Cambodge: retour de l'opposant Sam Rainsy

Arrivée de leader de l'opposition cambodgienne Sam Rainsy, le 10 février à Phom Penh

vendredi 10 février 2006, 9h07
Cambodge: retour de l'opposant Sam Rainsy


PHNOM PENH (AFP) - Le leader de l'opposition cambodgienne Sam Rainsy, qui s'était exilé il y a un an en France, est rentré vendredi dans son pays à la suite d'une réconciliation spectaculaire avec le Premier ministre Hun Sen qui l'avait poursuivi pour diffamation.
"Je suis très heureux, très ému", a déclaré en français Sam Rainsy, 56 ans, peu après son arrivée à l'aéroport international de Phnom Penh où l'attendaient des milliers de partisans en liesse.

"Je pense que le Cambodge aborde une nouvelle étape de son histoire", a-t-il dit sous les acclamations de la foule qui agitait de petits drapeaux bleus, la couleur du parti de Sam Rainsy, ainsi que l'emblême national. "Une nouvelle page de l'histoire est ouverte aujourd'hui", a-t-il répété. Comme on lui demandait s'il était prêt désormais à travailler avec le Premier ministre, Sam Rainsy a répondu : "Je suis en faveur du dialogue, c'est pourquoi je rencontrerai tout le monde". Y compris Hun Sen? "Bien sûr", a répondu l'opposant. "Je travaillerai avec n'importe qui pour développer le pays", a-t-il dit. "Le conflit avec le Premier ministre est terminé maintenant".

Sam Rainsy a, par ailleurs, nié avoir pris la fuite en février 2005 après avoir perdu son immunité parlementaire. "Je ne me suis pas enfui", a-t-il assuré, ajoutant : "Je devais réorganiser le parti, les forces disponibles à l'intérieur et à l'extérieur du pays". Sam Rainsy avait été condamné le 22 décembre par contumace à 18 mois de prison pour avoir diffamé notamment Hun Sen qu'il avait accusé d'avoir orchestré une attaque à la grenade meurtrière contre un rassemblement de son parti en 1997.

Cette condamnation et une série d'arrestations et de poursuites judiciaires contre des activistes des droits de l'Homme avaient vivement inquiété la communauté internationale qui avait dénoncé des menaces sur les libertés démocratiques au Cambodge, petit royaume d'Asie du Sud-Est ayant connu près de trois décennies de conflits. Dans une lettre rendue publique le 3 février, Sam Rainsy s'était officiellement rétracté en liaison avec les accusations lancées contre le Premier ministre, ce qui avait permis au roi Norodom Sihamoni de le grâcier, à la demande de Hun Sen qui avait également signalé par écrit la fin du "différend".

Vendredi, le porte-parole du gouvernement, Khieu Kanharith, a estimé que le retour de Sam Rainsy était bon pour le pays car l'opposition politique est nécessaire pour lutter contre la corruption. "Le gouvernement n'a pas besoin d'une opposition qui le soutienne tout le temps. Ce qui est important, c'est d'éviter de présenter systématiquement le gouvernement comme un ennemi", a-t-il dit. Thun Saray, président du Comité d'action pour les droits de l'Homme au Cambodge, a jugé que la classe politique cambodgienne était peut-être en train d'atteindre un certain degré de maturité. "Nos leaders doivent se parler au lieu de s'affronter".

Il a estimé qu'en s'excusant publiquement, Sam Rainsy pourrait avoir perdu un peu de sa crédibilité mais qu'il est toujours soutenu par une majorité de son parti.

Dans un entretien avec l'AFP, Hor Namhong, vice-Premier ministre et ministre cambodgien des Affaires étrangères, s'est fait l'écho de "rumeurs" et de "spéculations" sur des risques de scission du parti de Sam Rainsy. "Il s'est un peu déshabillé". Alors que les prochaines élections générales au Cambodge sont prévues en 2008, des commentateurs n'excluent pas un réalignement des partis politiques, alors que les royalistes du Funcinpec, alliés au Parti du Peuple Cambodgien de Hun Sen, auraient perdu du terrain ces dernières années.

