Procès des Khmers rouges - Le DC-Cam remet 524 microfilms de documents au tribunal
20-07-2006
Cambodge Soir - Biographie des principaux acteurs du régime, témoignages de victimes et d’anciens bourreaux ou encore carnets de notes d’anciens cadres khmers rouges : le Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam) a mémorisé 383 149 feuilles de ces documents sur 524 microfilms qu’il a remis en début de semaine aux chambres extraordinaires. Les co-procureurs, qui se sont mis au travail dès le 10 juillet, ont commencé le fastidieux travail d’examen des preuves du génocide qui les conduira à déterminer quels chefs d’inculpation retenir contre qui.
Youk Chhang, directeur du DC-Cam, précise que ces documents, tous des originaux, recèlent des informations classées top secrètes à l’époque du Kampuchea démocratique, détaillant la hiérarchie en place et les ordres de tuer “les ennemis de l’Angkar” donnés par les grands responsables khmers rouges. “Ces documents seront très utiles au travail des magistrats. Nous les avons compilés en prenant soin de les classer par thème, ce qui leur facilitera la tâche. La responsabilité des anciens dirigeants khmers rouges dans l’exécution des gens apparaît clairement dans ces preuves. Notre objectif est d’aider les procureurs à avancer plus vite dans leur travail car le temps est compté, les quelques leaders encore en vie étant rattrapés par la vieillesse. Ils pourront ainsi gagner du temps et de l’argent”, explique le gardien des archives de l’ère Pol Pot.
Depuis quatre mois, explique-t-il, son centre a mis les bouchées doubles pour préparer ces lots. Cette première remise n’est qu’un début. Youk Chhang compte remettre d’autres informations au tribunal. Le DC-Cam a amassé en effet 600 000 pages documentant l’existence sous le Kampuchea démocratique de 20 000 charniers et 189 prisons, ainsi que 6 000 photos d’archives, 200 films documentaires et 4 000 entretiens menés auprès d’anciens tortionnaires khmers rouges. Une salle du siège du DC-Cam a été réservée au personnel des chambres extraordinaires qui souhaiteraient y effectuer des recherches, précise Youk Chhang. Une équipe de 12 personnes a également été mise sur pied, qui comprend en son sein quatre avocats, pour assister les magistrats du tribunal. Afin de pousser encore plus loin cette collaboration, le directeur du DC-Cam envisage de demander au gouvernement si son centre pourrait s’occuper de la protection “physique et morale” des témoins qui seront appelés à déposer.
Par ailleurs, il avait suggéré aux chambres extraordinaires que son centre soit rémunéré pour les frais occasionnés par la sauvegarde des données qu’il leur a transmises en début de semaine. “Au départ, nous avions établi un barème de prix des documents à remettre mais le tribunal nous a dit qu’il n’avait pas de budget prévu pour cela. Alors on a décidé de les leur offrir”, détaille Youk Chhang. Reach Sambath, attaché de presse des chambres extraordinaires, loue la générosité du DC-Cam, et invite institutions et particuliers à faire don au tribunal d’archives concernant le Kampuchea démocratique qui pourraient se révéler utiles. Et le responsable d’insister sur le fait qu’il n’existe aucun budget pour acheter ces pièces à conviction.
Chheang Bopha