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 Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ...

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Thaïlande - Cambodge
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Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ... Empty
MessageSujet: Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ...   Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ... EmptyVen 4 Aoû - 7:30

- Magazine - Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité cambodgienne


04-08-2006
Cambodge Soir - Il y a quatre ans, des Cambodgiens vivant aux Etats-Unis et condamnés pour un crime ou un délit sur le sol américain se faisaient signifier leur renvoi dans leur pays d’origine. Cet accord passé entre Washington et Phnom Penh porte sur quelque 1 400 victimes cambodgiennes de “la double peine”. Le 22 juin 2002, un premier groupe débarquait à Pochentong. Ils sont aujourd’hui 151 à avoir déjà traversé le Pacifique pour retrouver une terre natale qui leur est, la plupart du temps, inconnue. Interdits d’entrée aux Etats-Unis, ils n’ont d’autre choix que de recommencer leur vie, quand ils y parviennent. Si certains s’en sortent, d’autres ne réussissent tout simplement pas à s’adapter.
S’intégrer pour survivre
Selon Tan Sonec, directeur adjoint du Programme de soutien à l’insertion des “returnees”, une minorité seulement s’acclimate et fait son trou. “Les autres restent dans la galère... De leurs habitudes alimentaires jusqu’à leur manière de se comporter en général, ils n'arrivent pas à changer. Ils ont l’apparence de Cambodgiens mais ont été élevés à la mode américaine. C’est difficile pour eux de trouver leur place. Un exemple : il arrive que certains d’entre eux, habillés à l’occidentale, se voient réclamer un ticket d’entrée pour visiter Tuol Sleng alors que la visite est gratuite pour les Cambodgiens. Mais on imagine toujours les Khméro-Américains riches!”, relève le responsable.
Sarœun* ne peut plus rester sans rien faire dans la maison de sa femme, à Kien Svay, à une dizaine de kilomètres de la capitale. Là-bas, il taquine bien les poissons dans la rizière pour alimenter la marmite mais ne gagne pas d’argent. Or aujourd’hui, ils sont trois. Sa femme vient de lui donner un enfant. Ne sachant où chercher un emploi, il s’est rendu tout naturellement chez Bill Herod, consultant du Programme de soutien à l’insertion des “returnees” et à l’origine de cette initiative.
C’est l’alcool qui a bouleversé la vie de Sarœun. Pris en flagrant délit de conduite en état d’ivresse en 2001, la justice américaine le condamne à l’expulsion. Arrivé chez l’Oncle Sam en tant que réfugié, il n’a jamais pensé à demander la nationalité américaine. Une omission qui lui coûte cher. En décembre 2003, il atterrit à Phnom Penh. Les fêtes de fin d’année ont un goût amer. “Quand ma famille a quitté le Cambodge, j’avais 3 ans... J’en ai aujourd’hui 28. Toute ma vie est aux Etats-Unis : ma famille, mes amis, mon travail...” Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 28 ans, finit par accepter son sort, et tourne la page. Il s'est marié à une fille de la campagne et tente de se fondre dans le paysage.
“Au début, les gens m’entouraient dès qu’ils apprenaient que je venais des Etats-unis. J’étais comme l’attraction du village. Puis, ils ont su que j’avais été expulsé... Je suis alors devenu moins intéressant”, se souvient-il. Mais son caractère trempé et docile à la fois l’aide à gagner la confiance de certains villageois qui lui témoignent de la solidarité.
“En Californie où je vivais, j’avais des amis, une voiture, un job et une petite copine. Je m’éclatais dans ma vie. J’étais loin de penser à me marier, j'aimais ma liberté. Mais le temps a passé, et aujourd’hui je dois travailler pour nourrir ma famille”, explique-t-il. La vie qu’il mène à Kien Svay est à cent lieues de celle qu’il s'était faite en Californie, qu’il partageait entre les courses de voitures et les fêtes. Installé avec sa femme dans une simple maison en bois, il passe aujourd'hui ses journées dehors à glaner de la nourriture et à rechercher du bois de chauffe pour la cuisine. “Ici, il n’y a rien de ce que j’ai pu connaître. Même pas d’électricité! Autour de moi, les paysans travaillent chaque jour de la semaine pour subvenir à leurs besoins quotidiens ou, dans le meilleur des cas, faire des économies pour leur avenir ou les coups dur”, raconte Sarœun, qui dans un sourire, évoque sa surprise au début quand il a découvert que les gens recouraient à des batteries de voiture pour faire fonctionner ampoules et télévision.
