La majorité absolue pour le vote de confiance adoptée par l’Assemblée
03-03-2006
Cambodge Soir - Par 96 voix sur 97 présents, les députés ont adopté les amendements à la Constitution permettant l’abaissement de la majorité requise pour le vote de confiance au gouvernement des deux tiers à la majorité absolue. Cette modification de la Constitution avait été proposée au Premier ministre par le dirigeant d’opposition Sam Rainsy. Fort logiquement, Sam Rainsy s’est réjoui de l’adoption de ces amendements. “Nous avons proposé cette modification pour trois raisons. D’abord pour éviter une crise politique après les législatives.
Deuxièmement, parce que cela marque une nouvelle avancée sur le chemin de la démocratie même si cela ne suffit pas pour que le pays se développe. Il faut entre autres pour cela que les trois pouvoirs - exécutif, législatif et judiciaire - soient véritablement indépendants les uns des autres. Enfin, cela permettra qu’après 2008 un seul parti soit responsable de la conduite des affaires gouvernementales, évitant ainsi la création de postes inutiles au sein du gouvernement et la corruption que cela engendre”, a commenté le chef de l’opposition parlementaire. Sur les bancs du Funcinpec, si l’on indiquait être favorable à cette modification, on semblait cependant regretter la formule précédente. “Par le passé, on a dit que la majorité des deux tiers était un atout pour la démocratie car cela permettait de rassembler le pays. Maintenant, on nous dit que la majorité de 50+1, c’est aussi bon pour la démocratie. Je ne comprends pas très bien”, a ainsi remarqué le député Monh Saphan. Ly Thuch, également député du parti du prince Ranariddh, le président de l’Assemblée, est intervenu pour dire combien à ses yeux la majorité des deux tiers avait apporté au pays. “Cette majorité des deux tiers a permis l’union entre le Funcinpec et le PPC. Ce système a permis de réduire la pauvreté et la mortalité infantile ainsi que d’améliorer le système éducatif. Il ne faut pas renier la majorité des deux tiers”, a-t-il lancé.
Tout en notant que cette formule des deux tiers était en vigueur dans de nombreux pays démocratiques, Sok An, ministre du Conseil des ministres qui a présenté cette modification au nom du gouvernement, a estimé que celle-ci allait renforcer la Constitution. “Les crises [post-électorales] ont montré que notre Constitution était fragile. Cette réforme ne peut que la renforcer”, a-t-il argumenté. De plus, à ses yeux, le contexte s’y prête. “On avait accepté ce système d’une majorité des deux tiers dans un contexte particulier. Aujourd’hui, la situation générale s’est améliorée. Nous pouvons passer à une autre étape afin d’éviter les crises post-électorales”, a remarqué Sok An. Enfin, le vice-Premier ministre a insisté sur le fait que le Premier ministre Hun Sen, en acceptant ce changement de règle du jeu, prenait sa part de risque, puisqu’il peut échoué à réunir la majorité désormais requise pour rester chef du gouvernement.
Hun Sen, qui assistait à l’ouverture de la réunion du Groupe consultatif des pays donateurs, n’a pas manqué de commenter devant la presse l’adoption de cet amendement. “J’entends des commentateurs dire que cette modification va permettre au PPC de gouverner seul en abandonnant le Funcinpec. Je tiens à dire que ce n’est pas le but du PPC et que la coalition Funcinpec-PPC va continuer. Si nous formions maintenant un gouvernement 100% PPC, alors le PPC serait un parti sans vertu”, a-t-il déclaré. Et pour lui, ceux qui spéculent sur la création d’une alliance entre le PPC et le PSR pour former un gouvernement se trompent. “Si cela doit se passer, cela ne sera pas avant 2008”, a-t-il insisté. “Et qu’adviendrait-il si le prince Ranariddh décidait de quitter le gouvernement?”, lui a-t-on demandé. “Je ne crois pas que Samdech Krom Preah fera ce choix. S’il le faisait, ce serait dangereux pour lui car de nombreux membres du Funcinpec veulent être vice-Premier ministre ou ministre. Mais si certains de ses partisans voulaient rejoindre le PPC, alors je serais prêt à les prendre tous”, a répondu Hun Sen.
Si la coalition Funcinpec-PPC est donc annoncée pour durer, elle va connaître dans l’immédiat quelques changements. Ainsi, le Premier ministre a annoncé qu’il avait demandé au prince Sirivudh et à Nhiek Bun Chhay, respectivement co-ministre de l’Intérieur et co-ministre de la Défense, de quitter ces fonctions, tout en restant vice-Premiers ministres. Pour lui, le système des co-ministres est mauvais car il entraîne une lourdeur dans le fonctionnement de ces ministères. Enfin, il a indiqué que le système de quotas pour répartir les postes dans l’administration entre les deux partis de la coalition gouvernementale, était désormais terminé, en dessous de la fonction de directeur général dans l’administration centrale et de gouverneurs dans l’administration provinciale. “Il n’y a plus de fonctionnaires PPC ou Funcinpec. Il n’y a plus que des fonctionnaires du gouvernement. Nous allons garder ceux qui sont compétents. Aux autres, nous proposerons des stages de perfectionnement”, a expliqué le chef du gouvernement.
Leang Delux
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