"Hun Sen reste le maître du jeu", a conclu un diplomate.

vendredi 10 février 2006, 20h42
Retour au Cambodge du chef de l'opposition Sam Rainsy

PHNOM PENH (AP) - Grâcié dimanche par le roi du Cambodge Norodom Sihamoni, le chef de l'opposition Sam Rainsy, qui était en exil à Paris, a regagné vendredi le Cambodge.

"Je suis très heureux!, a lancé Sam Rainsy à son arrivée à l'aéroport international de Phnom Penh, où plus de 2.000 de ses partisans sont venus l'accueillir. M. Rainsy, ancien ministre des Finances, est parti en exil en février 2005 après la levée de son immunité parlementaire et la menace d'un emprisonnement pour diffamation.

Dans un décret lu dimanche soir à la télévision nationale, le roi du Cambodge affirme avoir accordé son pardon à la demande du Premier ministre Hun Sen, qui était le principal ennemi politique de Sam Rainsy jusqu'à ce que les deux hommes conviennent la semaine dernière de se réconcilier.

L'an dernier, un tribunal cambodgien avait condamné Sam Rainsy par contumace à 18 mois d'emprisonnement pour avoir accusé Hun Sen d'être impliqué dans un attentat meurtrier à la grenade perpétré en 1997. Sam Rainsy a formellement présenté ses excuses à Hun Sen, expliquant qu'il l'avait accusé à tort. Le Premier ministre a accepté en échange de mettre un terme à leur querelle.

Sam Rainsy a expliqué vendredi qu'il souhaitait rencontrer Hun Sen. "La démocratie nécessite que tous les dirigeants parlent ensemble afin de trouver une solution pour la nation, parce que le Cambodge appartient à chacun d'entre nous", a-t-il déclaré.

Le gouvernement, selon un porte-parole, se félicite du retour de Sam Rainsy. "Nous souhaitons avoir un dialogue avec tous les partis politiques cambodgiens", a-t-il dit.

Cambodge: leader de l'opposition Sam Rainsy de retour
02/13/2006 -- 10:46(GMT+7)


Phnom Penh, 13 février (AVI) – Le leader de l'opposition cambodgienne Sam Rainsy est retourné vendredi dernier dans son pays à la suite d’une grâce accordée le 5 février par le roi Norodom Sihamoni pour des accusations de diffamation, à la demande du chef du gouvernement Hun Sen.

Il a déclaré à la presse peu après son arrivée à l'aéroport international de Pochentong que son Parti Sam Rainsy abandonnait la “tactique de confrontation” au Premier ministre Hun Sen et était “en faveur du dialogue” avec le parti au pouvoir, sur la base du principe et de l’idéal démocratique, pour développer le pays.

Sam Rainsy était parti pour la France il y a un an après avoir été privée de son immunité parlementaire. Il avait été condamné par contumace à 18 mois de prison pour avoir diffamé le Premier ministre Hun Sen et le président de l’Assemblée nationale Norodom Ranariddh.

Signe d’une nette détente entre les partis au pouvoir et l’opposition qui selon les observateurs profitera au développement du pays, le président du SRP Sam Rainsy s'est entretenu avec le Premier ministre Hun Sen dimanche, pour la première fois depuis son retour au Cambodge.

Nous nous sommes rencontrés pour échanger des informations et des commentaires parce que je suis désireux d'instituer une nouvelle culture (politique) pour trouver des solutions nationales, a déclaré le leader de l’opposition.

Des officiels de l’opposition ont fait savoir que le chef du gouvernement et le président du SRP projetaient de participer à un défilé pour la paix prévu lundi dans l’ancienne capitale cambodgienne Oudong Mountain. - AVI

L'opposant Sam Rainsy est rentré à Phnom Penh
LE MONDE | 11.02.06 | 15h01 . Mis à jour le 11.02.06 | 15h01
BANGKOK CORRESPONDANT


L'opposant cambodgien Sam Rainsy est rentré à Phnom Penh, vendredi 10 février, mettant ainsi fin à un exil en France qu'il s'était imposé voici un an, après s'être réconcilié - du moins pour le moment - avec le premier ministre Hun Sen.
Ce retour résulte d'un arrangement selon lequel l'opposant, par une lettre à Hun Sen rendue publique le 3 février, a retiré les accusations qu'il avait formulées et qui blâmaient le chef du gouvernement pour une attaque à la grenade, en 1997, contre un rassemblement de sa formation politique, le Parti de la nation khmère (devenu le Parti Sam Rainsy, PSR). Seize militants avaient été tués.

