PME et transporteurs répercutent la hausse des prix du pétrole
21-06-2006
Cambodge Soir - L’association de transport terrestre des marchandises du Cambodge (ATTMC) et celle des petites et moyennes entreprises de Phnom Penh (APMEP) ont décidé de répercuter la hausse du prix du pétrole sur le prix de leurs services. Hier, l’une des stations-service de la capitale affichait des prix à la pompe de 4 150 riels pour un litre d’essence ordinaire et de 4 200 riels pour l’équivalent de Super.
Pour Heng Heang, président de l’APMEP, les entreprises n’ont d’autres choix que celui d’augmenter leurs tarifs, en raison de la hausse des coûts de production causée par celle du pétrole. “Sans augmenter les prix, les PME feraient faillite”, affirme le président. “Nous ne nous plaignons pas : comme l’a annoncé le gouvernement, la hausse du prix de l’essence est due au contexte international”, explique-t-il, fataliste.
Les membres de l’ATTMC ont quant à eux décidé d’augmenter le prix du mazout de 10%. “Les clients n’ont pas protesté. Ils savent tous que le prix du pétrole connaît une hausse exceptionnelle”, fait savoir Son Molyna, membre de l’ATTMC. Cette hausse est loin d’être la première : en un an, le prix du mazout aurait doublé, passant de 0,39 à 0,79 dollar par litre, ajoute Son Molyna.
Ces hausses successives portent préjudice en bout de chaîne aux consommateurs, estime l’économiste Hout Pum, professeur à l’Université royale de droit et de sciences économiques (URDSE). “C’est comme une vague dans le fleuve : ceux qui se sont très près du début de la vague sont peu touchés. Par contre, ceux qui se trouvent sur la rive sont frappés bien plus fort”, explique-t-il. Mais les solutions semblent limitées : le gouvernement ne peut pas réduire les taxes qu’il prélève sur le carburant, puisqu’il en tire l’essentiel de ses ressources, affirme le professeur, selon qui l’Etat perçoit chaque année entre 60 et 80 millions de dollars de taxes sur l’essence. “Dans certains pays, le gouvernement peut se permettre de réduire les taxes sur le carburant, car l’Etat est riche et ne dépend pas uniquement de ces taxes. Au Cambodge, c’est l’inverse”, note-t-il.
Sok Kong, président de la compagnie pétrolière Sokimex, pense lui aussi qu’il sera difficile de réduire ces taxes : “Le Cambodge n’a pas d’argent. On ne peut donc pas le faire”. Mais la différence du prix à la pompe au Cambodge par rapport à celui affiché au Viêt-nam, où les taxes d’importation sur le pétrole ont été supprimées, encourage la contrebande, qui aurait déjà fait chuter de 10% les ventes de Sokimex, selon Sok Kong.
Yim Sovann, député PSR et président de la commission de lutte anti-corruption estime pour sa part que le gouvernement devrait réagir, cette inflation ayant un impact direct sur le niveau de vie de la population et la croissance économique. Il souhaite que le gouvernement réduise les taxes et que les compagnies pétrolières diminuent leurs marges bénéficiaires. Dans un même temps, prône le député, il faudrait lutter activement contre la contrebande, ce qui permettrait à l’Etat de récupérer le montant perdu par la baisse des taxes. Le gouvernement a toutefois rappelé à plusieurs reprises qu’il refusait de réduire les taxes.
Selon l’Institut économique du Cambodge, le royaume importe 800 millions de dollars de carburant, contrebande incluse.
Ky Soklim