Qu'ils perdent ou qu'ils gagnent, les Bleus cauchemar des parieurs
04-07-2006
Cambodge Soir - Match après match, l'équipe de France se transforme en un cauchemar indéchiffrable pour les parieurs du royaume, un mauvais rêve ruineux qui a atteint son acmé lors de la victoire, inattendue pour beaucoup, des Bleus contre le Brésil. Cette rencontre restera comme un jour noir pour les parieurs, qui ont enregistré leurs plus grandes pertes depuis le début de la compétition. Samedi matin, ils étaient rares à se présenter chez Cambo Six pour récupérer leurs gains, et les bookmakers se frottaient les mains.
Sophal, serveur dans un célèbre bar de nuit de Phnom Penh, a perdu près de 250 dollars, soit cinq mois de salaires, depuis le début de la compétition. Et il doit la majeure partie de ses pertes au parcours, inattendu pour lui, des Bleus. Lors des deux premiers matches, il avait misé sur une victoire de la France, qui n'a glané que deux matches nuls. Quelque peu ébranlé dans ses certitudes, il a préféré ne pas parier sur le troisième match de poule contre le Togo. Mal lui en a pris puisque la France a gagné là sa première rencontre. Il a ensuite parié deux fois sur une défaite des Bleus face à l'Espagne puis contre le Brésil, pour deux nouvelles déconvenues. La mine fermée, il avoue ne rien comprendre au comportement des Bleus qui “jouaient pourtant si mal au début de la Coupe du monde”.
Seila, lycéen, a perdu 50 dollars sur le match France-Brésil. Comme beaucoup, il avait gagné de fortes sommes depuis le début du tournoi en faisant confiance à l'équipe du Brésil, composée des “meilleurs joueurs du monde”. Il n'a pas non plus oublié le parcours calamiteux des Bleus en 2002, qui avait causé la ruine de nombreux parieurs. “Je pensais qu'ils allaient reproduire le modèle de 2002, mais ils ont reproduit celui de 1998”, résume-t-il, dépité. Le handicap d'un demi but accordé par les bookmakers à la France n'était pas suffisant pour refroidir ses ardeurs, “car le Brésil a marqué à chaque fois plus d'un but dans ses précédents matches”.
Soklim, journaliste francophone, n'a pas suivi son cœur et a perdu 15 dollars en pariant sur le Brésil. “La France m'énerve. On ne sait jamais ce qu'ils vont faire. En 1998, je soutenais la France, mais elle m'a déçu en 2002 et je les pensais partis sur les mêmes bases cette année. Sur les premiers matches, ils ne méritaient pas de passer, et j'ai donc parié contre eux. Mais Zidane a réalisé un match incroyable, le plus beau depuis longtemps. Je pense maintenant qu'ils peuvent aller au bout”. Est-ce un signe paradoxal du lien historique qui unit le Cambodge à la France, toujours est-il que les critiques des parieurs mal inspirés s'abattent systématiquement sur les Bleus, qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, et jamais sur leurs adversaires du soir.
Il faut dire que le traumatisme de 2002 est dans toutes les têtes. Hanté par le souvenir de la déconfiture des Bleus lors de la précédente Coupe du monde, et des sommes qu'il avait alors perdues, Dara a parié sur le Brésil, et perdu pas moins de... 200 dollars. “J'avais pourtant remarqué que la France marquait plus facilement contre les équipes fortes. Mais je n'ai pas suivi mon analyse, parce que le souvenir de 2002 me marque encore”, confesse-t-il.
Les premiers supporters des Bleus, et de leur soit disante imprévisibilité, sont les bookmakers du royaume, qui se sont refait une santé sur le match France-Brésil. Ravuth, parieur de la province de Kampot, raconte, affligé, “la mine réjouie” qu'affichait son bookmaker le lendemain du match. Alors que certaines d'entre elles avaient temporairement fermé leurs portes après les matches du premier tour, la plupart des officines de paris ont rouvert après ce match jackpot.
NS et SoS