Sam Rainsy, Cheam Channy et Chea Poch retrouvent leur immunité
01-03-2006
Cambodge Soir - A la quasi-unanimité sinon à l’unanimité des 116 députés présents, Sam Rainsy, Cheam Channy et Chea Pok ont retrouvé hier leur immunité parlementaire lors de la reprise des travaux de l’Assemblée. Cette immunité leur avait été retirée il y a un an à la demande de la justice, Sam Rainsy et Chea Poch faisant l’objet de plaintes pour diffamation déposées par le Premier ministre, le président de l’Assemblée nationale et le Funcinpec tandis que Cheam Channy était accusé par la cour militaire de constitution de forces armées illégales visant à renverser le gouvernement.
Après avoir été condamnés pour deux d’entre eux - Cheam Channy à 7 ans de prison en août, Sam Rainsy à 18 mois en décembre -, après avoir sollicité le pardon pour leurs propos ou actes puis finalement avoir été graciés par le roi à la demande du Premier ministre, les trois députés d’opposition retrouvent toutes leurs prérogatives, au nom de “l’unité nationale” et de la réconciliation. “Je suis très ému de revenir à ma place et de retrouver le siège que j’occupais, a déclaré Sam Rainsy, qui, avant l’ouverture des débats avait discuté longuement avec le Premier ministre Hun Sen devant l’hémicycle. “Je n’oublie pas de remercier le roi qui a signé le krêt royal de grâce et je remercie également les députés des trois partis, qui par leur vote d’aujourd’hui, reconnaissent ma qualité de parlementaire, tout comme celle de Cheam Channy et de Chea Pok. L’Assemblée s’est conformée à l’esprit d’union nationale et de réconcilation.”
Notant que les trois partis représentés à l’Assemblée avaient également voté en faveur des candidats proposés par le gouvernement pour remplacer deux secrétaires d’Etat, le Premier ministre a estimé que ce mardi avait été “un très bon jour dans l’Histoire de la marche du pays vers la démocratie”. “Vous avez vu ce qui s’est passé aujourd’hui dans l’hémicycle à propos de la restitution de l’immunité parlementaire aux trois élus. Vous avez aussi remarqué que les députés d’opposition ont voté pour les candidats du gouverment aux postes de secrétaires d’Etat. Il n’y a pas seulement eu les votes en leur faveur du PPC et du Funcinpec. C’est un événement historique que l’on doit garder en tête”, a commenté le Premier ministre, estimant qu’il avait besoin d’un tel climat “pour toujours”. “Je pense que le PPC, le Funcinpec, le PSR vont continuer sur cette voie et je suis très content que les trois partis agissent ainsi en faveur de la démocratie et de l’union nationale”, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre a indiqué que, jeudi, l’Assemblée nationale examinerait l’amendement constitutionnel, abaissant la majorité requise pour qu’un nouveau gouvernement obtienne la confiance de l’Assemblée. Actuellement, il faut le soutien des deux tiers des députés pour qu’un gouvernement bénéficie de la confiance de l’Assemblée. Si l’amendement constitutionnel, proposé par le PSR et auquel deux partis de la coalition se sont ralliés, est adopté, il suffira que l’exécutif dispose de la majotité absolue. Pour Hun Sen, l’adoption de cet amendement ne devrait pas rencontrer de difficultés. “Parce que, ce jour-là, les trois partis vont s’entendre”, a-t-il estimé.
L’examen de cet amendement aura lieu le jour de l’ouverture de la réunion du Groupe consultatif des pays donateurs (CG), qui doit déterminer le montant de l’aide que ceux-ci sont disposés à accorder au Cambodge. Ceux qui pensent que le gouvernement fait montre de souplesse seulement pour faire plaisir aux donateurs à la veille du CG se trompent, a assuré le Premier ministre. “Nous faisons cela pour répondre aux besoins du peuple. Si ce que nous faisons répond aux besoins du peuple et si cela est applaudi par les pays qui veulent nous aider, alors ceux-ci peuvent éventuellement nous donner des aides supplémentaires. Cela sera applaudi par le peuple”, a-t-il noté.
Les journalistes n’ont pu recueillir les commentaires du prince Ranariddh, président de l’Assemblée et du Funcinpec, sur cette session quelque peu inhabituelle. Il n’a pas attendu la fin de la réunion pour quitter l’Assemblée.
Leang Delux