Téléphones portables - Des numéros vendus à prix d'or
05-07-2006
Cambodge Soir - Signe extérieur de richesse, de puissance et même d'un certain sens de l'élégance, les numéros de téléphone “spéciaux” sont de plus en plus prisés par une catégorie aisée de la population et s'arrachent désormais à prix d'or.
Vous craquez sur le 012 555 552, il vous en coûtera 1 850 dollars, soit le prix d'une Tico ou d'une maison en zinc, et plus cher qu'une moto japonaise fraîchement importée. Moins onéreux, le 012 58 6666, mis en vente dans une boutique de téléphone phnompenhoise, ne coûte “que” 1 350 dollars.
En quelques années, le prix des “lek calib” a parfois été multiplié par quatre en raison de l'augmentation de la demande et de leur nombre limité. Chez Mobitel, les plus chers peuvent atteindre 2 000 dollars, contre 60 dollars pour un simple numéro à 9 chiffres et 10 dollars pour un à 10 chiffres. Un employé de l'opérateur explique que les clients friands de numéros spéciaux sont “les riches et les hautes personnalités du gouvernement qui veulent faire étalage de leur richesse et de leur pouvoir”. Certains hommes d'affaires apprécieraient également les numéros répétitifs, faciles à retenir et donc bons pour les affaires. Mais la ruée sur les “lek calib” ne va pas sans son lot de spéculateurs, qui achètent des numéros dans le seul but de les revendre quand les prix auront encore grimpé.
Kim Chansoriya, employée d'une compagnie privée de Phnom Penh, explique les deux raisons qui l'ont conduite à acheter à prix fort un numéro spécial : d'une part il est facile à retenir, mais surtout, c'est extrêmement chic. “Tout être humain apprécie les compliments. Tout le monde veut être remarqué. Vous savez, il arrive que je me fasse belle sans que personne ne le relève, tandis que mon numéro de téléphone me vaut beaucoup de compliments”, confesse-t-elle, nullement gênée de se faire voler la vedette par son téléphone et que sa beauté soit éclipsée par une vulgaire série de neuf chiffres.
Chem Sang Va, directeur du département de l'inspection au ministère des Postes et Télécommunications, constate à son tour l'inflation qui touche les numéros spéciaux. Les Sino-khmers apprécieraient selon lui particulièrement ceux se terminant par 168, dont les vertus seraient incomparables dans les affaires. Et de filer lui aussi la métaphore de la séduction pour expliquer la hausse des prix : “Les numéros spéciaux sont comme les jolies filles. Si beaucoup d'hommes les convoitent, leur valeur augmente”. Et il s'échange à combien le 016 90 60 90?