Une loi du travail qui ne satisfait pas le patronat

Une loi du travail qui ne satisfait pas le patronat

06-12-2005
Cambodge Soir - Le patronat dit attendre beaucoup d’une révision de la loi sur le travail, un texte rédigé en 1997 qui, selon lui, ne répond plus aux exigences du moment. L’organisation internationale du travail (OIT) a présenté vendredi le brouillon d’un projet de loi à 80 employeurs, invités à parler de leurs difficultés et à formuler des recommandations. Les membres de l’assemblée réunie pour l’occasion, issus pour l’essentiel de l’industrie de la confection textile, ont jugé caduque la loi en vigueur.

Kong Sang, vice-président de l’Association des employeurs du textile du Cambodge (Gmac), a évoqué le problème des grèves spontanées, imprévisibles autant que coûteuses pour l’usine. “La loi ne favorise pas les investisseurs et de fait n’encourage pas l’investissement au Cambodge. Dès que des ouvrières ne sont pas satisfaites, elles débrayent sans même nous donner la chance d’entamer de vraies négociations. Combien d’argent perdons-nous avec les grèves qui provoquent des retards dans la livraison des marchandises aux clients? Les syndicats devraient leur expliquer les conséquences de leurs actes dont la gravité peut mener jusqu’à la fermeture de l’entreprise. Il faut que les ouvrières aient bien conscience qu’elles mettent en danger leur propre emploi en agissant ainsi!”, a-t-il martelé.

D’autres focalisent leur attention sur la grille de paiement du travail nocturne, qu’ils jugent trop avantageuse pour les ouvriers. “Nous devons payer le double au personnel de nuit dont les heures sont facturées comme des heures supplémentaires, ce que stipule la loi sur le travail. Dans la région, le Cambodge semble être le pays où la loi défavorise le plus les employeurs. La plupart des patrons baissent les bras, ils ne peuvent plus supporter les coûts générés par le travail de nuit alors qu’ils n’ont d’autre choix que de faire tourner les machines 24 heures sur 24”, a argué Som Chamnan, de la Fédération des employeurs du Cambodge et de l’association du commerce (Camfeba). Il considère, lui aussi, l’actuelle loi sur le travail inadaptée aux impératifs auxquels font face les employeurs. Et le projet de loi qui leur a été présenté maintient la rémunération des heures de nuit au forfait normal augmenté de 50%, ce qui est toujours, selon lui, trop élevé.

D’après Som Chamnan, les employeurs ont proposé de modifier cent articles de la loi mais le projet d’amendement de la loi n’aurait pris en compte que quelques-unes de leurs propositions. Il dit se tenir prêt à jouer une deuxième manche, les 13 et 14 décembre prochains, à l’occasion d’une rencontre avec les syndicats et les ouvriers pour discuter du projet de loi. Reste à savoir si les ouvriers accepteront de revenir sur certains acquis sociaux sous la pression du patronat.

Chheang Bopha