Le prince Ranariddh n’exclut pas l’idée d’un gouvernement tripartite après 2008
08-02-2006
Cambodge Soir - Si Sam Rainsy souhaitait que son parti participe à un gouvernement de coalition avec le Funcinpec et le PPC après les législatives de 2008, le prince Ranariddh, président du Funcinpec ne s’y opposerait pas. C’est ce qu’a indiqué hier ce dernier à la presse, au lendemain de l’octroi au dirigeant d’opposition d’une grâce royale, sur demande du Premier ministre après que Sam Rainsy lui eut adressé, ainsi qu’au prince Ranariddh, des excuses pour des propos jugés diffamatoires par ceux-ci. “Si nous parvenions à former un gouvernement tripartite, ce serait une bonne chose. Le roi serait content de cela”, a jugé le président de l’Assemblée nationale.
Rappelant que l’idée d’un gouvernement tripartite avait été évoquée au lendemain des élections 2003, le prince Ranariddh a tenu à souligner qu’à ses yeux, c’est Sam Rainsy qui l’avait refusée. Cette idée avait d’abord été avancée par le roi-père Norodom Sihanouk lors d’un sommet sous sa présidence au palais royal les 5 et 6 novembre 2003. “Sam Rainsy a rejeté cette idée tout comme il n’a pas voulu entrer au gouvernement dans le cadre du quota Funcinpec”, a remarqué le prince Ranariddh.
Le président du Funcinpec a cependant insisté sur le partenariat que son parti entretient avec le parti du Premier ministre. “Nous avons élaboré une stratégie commune. Lors de la campagne électorale des législatives, nous nous sommes accordés sur le fait que nos deux partis ne s’attaqueraient pas mutuellement et mettraient en avant les réalisations du gouvernement, comme par exemple la résolution du problème entre le gouvernement et l’opposition”, a noté le président de l’Assemblée. Toutefois, cette entente entre les deux partis de la coalition gouvernementale ne serait pas exclusive. “[Le PPC et le Funcinpec] vont rédiger une plate-forme politique commune avant les élections. Si Monsieur Rainsy veut participer à cette plate-forme, ce serait un bon signe”, a-t-il assuré. Disant se référer au paroles du roi-père Norodom Sihanouk, le prince Ranariddh a jugé qu’un parti d’opposition n’était pas utile au Cambodge. “Il suffit qu’au sein de l’Assemblée, les députés expriment leurs critiques. Au sein du gouvernement, les partis peuvent faire des critiques, dans un sens constructif”, a expliqué le prince Ranariddh. Sam Rainsy, qui devrait rentrer en fin de semaine au Cambodge, a fait savoir depuis Paris qu’il entendait désormais faire de son parti “une force de propositions constructives en renforçant le dialogue avec le gouvernement”, promettant “un PSR assez différent de ce qu’il était il y a un an”.
A plus court terme, le retour de Sam Rainsy sur le devant de la scène politique demande qu’il retrouve pleinement son statut de parlementaire et donc son immunité de député, levée il y un an. Selon le prince Ranariddh, cela ne devrait pas intervenir avant la fin du mois. “Nous devons d’abord recevoir un courrier du ministère de la Justice pour pouvoir rétablir l’immunité de Sam Rainsy, ainsi que celle de Cheam Channy et de Chea Poch. L’Assemblée a levé leur immunité à la demande de la justice. Donc, la justice doit à nouveau intervenir pour que celle-ci leur soit à nouveau accordée. Pour cela, il faudra un vote positif des trois-quarts des députés. Nous pourrions voter cela le jour de la reprise des travaux de l’Assemblée le 26”, a expliqué le président de l’Assemblée. Hier en fin de journée, le ministère de la Justice envoyait déjà une lettre en ce sens à l’Assemblée.
Pour Meng Rita, secrétaire général par intérim du PSR, il est important que les trois élus retrouvent ce statut protégé. “Cela leur donnera la possibilité de servir sans crainte les intérêts de la population et de poursuivre leur lutte contre la corruption et la pauvreté”, estime-t-il.
Leang Delux et Kong Sothanarith