En riposte, Hun Sen avait intenté des poursuites en justice contre l'opposant. En décembre 2005, un tribunal de Phnom Penh avait condamné Sam Rainsy par contumace à 18 mois d'emprisonnement pour calomnie à l'encontre de Hun Sen et du président de l'Assemblée nationale, le prince Norodom Ranariddh, demi-frère du roi Norodom Sihamoni. A la demande de Hun Sen, le souverain a émis un pardon royal annulant la décision de justice.
Ancien ministre des finances (1993-1994), Sam Rainsy avait rompu avec le prince Ranariddh avant les élections législatives de 1998. Ses critiques envers le gouvernement lui avaient valu, en 2003, d'arriver en deuxième position avec 22 % des voix. Mais à l'issue d'une crise politique de onze mois, il avait été exclu de la formation d'un gouvernement.

Sam Rainsy assure aujourd'hui vouloir travailler avec Hun Sen. L'ambassade des Etats-Unis s'est réjouie de "voir les dirigeants du Cambodge engagés dans un dialogue politique constructif". La réconciliation entre Sam Rainsy et Hun Sen témoigne d'une détente relative après plusieurs mois de crispation gouvernementale. Des arrestations et des poursuites judiciaires à l'encontre de militants de droits de l'homme et d'opposants divers avaient amené la communauté internationale à exprimer des craintes publiques sur la poursuite du lent processus de normalisation politique dans lequel est engagé le Cambodge, après la tragédie khmère rouge (1975-1979) et trois décennies de guerre.
Les Nations unies, par la voix de leur représentante Michelle Lee, chargée de l'organisation du procès des anciens dirigeants khmers rouges encore en vie, accusés des violences de masse qui ont coûté la vie à près de deux millions de Cambodgiens, se sont pour leur part déclarées optimistes sur les progrès de la procédure organisée par l'ONU et Phnom Penh. De son côté, le vice-premier ministre Hor Namhong a estimé que c'était désormais "une question de mois".

Francis Deron
Article paru dans l'édition du 12.02.06

De retour, Sam Rainsy prône le dialogueet rencontre le Premier ministre Hun Sen

13-02-2006
Cambodge Soir - Sam Rainsy est arrivé vendredi matin à Phnom Penh, un retour qui consacre l’apaisement de la situation politique après la grâce octroyée par le roi sur demande d’Hun Sen au leader du PSR et au député Cheam Channy, ainsi qu’après la récente libération de plusieurs militants de défense des droits de l’Homme. Hier matin, Hun Sen a reçu en entretien le leader de l’opposition pendant près de trois heures et demie dans sa résidence de Phnom Penh.
“Les hommes politiques doivent renforcer la collaboration entre l’opposition et les partis de gouvernement”, a déclaré le Premier ministre au sujet de cette rencontre. “Nous avons parlé du renforcement de la démocratie au Cambodge, des problèmes fonciers, de la corruption”, a expliqué Sam Rainsy, qui a précisé que “cette rencontre ne serait pas la dernière.” Les deux hommes doivent en outre assister aujourd’hui ensemble à l’arrivée à Oudong de la marche en faveur de la liberté d’expres​sion(lire ci-contre).
Trois jours avant, lors du retour de Sam Rainsy, Norodom Ranariddh, président de l’Assemblée nationale et leader du Funcinpec, avait déclaré avoir reçu en audience l’ambassadeur des Etats-Unis, qui lui aurait fait part du souhait du PSR d’intégrer la coalition gouvernementale et le Comité national électoral (CNE). Le prince précisait que c’était au Premier ministre et au PPC, parti majoritaire au parlement, de trancher. L’ambassadeur américain, Joseph A. Mussomeli, a cependant précisé plus tard que la requête présentée concernait simplement le CNE et les commissions parlementaires, et non le gouvernement. Il a néanmoins ajouté que “cela peut être une bonne solution, une solution temporaire, qui permettra l’apaisement” (lire aussi page 9). Pour Khieu Kanharith, porte-parole du gouvernement et du PPC, “l’esprit de formation d’un gouvernement tripartite est mort les 5 et 6 novembre 2003”, en référence à la proposition d’alors du roi-père de mettre sur pied cette coalition, option déclinée finalement par le PSR. “S’agissant des autres souhaits, les deux partis au pouvoir vont se consulter”, a précisé Khieu Kanharith, estimant à titre personnel qu’il serait normal “en cette période de réconciliation” que des gens du PSR rejoignent le CNE et les commissions.

