce tribunal mixte. Des balises doivent être posées et la vigilence de mise.

Chatomukh: Comprenez-vous le point de vue du Roi et de certains chercheurs - qui ont travaillé sur le terrain - qui recommandent une solution à la cambodgienne ? Autremant dit, un tribunal oui mais avec un travail de deuil à la khmère.

Sophinie Ong: Le droit ne constitue pas la solution miracle. Loin de là. La justice permet aux victimes, non pas d'oublier, mais de tourner la page. De continuer avec la satisfaction d'avoir été entendues et reconnues. Concernant les rites religieux, l'organisation de cérémonies religieuses à travers tout le pays, ils peuvent contribuer à la paix de l'âme. Il reste que l'enseignement et l'éducation demeurent des éléments de prévention incontournables. Il en va de la mémoire collective du Cambodge mais également de l'ensemble de la société internationale. Car un crime contre l'humanité, et à fortiori, un génocide, n'implique pas seulement un peuple mais bien, comme son nom l'indique, toute l'humanité, puisque c'est elle qui est visée. Like a Star @ heaven Like a Star @ heaven
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