Le 5 décembre, jour de fêtes en Thaïlande

Le 5 décembre, jour de fêtes en Thaïlande
Jean-Pierre Chanial. Le Figaro

Lundi 5 décembre, la Thaïlande fête son roi, la nation et ses papas. Villes et villages du royaume organisent défilés, spectacles et prières.
En Thaïlande, la tradition tient bon. Pas une pleine lune, pas une circonstance de la vie du Bouddha, pas une récolte qui ne justifie le spectacle de danses, la pieuse procession, le feu d'artifices, l'offrande déposée sur un autel, à la maison comme en pleine rue.

Le royaume de Siam garde le calendrier du ciel et de ses mystères. Il veille aussi sur celui des hommes. La preuve, chaque année, par le 5 décembre. Journée radieuse puisqu'elle est date anniversaire de Sa Majesté Rama IX, Phrabat Somdet Phra Chaoyuhua pour l'état civil, qui fête ses 78 printemps dont 59 de règne. Le neuvième monarque de la dynastie Chakri est monté sur le trône le 9 juin 1946, à l'âge de 19 ans. Un record parmi le cercle très fermé de ses confrères. Comme le raconte l'hagiographie officielle, «son écoute attentive du peuple, ses actions pour venir en aide aux plus démunis et sa façon d'être et d'agir pour son royaume ont fait de lui un bon roi adulé par tous ses sujets.» Soit. Passionné de photographie et musicien accompli, Rama IX est une icône pour ses 63 millions de sujets. Dans chaque appartement, son portrait (avec la reine et leurs enfants) est encadré, aucune boutique (image officielle) qui oublie de le suspendre au-dessus de la caisse, tous les hôtels (version grand format) en font l'étoile de leur lobby, l'étal (miniature) de trottoir n'oublierait pour rien au monde son protecteur, pas plus que le taxi (la photo swingue accrochée au rétroviseur)...

Une cascade d'animations

Cette royale journée est également désignée comme Fête nationale de la Thaïlande. Et pour compléter le tableau, la voici aussi Fête des pères. Une seule célébration pour le roi, la nation, la famille. Pareille circonstance explique la cascade d'animations qui font du 5 décembre la journée la plus festive du royaume. A Chiang Mai comme à Phuket, de Hua Hin jusqu'au pont qui enjambe la rivière Kwai.

Les plus grandioses se déroulent à Bangkok, autour du palais royal, ainsi que dans les jardins du temple voisin qui abrite le fameux bouddha d'émeraude, perle de la capitale. Les immenses avenues qui y conduisent ont depuis plusieurs semaines été soulignées de milliers de lumières et des portraits géants du roi. Le parc du palais royal accueille le programme officiel : présentation de la garde royale, défilé d'étudiants fraîchement diplômés, danses, prières, feux d'artifices.

Offrandes de riz et de fleurs

La fête populaire se tient dans les temples de la ville. La foule s'y rend en nombre. Chaque fidèle apporte son offrande, riz et fleurs qui assure le bien-être des esprits. Les autels sont noyés dans les fumées d'encens et les groupes de lamas en robe safran ou rouge accompagnent les prières de l'éclat d'un gong ou d'une volée de clochette.

La fête anime tout autant la rue : ici, un défilé de dragons chinois avec tambours et pétards ; plus loin, les cuisinières offrent un bol de légumes frits dans un immense wok, à qui tend la main ; là-bas, au secret d'un jardin, les danseuses cultivent des grâces millénaires, doigts effilés tendus vers l'au-delà et costume doré.

Ce soir, la fête se poursuit à la maison, autour du papa, ou bien au restaurant où les immenses tables rondes accueillent une quinzaine de convives pour une débauche de plats, crabes, volailles, poissons, gâteaux à la banane, mangue, noix de coco, le tout arrosé de thé vert pour les dames, de bière locale pour les messieurs.

Le lendemain, mardi 6 décembre, retour à l'ordinaire, en attendant de prochaines célébrations. Le Nouvel An chinois (29 janvier à Bangkok), le festival des fleurs à Chiang Mai (3 février) et quelque cinquante-huit autres. En 2006, Rama IX fêtera en effet soixante ans de règne. Le gouvernement a donc désigné soixante événements qui, dans tout le pays, salueront la longévité du monarque. Et l'affection que lui porte son peuple. Pour rien au monde «le pays des hommes libres» n'oublierait ses traditions.