Hun Sen : rien pour les paysans venant à Phnom Penh demander de l'aide
30-06-2006
Cambodge Soir - Les paysans qui viennent des provinces pour réclamer à Phnom Penh des aides ne sont pas des nécessiteux donc pas question de leur donner quoi que ce soit. S'exprimant ce jeudi lors d'une remise de diplômes, le Premier ministre Hun Sen s'est montré catégorique. Selon lui, ceux et celles qui campent sous les tamarins près du Palais royal en attendant de recevoir un soutien matériel ne sont pas de “vrais pauvres”. “Les vrais démunis ne sont pas ici, à Phnom Penh. Ils sont dans les provinces”, a jugé Hun Sen pour qui ceux qui se retrouvent dans la capitale y sont venus parce que poussés par un parti politique.
“Les vraies victimes [de catastrophes naturelles] ne peuvent pas venir ici. Dans le passé, certains nous ont dit être originaires de la province de Banteay Mencheay. Mais quand on les a mis dans un camion pour les ramener chez eux, certains sont descendus dans la province de Kompong Chhnang, d'autres près du pont Monivong ou à Kien Svay”, a argumenté le Premier ministre. Pour lui, le responsable de ces arrivées dans la capitale est le PSR. “La situation au Cambodge n'est pas la même qu'en Somalie ou au Soudan, en Afrique. Ici nous ne laissons personne mourir de faim”, a poursuivi le Premier ministre. “Si on donne quelque chose, les mêmes personnes reviendront”, a-t-il tranché.
Affichant diverses raisons, en général liées à des litiges fonciers, plusieurs centaines de personnes sont venues depuis le début de l'année demander de l'aide aux députés ou au gouvernement en s'installant devant le wat Botum. Les responsables de l'opposition les aident à trouver des soutiens.
Thun Saray, président de l'ONG de défense de droits de l'Homme Adhoc a vivement critiqué les propos du Premier ministre, les jugeant “déraisonnables” dans la bouche d'un dirigeant. “Il devrait comprendre tous les aspects du problème. C'est la faim qui pousse le loup hors de la forêt. Chacun a son amour-propre et personne ne veut se couvrir de honte. Si les gens avaient à manger, ils ne viendraient pas réclamer. Dans ces groupes, il y a très peu de tricheurs”, estime le responsable de l'ONG. Selon lui, la source du problème se trouve dans l'appropriation de milliers d'hectares de terres par une poignée d'habitants. “Les ressources naturelles ne sont pas réparties de manière équitable. Ceux qui n'ont aucune parcelle de terre ou un parcelle de moins d'un demi hectare représentent 25% des paysans. Si le gouvernement ignore cela, alors il ne pourra pas réduire la pauvreté”, estime Thun Saray.
Ho Vann, député de Phnom Penh du PSR, considère également que si ces gens n'avaient pas de problèmes, alors “ils ne viendraient pas dormir sous les arbres”. “C'est de la responsabilité du gouvernement et de la Croix-rouge d'aider ces gens mais ils ne font rien. Il n'y a que le Palais royal, des ONG et notre parti qui leur donnent quelque chose”, déplore le député d'opposition.