Sam Rainsy prêt à prendre la tête d’une seule commission

Sam Rainsy prêt à prendre la tête d’une seule commission, mais pose ses conditions

27-02-2006
Cambodge Soir - Sam Rainsy joue la carte de la conciliation avec le Funcinpec. Il a annoncé en fin de semaine au prince Ranariddh que le PSR céderait l’une des deux présidences de commissions parlementaires que le Premier ministre souhaitait lui voir attribuer au Funcinpec. En effet, Norodom Ranariddh n’avait pas vu d’un bon œil la décision de Hun Sen de revoir la répartition des postes de présidence et de vice-présidence des commissions parlementaires entre les trois partis représentés à l’Assemblée, et l’a fait savoir. A la faveur de la détente du climat politique et d’un rapprochement entre Hun Sen et son ennemi politique d’hier Sam Rainsy, le chef du gouvernement avait demandé jeudi au président de l’hémicycle d’attribuer au PSR deux postes de président et deux de vice-président, jusque-là occupés par des Funcinpec.

Pour défendre ses acquis, le prince Ranariddh a brandi le protocole d’accord signé le 30 juin 2004 entre son parti et le PPC. Ce texte, a-t-il rappelé, stipule que sur les neuf commissions parlementaires existantes, le PPC hérite de la présidence de cinq, le Funcinpec de trois et le PSR d’une seule. Mais le parti d’opposition ayant boycotté le vote simultané nommant Premier ministre et président de l’Assemblée avec un seul bulletin, il a été privé de sa présidence qui a été offerte au Funcinpec. “Je ne peux que réclamer l’application du protocole d’accord de coopération entre PPC et Funcinpec, en tant que signataire de cet accord”, a fait valoir le prince dans son courrier à Hun Sen, suggérant vouloir renoncer à une seule présidence.

Si Sam Rainsy accepte de faire cette concession, il y met des conditions. Il demande ainsi au prince de modifier la composition des commissions de sorte que son parti obtienne un poste de président, deux postes de vice-président, deux postes de secrétaire et qu’il soit également représenté par deux membres dans chacune des neuf commissions. Dans son courrier adressé au prince Ranariddh, Sam Rainsy fait part de sa déception en découvrant la teneur de la requête déposée par le prince auprès de Hun Sen. “Cette lettre montre que le prince n’est pas animé par cette volonté d’œuvrer pour la réconciliation nationale et pour le renforcement du processus démocratique dans le domaine législatif et qu’il ne respecte pas la volonté du peuple telle qu’elle s’est exprimée lors des élections de 2003.”

Kéo Rémy, député d’opposition, disait ce week-end avoir accueilli favorablement la proposition de Hun Sen, qui traduit selon lui la réalité des résultats sortis des urnes en 2003, et défavorablement celle du prince Ranariddh qu’il juge s’appuyer uniquement sur la base d’un accord politique. Et le parlementaire d’improviser une petite leçon de mathématiques en donnant le nombre, à la virgule près, de commissions revenant à chaque parti proportionnellement à la part des suffrages que chacun a obtenus : “Le PPC en obtient 5,1, le Funcinpec 1,9 et le PSR 1,7”. Le député du PSR appelle par conséquent à une clarification du mode de comptage afin que les prochaines élections ne donnent pas à nouveau lieu à ce genre de litige. Un avis que partage Kul Panha, directeur de l’organisation d’observation électorale Comfrel. “Il ne s’agit pas de partager les pouvoirs en fonction de la bonne ou de la mauvaise humeur des hommes politiques. Il faut qu’une procédure précise soit définie à ce sujet et intégrée au règlement intérieur de l’Assemblée nationale”, conseille Kul Panha, pour qui l’opposition doit posséder une certaine marge de manœuvre qui lui permette de jouer le rôle qui lui revient, à savoir contrebalancer le pouvoir du gouvernement.

Ky Soklim