Sarœun ne se plaint pas de sa nouvelle vie à la campagne. Il a dû se résigner, intégrer l’idée que sa vie facile d’avant appartient désormais au passé. Comme il le dit, il a dû accepter la vérité, et ne pas se bercer d’illusions quant à un possible retour aux Etats-Unis, près des siens. “J’essaie de penser uniquement aux choses positives dans la vie. Si je me focalise sur les problèmes, c’est la déprime assurée. Or je ne veux pas devenir une personne inutile pour ma famille”, glisse-t-il, le regard lointain, tourné vers sa mère et sa sœur qu’il a laissées derrière.
Jamais il n’avait eu l’envie de venir découvrir ce pays décrit par sa mère à travers le prisme de la guerre et de la barbarie du régime khmer rouge. C’était même pour lui “impensable” tant le Cambodge était associé dans son esprit à une terre de malheur. A son arrivée, il a vite fui la ville, lui préférant la quiétude des villages alentour. Un environnement qui le rassure mais qui le replonge aussi souvent dans la nostalgie. “J’aime bien la vie au vert, c’est tranquille. Mais parfois, quand je grille une cigarette dans ma petite maison en bois, je vois défiler des images des temps heureux. Avec un temps pareil, aujourd’hui, je serais allé faire de la course automobile avec des copains ou bien je me serais promené dans les centres commerciaux... Ici, j’ai rien à faire. D’ailleurs, j’ai rien du tout. On m’a tout pris.” Son visage se referme. Au fur et à mesure qu’il ouvre son cœur, son sourire des débuts disparaît, laissant place tantôt à de la mélancolie, tantôt à de la frustration.
La femme de Sarœun n’a pas osé évoquer son statut dans le village. Elle préférait attendre que les habitants s’habituent à son mari, redoutant qu’il n'ait à souffrir de discrimination. La discrétion n’a pu durer qu’un temps, il a fallu peu à peu répondre aux questions dont le pressaient les villageois, intrigués par son passé aux Etats-Unis et ses motivations à revenir vivre ici. “C’est encore tellement traditionnel dans mon village que je ne cesse de susciter la curiosité. Les villageois sont attentifs à ma façon de m’habiller, d’agir. Ils me questionnent sur mon tatouage... Alors qu’aux Etats-Unis, je passe inaperçu! Ils ne sont pas très ouverts d’esprit”, regrette-t-il, exposant son torse et ses mains couverts de tatouages.
Pho n’a pas oublié non plus l’accueil qui lui a été réservé au Cambodge. Il avait été condamné à 7 ans de prison pour vol à main armée puis expulsé. Il se souvient avoir été, dans un premier temps, accueilli à bras ouverts. “Dans mon entourage, on ne voyait en moi qu’un riche Khméro-Américain qui visitait son pays d’origine. Les gens ont revu leur jugement quand ils ont su que j’avais fait de la tôle et que je n’étais pas prêt de rentrer aux States. C’est incroyable qu’ils soient persuadés qu’un Cambodgien vivant à l’étranger est forcément fortuné! C’est pourtant loin d’être toujours le cas. Il y a des gens aux Etats-Unis qui ne gagnent pas plus que les habitants ici, voire moins. Enfin, bilan des courses, certains ne se montrent plus du tout sympas avec moi, pensant que j’ai commis un crime très grave. C’est fou ce qu’ils peuvent juger uniquement sur l’apparence. Ils ne croient pas que quelqu’un qui a fait des erreurs puisse se corriger. On te laisse aucune chance...”, déplore Pho.
