PSR invité à dissocier son avenir de celui de Sam Rainsy

Le PSR invité à dissocier son avenir de celui de Sam Rainsy

29-12-2005
Cambodge Soir - Une semaine après la condamnation de Sam Rainsy, les spéculations se multiplient, émanant le plus souvent de ses opposants politiques, sur son avenir politique et plus généralement sur le destin de son parti éponyme, le PSR. Hier, plusieurs hauts responsables de la coalition au pouvoir ont invité le PSR à dissocier son destin de celui de son leader historique, une façon, estiment certains, d’affaiblir la position de Sam Rainsy au sein de son propre parti.

Interrogé hier sur la demande de grâce royale que Sam Rainsy devrait adresser à Norodom Sihamoni cette semaine, le président de l’Assemblée nationale Norodom Ranariddh a ainsi laissé entendre que le parti d’opposition pourrait se choisir prochainement un nouveau président : “En me diffamant et en diffamant le Premier ministre, Sam Rainsy a commis une faute et il doit purger sa peine. S’il choisit de demeurer en France, il ne pourra pas se présenter aux prochaines élections : d’après ce que j’ai entendu, le PSR pourrait se choisir un nouveau président”, a-t-il lancé à la presse. Interrogé sur cette même question, le Premier ministre Hun Sen a estimé qu’une demande de grâce n’avait aucune raison d’être tant que le verdict n’était pas entré en vigueur, soit deux mois après le jugement, et a immédiatement cherché à dissocier l’avenir de l’opposition de celui de Sam Rainsy : “Il y a une différence entre un individu et un parti. Ce n’est pas parce que Hun Sen existe que le PPC existe. Mais si un parti d’opposition est faible au point de s’effondrer si tel ou tel vient à manquer, et bien qu’il s’effondre”.

Au PSR, on assure que le destin du parti est toujours fermement lié à celui de son président. Sam Rithy Duong Hak, directeur du cabinet du parti, assure ainsi que “même si nous n’obtenons pas la grâce du roi et que Sam Rainsy ne peut rentrer au Cambodge, nous continuerons à fonctionner normalement, avec Sam Rainsy comme président, et notre président par intérim qui dirigera le parti d’ici”. Le président par intérim Kong Korm estime de son côté que “tout ce que dit le prince Ranariddh vise à déstabiliser les militants”.

Autre rumeur lancée par un député Funcinpec préférant garder l’anonymat : une fusion du PSR avec d’autres formations de l’opposition qui pourrait conduire, elle aussi, à élire un nouveau chef de file. “Des petits responsables du PSR m’ont dit qu’il était envisagé de dissoudre le PSR à l’occasion d’un grand congrès, afin de créer un nouveau parti avec d’autres formations”, a-t-il déclaré.

Si l’hypothèse d’une fusion des partis d’opposition est dans l’air depuis quelques années déjà, Sut Dina, président du parti du Front khmer, estime que ces informations visent avant tout à fragiliser la position de Sam Rainsy. “J’ai entendu parler de ces petits partis qui veulent fusionner. Mais le fait que ce genre de bruits circulent en ce moment montre surtout que certains profitent des circonstances pour affaiblir la position de Sam Rainsy au sein de sa formation et aux yeux des militants”, explique-t-il. Poussant plus loin son analyse, il redoute que les invitations lancées au PSR de continuer son chemin sans Sam Rainsy ne trouvent un écho favorable au sein même du parti : “Je m’inquiète pour Sam Rainsy qui est bloqué à l’étranger. Deux anciens communistes, le président par intérim du PSR Kong Korm [ancien membre du PPC], et Pen Sovann [ancien président du Conseil dans les années 80, aujourd’hui président du Parti du soutien de la nation], dont j’ai entendu dire qu’il voulait rejoindre le PSR, pourraient profiter des circonstances pour évincer Sam Rainsy”.

Si Kong Korm confirme bien qu’il a un temps été en contact avec Pen Sovann et que leurs points de vue étaient “concordants”, il assure qu’aucune fusion n’est aujourd’hui d’actualité. Quant à Pen Sovann, il n’exclut pas qu’à l’avenir “certains partis fusionnent avec le PSR”.

Leang Delux