Tourisme - Un rapport critique sur la mauvaise gestion de la manne touristique
06-02-2006
Cambodge Soir - La province de Siem Reap a beau avoir reçu plus d’un million de touristes en 2005 et avoir créé 55 000 emplois pour assurer leur accueil, une étude menée par la Jica (coopération japonaise) et l’autorité Apsara depuis 2004 souligne cinq problèmes liés à la mauvaise gestion du tourisme en groupe.
La population locale tire peu de bénéfices économiques de ce tourisme, l’impact sur l’environnement est jugé négatif, la construction de bâtiments dans la ville semble des plus anarchiques, les infrastructures manquent ou sont en mauvais état, les capacités de gestion du développement sont très limitées. Le rapport s’étoffe ainsi d’exemples précis : les touristes en groupe restent pour une durée très courte, dépensent peu d’argent sur place et ne reviennent jamais dans la province; les mauvaises infrastructures limitent l’accès aux sites touristiques plus éloignés dont les habitants pourraient tirer quelques avantages.
“La présence de groupes a des conséquences sur l’environnement mais n’a pas de retombées économiques. Or sans bénéfices, la population n’a pas les moyens de protéger son environnement et sans un environnement sain, les touristes ne reviennent pas à Siem Reap”, décrit le rapport. Un sondage auprès des touristes qui se déplacent individuellement montre qu’ils n’apprécient pas les infrastructures urbaines, ne se sentent pas en sécurité pour se promener la nuit en ville et, pour certains, ne sortent plus de leur hôtel après leur visite des temples. “Cela prouve le grand écart entre le site d’Angkor et le centre-ville qui ne fait pas envie. Le tourisme de qualité ne dure pas si l’environnement de la ville n’est pas bon”, avertit le rapport.
Des propositions ont donc été faites pour résoudre ces problèmes d’ici 2020. Sur les 65 projets de “réhabilitation” jugés nécessaires et évalués à 300 millions de dollars, quinze débuteront cette année, au premier rang desquels la création de nouvelles infrastructures, l’aménagement du système d’eau potable et du réseau électrique, et la formation en ressources humaines. “2020 sera l’année où l’on espère que Siem Reap sera devenue une ville unique en Asie du Sud-Est grâce à son histoire et sa culture. La ville sera un pôle d’attraction pour toute la région”, ambitionne le rapport. Ok Sameth, directeur adjoint de l’autorité Apsara, a participé à l’étude. Il se montre confiant quant à la faisabilité de ces projets et quant à leur prise en compte par le gouvernement et les autorités locales. “Nous avons rédigé le plan de développement de la ville, maintenant c’est à la province de le réaliser”, ajoute-t-il. Les projets prioritaires concernant les égoûts et l’environnement semblent cohérents à Sim Sorn, gouverneur de la province. Il n’attend plus que le feu vert du gouvernement mais affiche une certaine prudence : “Ce plan est écrit sur le papier mais sa réalisation dépend de la réalité sur le terrain, des questions d’argent et de l’intérêt des habitants. On ne pourra pas l’appliquer si on touche à leurs intérêts.”
Chheang Bopha