Les hommes d’affaires font une entrée remarquée au Sénat
25-01-2006
Cambodge Soir - Elus sur les listes du PPC, de grands noms du monde des affaires vont faire leur entrée au Sénat, sous réserve de la proclamation officielle des résultats. Par la grâce du scrutin indirect proportionnel, Mong Reththy, patron du groupe éponyme, Ly Yong Phat, exploitant de casinos à Koh Kong et O’Smach, Kong Triv, patron entre autres de BAT Cambodge, Lao Mengkhine, Kok Ann, Men Sarun, quitteront une fois de temps en temps leur fauteuil directorial pour siéger à la Chambre haute.
Kong Triv se réjouit par avance de cette nouvelle activité. “Ce n’est pas le pouvoir politique qui m’intéresse, assure-t-il. Ce que je veux, c’est contribuer au développement économique du pays”. Pour lui, les politiciens ont besoin des hommes d’affaires pour mieux appréhender les questions économiques. “Je souhaite faire entendre la voix des investisseurs aux législateurs. Les problèmes économiques sont rarement évoqués par les parlementaires. Je rapporterai aux sénateurs les problèmes que rencontrent les investisseurs. Maintenant, ceux-ci seront plus souvent entendus”, explique Kong Triv. Par ailleurs, le magnat des affaires estime que des gens comme lui sont bien placés pour aider le Sénat dans la nouvelle tâche que lui assigne son mode d’élection : le développement des communes. “Actuellement les conseils communaux ont besoin d’investisseurs pour développer leur commune. On va les aider en fonction de nos possibilités, de nos spécialités”, indique l’homme d’affaires. Aura-t-il suffisamment de temps pour se consacrer à sa nouvelle fonction? Apparemment, cela ne l’inquiète guère : “J’ai demandé à mon secrétaire de me faire des rapports pour préparer le travail. Et puis, le Sénat ne se réunit pas très souvent”.
Pour Khieu Kanharith, ministre de l’Information et porte-parole du PPC, la présence d’hommes d’affaires tels que Kong Triv dans la chambre basse ne peut être que bénéfique, en particulier pour aider au développement des communes. “Autrefois, il y avait une chambre des conseillers du royaume du Cambodge. Aujourd’hui, le Sénat doit jouer ce rôle de conseiller. On a donc besoin des avis des hommes d’affaires”, juge-t-il.
Cependant, certains doutent que ces hommes d’affaires fassent passer l’intérêt général avant leurs propres intérêts dans l’exercice de leur mandat. Kong Korm, président par intérim du PSR, estime même que leur présence au sein du Sénat peut être préjudiciable pour le pays. “Ils ne vont travailler que pour défendre leurs intérêts. Et le peuple risque d’en pâtir. En particulier, les problèmes fonciers vont s’aggraver”, avance-t-il.
Pour Thun Saray, président de l’ONG Adhoc, la présence de ces hommes d’affaires au Sénat serait le fruit des relations d’intérêt qu’ils entretiennent avec le parti qui les a fait élire. En conséquence, il doute que ceux-ci se préoccupent vraiment du sort de la population en général. “Une campagne électorale coûte cher. Les hommes d’affaires ont aidé le parti. En retour, ils attendent quelque chose du parti”, juge Thun Saray. S’il ne conteste pas le droit de ces hommes puissants à siéger au Sénat, il considère que cela doit être contrebalancé par une forte activité des contre-pouvoirs que sont les médias, la société civile ou les forces d’opposition. “Ces hommes d’affaires vont avoir un peu de pouvoir pour défendre leurs intérêts. Il faut faire attention que cela n’aggrave pas les inégalités”, estime-t-il.
Chheang Bopha