L’aéroport de Siem Reap passe le cap du million de passagers par an et s’agrandit
26-12-2005
Cambodge Soir - C’est sous l’auguste regard d’une statue en fer de Suryavarman II, bâtisseur d’Angkor Wat, que les passagers feront leurs premiers pas sur le sol cambodgien, dans le tout nouveau terminal international de l’aéroport de Siem Reap, actuellement en construction. Alors que l’année 2005 s’achève sur une fréquentation record de plus d’un million de passagers (départs et arrivées nationaux et internationaux confondus), 2006 sera marquée par la poursuite de grands travaux d’extension et d’aménagement, à commencer par ceux du nouveau terminal, débutés il y a un an et dont l’inauguration est prévue en juillet.
Le nouvel ensemble uniquement destiné au trafic international, d’une superficie de 12 000 m2, devrait permettre d’accueillir à lui seul 1,5 million de voyageurs. Le bâtiment actuellement destiné aux départs internationaux sera alors consacré exclusivement au trafic domestique, tandis que ceux provisoirement utilisés pour les départs domestiques et les arrivées internationales seront transformés en bureaux ou démontés. L’aéroport comptera donc deux grands ensembles bien distincts, l’un destiné au trafic international, l’autre aux vols domestiques, chacun représentant selon les prévisions de la Société concessionnaire des aéroports (SCA), respectivement 80% et 20% du trafic total.
“Le trafic a augmenté plus que nos prévisions”, explique Norinda Khek, responsable du marketing et de la communication de la SCA, une joint-venture entre le groupe français Vinci et malaisien-khmer Muhhiba, en charge des aéroports de Phnom Penh et Siem Reap. Sur les onze premiers mois de l’année 2005, le nombre de passagers de l’aéroport de Siem Reap a augmenté de plus de 30% par rapport à la même période de 2004, une croissance essentiellement due à une hausse du trafic international : l’aéroport a enregistré une hausse de plus de 23% du nombre de vols internationaux. Les vols domestiques ont en revanche diminué, de nombreux touristes étrangers préférant désormais arriver directement à Siem Reap, sans passer par Phnom Penh. Au début de l’année 2005, au plus fort de la saison touristique, quelque 3 000 à 3 500 passagers transitaient chaque jour par l’aéroport de Siem Reap, selon les données de la SCA.
“Ce nouveau terminal devrait nous permettre d’anticiper la croissance du trafic, selon nos statistiques, affirme Norinda Khek. Nous investissons conformément à nos engagements, en suivant la courbe de trafic, sans quoi nous risquerions d’avoir un aéroport surdimensionné.” Toutefois, si le trafic international continue à croître à un rythme aussi soutenu, la nouvelle aérogare arrivera vite à saturation, d’ici deux à trois ans. “C’est aussi un des avantages de ce nouveau terminal, rétorque le responsable du marketing : des extensions ont été prévues, qui pourraient porter sa capacité d’accueil à deux millions de passagers par an. Sur l’ensemble de l’aéroport, selon nos études, compte tenu de la superficie, on pourra à terme accueillir cinq millions de voyageurs par an.”
Au-delà des seuls bâtiments, se pose le problème de l’accueil des avions eux-mêmes. Aux six zones de stationnements existantes devraient ainsi s’en ajouter deux autres dans le courant de l’année 2006. Quant à la piste, dont l’usure s’accélère, en raison de l’obligation d’atterrir et de décoller d’un seul et même côté, le survol des sites archéologiques d’Angkor étant interdit, elle devrait faire l’objet de travaux de renforcement prochainement. Un projet de mise en place d’un taxi-way, une zone d’attente qui relie le tarmac à la piste, qui permettrait d’améliorer la rotation des vols, est actuellement à l’étude.
Pour l’heure, les 19 millions de dollars d’investissements, financés en partie grâce à des prêts de l’IFC et de Proparco et aux fonds propres de la SCA, devraient permettre de répondre à la hausse du trafic. Ces investissements ne devraient pas être répercutés sur la taxe d’aéroport, actuellement de 25 dollars par passager international, au moins dans un premier temps. La SCA étude toutefois la possibilité d’intégrer cette taxe directement dans le prix du billet d’avion afin de la rendre “indolore”, ou en tout cas moins visible. “C’est ce qui se fait dans certains aéroports, notamment en Europe, où la taxe est bien plus élevée mais ne suscite pas de protestation de la part des voyageurs, souligne Norinda Khek. Nous, nous sommes dans la moyenne.”
Une millionième passagère venue de Grande-Bretagne, via le Viêt-nam
Harriet Crowfard-Turner n’a pas eu le privilège d’arriver à l’aéroport de Siem Reap dans le nouveau terminal international, encore en construction. En revanche, cette jeune Britannique a eu la surprise d’être accueillie jeudi en fin d’après-midi sous les applaudissements du personnel et de la direction de l’aéroport, dès sa sortie d’avion, sur le tarmac, en tant que millionième passagère de l’année. La jeune femme de 24 ans voyageait sur un vol de Vietnam Airlines en provenance de Hô-Chi-Minh Ville. Elle prévoyait de rester cinq jours à Siem Reap avant de repartir pour la Thaïlande. Les représentants de la Société concessionnaire de l’aéroport lui ont remis une peinture sur soie réalisée par les Artisans d’Angkor.
C’est la première fois que le trafic de l’aéroport international de Siem Reap dépasse le cap du million de passagers par an, vols nationaux et internationaux additionnés. Les touristes représentent à eux seuls 95% du trafic, la plupart d’entre eux étant de nationalité coréenne (28%), japonaise (24%) et américaine (8%). Suivent dans de plus faibles proportions Taïwanais, Britanniques et Français.
Laurent Le Gouanvic