Hall d'entrée du Bumrungrad International Hospital, Bangkok - DR
Le tourisme médical se porte bien
"Nous accueillons des patients de 189 pays ; sur le million de patients que nous soignons chaque année, 50 % viennent de l'étranger. La majorité sont des Américains, viennent ensuite les Emirats arabes unis, le Bangladesh, l'Oman, le Royaume-Uni, le Japon et l'Australie. Nous offrons un avantage significatif en termes de prix par rapport aux Etats-Unis ou à l'Europe, car nous sommes environ cinq à dix fois moins chers", affirme, dans les colonnes du quotidien Phujadkan, Mack Banner, le patron du Bumrungrad International Hospital de Bangkok, l'un des plus grands établissements privés d'Asie du Sud-Est, avec 600 médecins et des équipes polyglottes.
L'hôpital Bumrungrad ("Prendre soin du peuple", en thaï) a conclu depuis 2000 un accord de partenariat avec la compagnie Thai Airways International pour proposer des forfaits "vol + soins" intégrant une visite médicale complète d'une journée et un tour de la capitale. "Nous souhaitons positionner la Thaïlande en carrefour majeur pour le tourisme médical dans la région", souligne un responsable des voyages organisés et du développement chez Thai Airways.
Selon l'hôpital, les opérations du dos, de la hanche et du genou sont les plus recherchées par les Américains. En revanche, les Australiens ont plutôt recours à la chirurgie esthétique. La Thaïlande a également acquis, au fil des ans, une bonne réputation pour la qualité de ses soins dentaires et les opérations de changement de sexe, dont le chiffre est estimé à près d'un millier par an. "Le nombre de candidats à ces interventions complexes est en forte augmentation ; 95 % des opérations concernent des hommes qui veulent devenir des femmes. Elles durent entre quatre et huit heures et sont facturées 5 000 dollars. Un prix qui inclut un séjour de deux semaines à l'hôpital. Pour subir une telle opération, le client doit avoir pris des hormones féminines pendant deux ans et avoir fait l'objet d'une évaluation psychiatrique", précise le docteur Greechart, de l'hôpital Yanhee, à Bangkok. Ce chirurgien esthétique exhibe dans son bureau un message de remerciement rédigé par un Japonais de 21 ans qui a subi deux opérations, l'une au sexe, l'autre à la poitrine : "Je vous suis sincèrement reconnaissant. Merci d'avoir exaucé mon vœu."
Parmi les étrangers qui viennent se faire opérer en Thaïlande, les Suédois sont particulièrement fidèles. Ils apprécient la qualité du service à bas prix et le fait qu'il ne faut pas attendre des mois pour obenir un rendez-vous. "En Suède, vous devez patienter jusqu'à un an et demi pour être admis dans un hôpital public", raconte à Phujadkan un ressortissant suédois. Par exemple, une intervention au laser pour guérir la myopie coûte environ 2 500 euros en Suède, alors qu'en Thaïlande, pour la même opération, il faut compter 1 500 euros. Un hôpital de Phuket a même pris l'initiative d'ouvrir à Stockholm un centre d'information sur les soins médicaux qu'il propose aux touristes.
L'Inde et Singapour ont également découvert le marché lucratif du tourisme médical. Singapour, qui vise 1 million de patients étrangers d'ici à 2010, s'est positionné sur le segment des expatriés. De son côté, l'Inde évalue sa part du marché à 2 milliards de dollars d'ici à 2012, selon une étude de la Confédération de l'industrie indienne.