Peu de temps avant l’annonce du prince Ranariddh, Sam Rainsy, qui avait quitté le Cambodge il y a un an pour la France, avait atterri à l’aéroport de Pochentong où il a déclaré : “Je suis très heureux et très ému. Je pense que le Cambodge aborde une nouvelle page de son histoire.” Interrogé sur les plaintes déposées en France et aux Etats-Unis contre Hun Sen pour l’attentat à la grenade de 1997 contre une manifestation, la figure de proue de l’opposition s’est voulue catégorique : “Tout cela, c’est fini. Ce qui est important maintenant c’est de construire le pays ensemble pour que les jeunes générations aient un bon avenir.”

Le président du PSR s’est ensuite rendu au siège de sa formation, accompagné d’un millier de supporters enthousiastes. Depuis une tribune, il leur a assuré que “le PSR conserve son âme et ses positions.” “Peut-être vous demandez-vous pourquoi la situation s’est-elle adoucie aussi vite?”, a-t-il lancé. “Notre position ne varie pas, mais ce qui change, c’est la manière”, a-t-il expliqué. “Ce que je vous dis, c’est qu’afin d’assurer la sécurité et la liberté de nos militants et du peuple cambodgien, j’ai décidé d’adoucir mon comportement”, a plaidé Sam Rainsy. Assurant qu’il “n’oubliait rien”, il a néanmoins annoncé qu’il “voulait cesser la rancune.” Avec des accents lyriques, il a prédit la création d’“une culture nouvelle” dans le pays. “Ce jour va rentrer dans l’histoire. C’est le jour où les politiciens de toutes tendances se parlent, cessent de se considérer comme des ennemis mais comme des partenaires, pour servir ensemble la nation.”

“Quand on n’a pas de pouvoir, même si on veut aider les pauvres, on est cantonné à l’opposition, et comment peut-on agir? Si je ne parle pas au Premier ministre, comment puis-je résoudre les problèmes?”, s’est-il interrogé. “Ne m’accusez pas de m’adoucir pour obtenir de l’argent et des biens matériels”, a-t-il lancé. “J’ai choisi d’avaler des couleuvres pour avoir la possibilité d’être utile.” “Il n’y a pas d’autre voie”, a-t-il martelé. “Le passé, les conflits sont mis de côté. On doit être flexibles, savoir attendre et voir ce que l’on gagne à ce que Rainsy s’assouplisse”, a-t-il conclu.

Samedi, le président du PSR a rendu visite aux commerçants du marché O’Russey, ainsi qu’aux familles de villageois victimes d’expulsions qui campent près du Vat Botum. Devant ces dernières, il a assuré qu’Hun Sen lui avait demandé par téléphone “de l’aider à dresser des rapports sur la condition du peuple”, car “son personnel administratif a établi de faux rapports.” Le Premier ministre avait récemment reproché à certains fonctionnaires de fausser des documents, et demandé en retour que soient mieux écoutées la société civile et l’opposition. “Je vais recueillir les données, et les envoyer à Hun Sen. Voilà un des résultats de la réconciliation. Les gagnants, ce sont le peuple et la nation”, a déclaré Sam Rainsy.

Leang Delux et Samuel Bartholin