Procès KR - La défense sera ouverte aux étrangers, les magistrats invitent les médias à patienter
10-07-2006
Cambodge Soir - Vendredi après-midi, lors d’une rencontre avec la presse, l’administration des chambres extraordinaires et les magistrats dont le travail s’inscrit en amont du procès ont invité les médias à être “patients” et confiants dans le succès de l’entreprise. La formule inédite retenue pour ce tribunal à caractère international posera certainement de nombreux défis, a fait valoir le co-procureur canadien Robert Petit, et partant demandera un certain nombre d’ajustements, a ajouté le co-juge d’instruction français Marcel Lemonde.
La création annoncée d’un Bureau de la défense au sein même des chambres extraordinaires a été officiellement présentée par l’avocat Rupert Skilbeck. Avec pour mission de former et conseiller les avocats cambodgiens et étrangers qui plaideront la cause des accusés, cet organe, qui sera notamment animé par une équipe de 15 défenseurs, leur apportera par ailleurs un soutien administratif, incluant le paiement des honoraires. Les dispositions sous lesquelles travaillera ce bureau ne devront pas être finalisées avant la fin de l’année, a indiqué Rupert Skilbeck, qui s’est entretenu avec le Barreau cambodgien.
Le besoin d’avocats supplémentaires forts d’une expérience dans le droit pénal international a conduit à accepter la présence de professionnels étrangers, ce qui implique que la loi cambodgienne soit amendée en conséquence, a rappelé Rupert Skilbeck. “Ils travailleront avec leurs homologues cambodgiens comme co-conseillers, comme un contrepoids aux co-procureurs”, a-t-il ainsi souligné, insistant sur le fait que “l’égalité des armes devait être assurée entre l’accusation et la défense”. Et quand il relève de crimes contre l’humanité et d’autres graves violations du droit international, les principes fondamentaux à tout procès que sont le droit à un procès équitable, le droit à la présomption d’innocence et à une représentation légale efficace sont “encore plus importants”, peut-être parce que dans ce contexte “le monde entier présume que les inculpés sont coupables”.
“La mise sur pied de ce tribunal a pris tant de temps que je suis sûr qu’il y en a encore au Cambodge qui ont du mal à croire que les Chambre extraordinaires vont vraiment fonctionner”, a pris les devants Robert Petit, soucieux de rassurer les plus pessimistes et de revenir sur la durée du processus qui ne verra pas de mises en accusation “dès ce mardi’”. L’ardoise est donc pour l‘heure vierge, a-t-il commenté.
“Aucun calendrier définitif n’a encore été arrêté”, a précisé en toute logique le co-juge d’instruction You Bunleng; “le temps de la justice n’est pas celui des médias”, a ajouté pour sa part son collègue français. Marcel Lemonde a en outre évoqué la création d’un comité interne qui aura vocation de préparer les règles de procédure qui s’appliqueront dans le cas d’imprécisions ou de lacunes rencontrées dans la loi cambodgienne, les juges devant alors se référer à la loi internationale.
Ce lundi, soit une semaine après la prestation de serment des magistrats, les deux co-procureurs débutent leur travail.
KS et SG