Quand on évoque l’appartenance fréquente des “returnees” à des gangs dans les villes américaines où ils vivaient, Pho prend un air sérieux, celui des gens qui veulent clarifier les choses. “Si des jeunes Cambodgiens rejoignent des gangs, c’est pour se défendre contre des bandes de voyous américains ou latinos qui sèment la terreur dans les quartiers. On n’a pas le choix. Et puis, nos parents ne s’occupent guère de nous, alors on prend plus facilement les mauvais chemins. Qu’on nous punisse en nous jetant en prison, d’accord, mais pourquoi nous envoyer loin de nos familles? C’est injuste!”, se lamente-t-il.
Le fléau du chômage
Seulement un quart des 151 “returnees” ont pour l’heure trouvé du travail, précise Tan Sonec pour mettre en avant les difficultés qu’ils rencontrent à gagner leur vie dignement. “Leur principal handicap est leur manque d’éducation. Certes, ils parlent couramment anglais, mais c’est tout ce dont ils peuvent se prévaloir dans un CV. Et une partie d’entre eux ne maîtrisent pas l’anglais écrit même s’ils ont toujours vécu aux Etats-Unis. Et ici, ils sont en concurrence avec des Cambodgiens de plus en plus éduqués. D’ailleurs, ceux qui ont décroché de petits jobs s’accommodent mal des faibles rémunérations qui ne leur permettent pas de poursuivre le train de vie qu’ils avaient aux Etats-Unis. Alors, ils comptent beaucoup sur l’argent que leur envoient leurs familles. Mais certains ont sombré dans la dépression car ils se sentent abandonnés par leurs proches restés en Amérique”, résume Tan Sonec.
Sarœun reconnaît que les entreprises qu’il a jusque-là approchées pour se faire embaucher lui réclamaient beaucoup de diplômes et/ou références, “même pour un travail de simple gardien”. “Cela ne marche pas comme ça aux Etats-Unis. Là-bas, même avec rien on peut toujours trouver du travail. Il y a toujours des petits emplois à prendre qui permettent de vivre. Ici, c’est le parcours du combattant!”, s’inquiète-t-il, affirmant être prêt à saisir n’importe quelle opportunité et ne pas faire le difficile.
Sary souffre particulièrement de sa nouvelle situation. Ancien drogué, condamné pour vol de voiture, il ne connaissait personne en arrivant au Cambodge il y a un an et demi. Au fil des mois, ses parents, ses frères, et même sa femme ont commencé à lui donner de moins en moins de nouvelles. “Une fois, j’ai demandé à ma mère de l’argent pour m’acheter une moto. Mais tous les membres de ma famille s’y sont opposés, me disant qu’ils s’arrêtaient de s’occuper de moi et que je n’avais pas à revenir aux Etats-Unis...”, se lamente Sary, l’air perdu.
Bien qu’âgé de 28 ans, Sary ne travaillait pas là-bas. Il menait une “mauvaise vie”, concède-t-il, créant problème sur problème à sa famille. N’ayant ni diplôme ni expérience, il peine aujourd'hui à se faire embaucher à Phnom Penh. Seule une église lui a ouvert ses portes, pour laquelle il rend de petits services, comme jouer les interprètes, même si son khmer est loin d'être parfait. “J’ai reçu 25 dollars pour cinq jours d’interprétariat. Avec cet argent, je n’ai pu m’acheter que deux pantalons et deux chemises. Je ne peux même pas aller voir les temples à Angkor!”, se plaint-il avec un fort accent américain.
Bill Herod admet que, sans travail, les “returnees” peuvent difficilement recommencer une nouvelle vie. En plus des diplômes et d'une maîtrise du khmer qui leur font défaut, leur goût pour l’indépendance et leur caractère parfois indomptable n’en font pas toujours des candidats idéaux. De plus, ayant souvent été habitués à fuir les obligations, ils ont du mal à rester en place et à conserver un travail, quand ils en obtiennent un. Et, explique Bill Herod, faire beaucoup d’heures pour un salaire selon eux de misère les décourage très vite.
“Ils se heurtent également à la culture cambodgienne qui leur est parfaitement étrangère. Ainsi, l’un d’eux a été licencié parce qu’il ne se montrait pas suffisamment respectueux envers le directeur de l’hôtel où il travaillait. Il n’a pas réajusté son comportement car la seule expérience qu’il avait jusque-là était aux Etats-Unis, où il était le fils de la propriétaire du restaurant où il travaillait... On essaie de leur expliquer qu’il y a des principes à respecter, et que ce niveau de salaire peut leur permettre de vivre ici. Mais ils ne veulent rien entendre, cela leur semble anormal et donc inacceptable”, explique le consultant, qui ne sait comment résoudre ce casse-tête.
