Politique - La hiérarchie bouddhique devrait autoriser les bonzes à voter
02-05-2006
Cambodge Soir - Lors des précédentes consultations électorales, la question du droit de vote des bonzes avait été l'objet de controverses. Avant les dernières législatives, le vénérable Tep Vong, supérieur de l'ordre Mohanikay, avait demandé aux moines de ne pas voter au nom de l'“impartialité” des religieux. Certains avaient estimé que cela violait le droit de tout Cambodgien, garanti par la constitution, de voter. Ce débat pourrait bientôt ne plus être d'actualité. Le vénérable Tep Vong devrait bientôt réunir une vingtaine de dirigeants du bouddhisme cambodgien pour parvenir à une position commune sur ce point.
“Les responsables des deux ordres vont se réunir pour en parler et je pense que cela débouchera sur l'autorisation pour les bonzes à s'exprimer lors des élections. Les religieux chrétiens ou musulmans peuvent voter. Pourquoi pas les moines bouddhistes?”, a indiqué hier Chhœung Bunchhea, chef de cabinet du vénérable Tep Vong. “Les informations concernant ce débat ont déjà été transmises à tous les responsables et nous espérons trouver un accord unanime”, a-t-il ajouté. Revenant sur la décision antérieure du vénérable de ne pas permettre aux moines de déposer leur bulletin dans l'urne, Chœung Bunchhea rappelle qu'à l'époque “Samdach Sang [le roi des bonzes] n'avait pas souhaité que les bonzes se mêlent de politique”. “Mais maintenant, la participation des bonzes va enrichir la vie démocratique et ils pourront choisir le parti qui est à leurs yeux le plus capable de développer le pays”, a noté le conseiller.
Kul Panha, directeur exécutif de l'ONG d'observation électorale Comfrel, estime que le droit pour les bonzes d'aller voter est une chose “très importante pour le processus démocratique”. “Personne n'a le droit de priver quiconque d'aller voter car c'est en contradiction avec la constitution. C'est une bonne chose d'autoriser les bonzes à voter. Le vénérable Tep Vong devrait en plus les encourager à faire respecter leurs droits de citoyen”, juge Kul Panha. Au PSR, on se félicite, pour les mêmes raisons, de cette nouvelle orientation. “C'est une bonne décision puisque tous les citoyens, y compris le roi, ont le droit de vote et de choisir le parti de leur préférence pour diriger le pays”, remarque le député Kéo Remy. Tep Nitha, secrétaire général du Comité national électoral, approuve également ce droit donné aux bonzes d'aller voter. Le pays compte aujourd'hui environ 60 000 bonzes.
Kong Sothanarith