Hun Sen livre son analyse des failles des régimes qui l’ont précédé
28-04-2006
Cambodge Soir - Après avoir observé deux jours de trêve dans ses critiques contre des responsables politiques du passé et du présent, le Premier ministre est revenu à la charge jeudi lors de l'inauguration d'une pagode dans la province de Kandal, en livrant son analyse des malheurs du royaume au cours des décennies passées. “C'est de leur faute [celle des anciens responsables] s'il y a eu des massacres et si le pays s'est appauvri”, a-t-il déclaré. “Certains estiment que c'est à cause d'un tel ou d'un tel qui les a renversés lors d'un coup d'Etat. Mais il faut voir les choses en face : si ces dirigeants étaient si forts, ils n'auraient pas été renversés. Un homme en bonne santé n'est pas contaminé par la maladie”.
Afin d'illustrer ses propos, Hun Sen a évoqué deux épisodes historiques, celui de la perte de la Cochinchine et celui du régime khmer rouge. “Par le passé, nos voisins n'étaient pas aussi forts [qu'aujourd'hui]. Mais à force de nous entre-déchirer, notre territoire a rétréci”, a-t-il déclaré en faisant référence au mariage du roi Chey Chétha II (1618-1628) avec une viêtnamienne. Ayant passé une alliance avec la cour de Hué pour contrer les visées expansionnistes thaïlandaises, Chey Chétha II avait autorisé les Viêtnamiens à fonder des établissements dans la province de Prey Nokor (l'actuelle Hô Chi-Minh-Ville), ce qui avait progressivement conduit à la colonisation de cette région. “S'ils étaient si forts, ils n'avaient qu'à récupérer ces terres par eux-mêmes au lieu d'en faire porter la responsabilité à un enfant de la nouvelle génération”, a-t-il poursuivi dans une allusion à peine voilée à sa gestion du problème frontalier avec le Viêt-nam.
Après avoir critiqué il y a trois jours des membres de la famille royale à travers deux contes sur la jalousie et l'ambition, le Premier ministre est revenu à la charge en estimant que ces deux défauts étaient source d'erreurs politiques. “Les erreurs politiques sont très dangereuses. On peut dire que Pol Pot n'a pas commis d'erreurs politiques [en amont], mais plutôt dans l'application [de son projet]”, a-t-il estimé.
Selon Koul Panha, directeur exécutif de Comfrel, le Premier ministre cherche, à travers son analyse de l'histoire récente du Cambodge, à démontrer la solidité de son régime qui aurait tiré les conclusions des “erreurs” commises selon lui par les régimes passés.
Kong Sothanarith