Sans travail, sans famille et immergés dans une culture nouvelle dont ils ne saisissent pas toujours les subtilités, ces déracinés souffrent pour la plupart de problèmes psychologiques. Ne voyant se dessiner aucune perspective d’avenir, beaucoup n’acceptent pas ce tournant brutal dans leur vie, même après quatre ans de vie au Cambodge. Un programme de soutien psychologique a été mis en place à leur attention, avec l’aide de l’ONG TPO, spécialisée dans le traitement des traumatismes. Deux “returnees” reçoivent depuis quelques mois une formation pour plus tard prendre en charge à leur tour le suivi psychologique de leurs compatriotes.
Johnny, 38 ans, condamné pour ne pas s’être acquitté de ses taxes auprès des autorités américaines, a retrouvé des amis de ses parents au Cambodge. Grâce à leur aide, il semble bien se débrouiller. Pouvoir compter sur un entourage ici l’a beaucoup aidé à s’intégrer dans la société cambodgienne, concède-t-il. Il met depuis toute son énergie à remonter le moral de ses pairs qu’il comprend mieux que le personnel de TPO pour avoir vécu le même cauchemar de l’exclusion et de la séparation. “Les ‘returnees’ souffrent vingt fois plus de problèmes psy que les autres. On leur a enlevé leur famille, leur travail, et on les a parachutés dans un pays dont ils ignorent tout ou presque. Je les comprends pour partager la même histoire, et j’essaie de les convaincre qu’il est possible de recommencer une autre vie. Il faut s’accrocher...”, défend avec conviction Johnny.
Nombre de “returnees” se disent malgré tout dans l’attente. Le Cambodge n’est pour eux qu’une parenthèse et, un jour, espèrent-ils ou croient-ils, ils pourront refaire le voyage inverse et “rentrer chez eux”, aux Etats-Unis. Quelques-uns se sont néanmoins laissés convaincre par la vie au Cambodge et ont déjà élu cette terre comme leur nouvelle patrie. Ainsi Pho s’habille-t-il volontiers à la cambodgienne, a remisé ses tennis et jeans, et se nourrit exclusivement de plats cambodgiens préparés par son épouse. S’il rêve de s’envoler pour les Etats-Unis, c’est seulement à titre de touriste, pour rendre visite à sa famille, et éventuellement y suivre une formation professionnelle. “La vie ici est beaucoup moins stressante qu’aux Etats-Unis. Avec mon niveau de compétences, je peux prétendre ici à un salaire de 300 dollars, ce qui est tout à fait correct pour vivre. Et ce qui revient un peu près au même qu’aux Etats-Unis, puisque là-bas on perd beaucoup avec toutes les taxes qu’on a à payer. Alors pourquoi vouloir retourner vivre là-bas?”, interroge Pho, avant néanmoins d’ajouter souhaiter que ses enfants puissent naître aux Etats-unis afin qu'ils obtiennent un meilleur niveau d’éducation que lui...
Chheang Bopha
* Tous les prénoms des “returnees” ont été modifiés pour préserver,
à leur demande, leur anonymat
Encadré : Quelques chiffres...
Sur les 151 “returnees” déjà rapatriés au Cambodge, trois sont déjà décédés. Le premier a trouvé la mort dans un accident de la route, le deuxième souffrait de diabète et le troisième s’est éteint de vieillesse, il avait 84 ans. En outre, six ont déjà été arrêtés et incarcérés dans divers pénitenciers du pays pour vol d’ordinateur ou encore de moto. Et trois personnes souffrent de graves problèmes psychologiques nécessitant un encadrement médical.

CB
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MessageSujet: Re: Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ...   Des “returnees” qui peinent à faire face à la réalité ... EmptyDim 13 Aoû - 17:33

Il faut pour toute société confondue remonter à la source de la déviance pour l'empêcher de s'engendrer !
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