Mondial 2006 - Les ventes de télé profitent du Mondial
28-06-2006
Cambodge Soir - “Au Cambodge, c'est comme partout ailleurs : il y a une passion pour le Mondial de foot”, constate Neup Chanthavy, manager d'un magasin d'équipement Hi-Fi et télévision au centre commercial Sorya. “Vous avez-vu? Il y a même quelqu'un qui s'est suicidé dans une boutique de Cambosix après avoir perdu son argent”, poursuit-il, se fiant davantage à la thèse colportée par la rue qu'à celle de la police, qui semble avoir échoué à convaincre qu'il s'agissait d'un geste désespéré sans rapport avec les paris.
S'il déplore ces dérives extrêmes, l'engouement pour la compétition sportive a très largement profité à son commerce. “Les ventes se sont multipliées une semaine avant le début de la compétition”, remarque Chanthavy. La clientèle de ce magasin plutôt haut-de-gamme : des familles issues de la nouvelle bourgeoisie de Phnom Penh, soucieuses de s'offrir le meilleur en terme d'équipement de loisir. “Beaucoup de gens se sont tournés vers les écrans plats, avec une qualité d'image de très haute définition”, assure-t-il. Désignant un modèle coûtant 2 000 dollars, le responsable explique en avoir vendu douze en une semaine, contre deux ou trois en période normale.
Dans les boutiques plus anodines entourant le marché central, on se félicite aussi de la bonne influence du football sur les ventes de téléviseurs. “Les gens veulent regarder les matches, et ils sont prêts à dépenser de l'argent pour ça”, explique Ly Heng Long, vendeur dans un magasin où le matériel de première ou de seconde main est soigneusement empilé du sol au plafond. Ici, la clientèle est plus modeste qu'au Sorya, et la plupart des postes vendus s'écoulent pour environ 150 dollars. “D'ordinaire, en une semaine, je vends une dizaine de téléviseurs. La première semaine du mondial, j'en ai écoulé près du double”, explique-t-il.
Un intérêt pour le ballon rond qui profite au diffuseur des matches au Cambodge, TV5. La chaîne des forces armées admet - sans rentrer dans le détail - avoir acheté très cher les droits aux médias thaïs détenteurs de la licence, justifiant ainsi la présence envahissante d'écrans pub au milieu des rencontres. Mais en s'offrant le Mondial, elle s'assure d'un taux d'audience garanti dans les foyers. “Les chefs de famille sont surtout les pères ou les frères, qui ont besoin de regarder le Mondial”, explique le responsable des programmes Seng Kadeka. Pour tempérer cette assertion quelque peu machiste, il s'empresse d'ajouter : “On remarque toutefois que de nombreuses femmes prennent plaisir à regarder les matches durant cette Coupe du monde.” Il vaudrait de toute façon mieux pour ces dames, car “à l'heure des matches, rien ne peut venir concurrencer le foot.” Enfin, confirmant la bonne opération des vendeurs de télé, il constate en passant que “les gens aisés se sont achetés une seconde télévision pour éviter tout problème pendant un mois.”
Selon Seng Kadeka, 80 à 90% des téléspectateurs amateurs de foot au Cambodge regardent la compétition sur TV5, le reste, ayant accès au réseau cablé, se tournant de préférence vers les chaînes thaïlandaises.
Samuel Bartholin et Nhim Sophal