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 CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES -

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Thaïlande - Cambodge
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Date d'inscription : 08/08/2004

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MessageSujet: CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES -   CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES - EmptyJeu 31 Aoû - 14:36

CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES - Top_001
CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES - 05_cambodia_polpot-400x272

Une des rares photos des dirigeants khmers rouges originels : à gauche, « Frère Numéro Un » (Pol Pot) et, à droite, « Frère Numéro Deux » (Ieng Sary). Chine, fin des années 70. © AFP

CAMBODGE - LES KHMERS ROUGES DEVANT LEURS JUGES


Près de trente ans après la chute du régime des Khmers rouges et au terme de longues et pénibles tractations politiques, un tribunal va enfin commencer à juger les massacres perpétrés par la dictature nationaliste et ultra-maoïste de Pol Pot. Mais le doute est permis quant à l’issue de la procédure et la fin de la culture d’impunité.
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Une des rares photos des dirigeants khmers rouges originels : à gauche, « Frère Numéro Un » (Pol Pot) et, à droite, « Frère Numéro Deux » (Ieng Sary). Chine, fin des années 70. © AFP

Désignés par les Nations unies, 17 juges cambodgiens et 13 juges internationaux ont prêté serment le 3 juillet dernier à Phnom Penh pour commencer à instruire le procès, lequel pourrait débuter courant de 2007 et s’étaler sur au moins trois ans. La formule adoptée est unique en son genre : toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité ou à la « super majorité », c’est-à-dire qu’elles nécessitent l’accord d’au moins un juge étranger. Il aura fallu sept ans de négociations entre l’ONU et le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, pour établir cette cour de justice.

On ne sait pas encore avec exactitude quels Khmers rouges seront jugés lors de ce procès. C’est que beaucoup d’anciens cadres du régime de Pol Pot occupent actuellement des postes en vue au Cambodge. Le Premier ministre actuel, Hun Sen, est lui-même un ancien officier khmer rouge. Pour éviter tout risque d’être inquiété, ces dirigeants ont mis tout en oeuvre pour que le tribunal se limite à juger les plus hauts dignitaires du régime khmer rouge (ceux qui ont planifié ou donné des ordres) et les principaux responsables des crimes les plus graves. Les dizaines de milliers d’anciens simples combattants khmers rouges qui s’étaient volontairement rendus aux nouvelles autorités n’ont donc pas grandchose à craindre de ce procès et ils continueront à vivre dans les communautés où ils se sont réinsérés.
UNE MORT PROVIDENTIELLE

Le « Frère Numéro Un », Pol Pot, étant décédé en avril 1998, on trouve parmi les prévenus probables du procès des dirigeants tels que Nuon Chea (« Frère Numéro Deux », secrétaire général adjoint du Parti communiste), Khieu Samphan (qui a dirigé le Présidium d’État du Kampuchéa démocratique, c’est-à-dire l’État khmer rouge), Ieng Sary (« Frère Numéro Trois ») ou encore Duch (ancien directeur de la prison de Tuol Sleng, le plus important centre de détention et de torture du régime). Considéré comme l’un des principaux organisateurs des massacres, Ta Mok (devenu « Frère Numéro Trois » à la fin du régime) a échappé au procès car il est mort le 21 juillet dernier à l’hôpital militaire de Phnom Penh. Il s’était engagé à révéler beaucoup de secrets lors du procès, et plusieurs voix se demandent au Cambodge pourquoi il n’a pas été transféré plus tôt de sa prison à l’hôpital alors que son état de santé se dégradait sérieusement. Sa mort arrange-t-elle certaines personnes ? Exaspéré par ces interrogations, le Premier ministre Hun Sen a, dans son style caractéristique, menacé début août d’arrêter ceux qui ont diffusé des tracts accusant le gouvernement d’être à l’origine du décès de Ta Mok : « Ta Mok est mort. Que pouvait-on y faire puisque son coeur a lâché ? Il a atteint l’âge de 80 ans, soit plus que ma mère qui avait 78 ans. On accuse le gouvernement d’avoir voulu supprimer des preuves. Mais pour la mort de Milosevic en plein procès, pose-t-on la question au tribunal international de La Haye ? »

Ceux qui ont tout fait pour retarder la tenue d’un procès et limiter le nombre de Khmers rouges jugés se justifient parfois en évoquant la crainte de diviser la société cambodgienne en ravivant les rancoeurs liées aux exactions passées. « Nous pensons exactement le contraire, assure Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge [1]. Quand Ta Mok est décédé, quelques centaines l’ont pleuré mais le reste de la société pensait beaucoup de mal de lui. Or, nous sommes restés divisés : comme aucun tribunal n’a clairement établi ce qu’il a commis, les pro- et anti-Ta Mok ne se réconcilient pas. Il est mort comme prisonnier. Les victimes ne peuvent pardonner si rien n’est reconnu par une procédure légale. Cela fait 30 ans qu’on nous dit d’oublier et de se réconcilier, mais ça ne se passe pas naturellement. C’est pour ça qu’un tribunal est si important dans le processus de réconciliation ».

Le manque de confiance des Cambodgiens en leurs autorités et surtout en leur système judiciaire laisse toutefois planer de nombreux doutes. Ne vaudrait-il pas mieux consacrer le budget prévu pour ce procès (environ 60 millions de dollars) à des projets de développement ? « L’avantage de ce tribunal est qu’il constituera un forum où les Cambodgiens pourront parler de cette période si difficile de notre histoire, souligne Theary Seng, directrice du Centre pour le développement social et orpheline de ses deux parents tués par les Khmers rouges [2]. Il permettra aussi de parler d’acteurs qui ne seront pas jugés officiellement : le rôle des Etats-Unis, de la Chine, de certains individus du gouvernement. Ils ne seront pas jugés officiellement, mais bien dans l’opinion publique ».

La Chine, principal soutien financier et militaire du régime khmer rouge, craint de voir exposer au grand jour cet appui. Ong Thong Hoeung, un Cambodgien réfugié en Belgique qui a passé trois ans dans les camps de rééducation des Khmers rouges [3], met toutefois en garde contre un abandon de leurs responsabilités de la part de ses compatriotes. « Trop souvent, les Cambodgiens aiment penser que leurs malheurs sont dus aux étrangers. Dans le cas des Khmers rouges, il s’agit bel et bien de Cambodgiens qui ont massacré des Cambodgiens. L’utilité d’un tel tribunal n’est pas la vengeance, la punition des bourreaux, mais d’empêcher cette période de tomber dans l’oubli et d’envoyer un message fort aux dirigeants cambodgiens : contrairement à ce qui s’est toujours passé au Cambodge, il se peut que vous soyez un jour jugés pour vos actes ».
INSTRUIRE LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS

Environ la moitié de la population cambodgienne a moins de 18 ans. Pour ces 7 millions d’enfants et adolescents nés après la fin du régime des Khmers rouges, les massacres de ces derniers paraissent parfois bien abstraits. Ils en ont entendu parler, mais cette histoire relativement récente n’est pas enseignée dans les écoles cambodgiennes et rares sont les familles où les parents parlent facilement de cette période. Certains jeunes ont du mal à croire que ces horreurs se soient produites, ils se demandent si ce ne sont pas des histoires racontées par certains politiciens. « C’est dur pour les jeunes : cette période khmer rouge est comme une ombre qui plane au-dessus d’eux, elle est l’excuse qu’on leur ressert continuellement pour justifier tous les maux du Cambodge actuel. Il faudrait un enseignement clair sur ce génocide, et le procès peut aider en ce sens », affirme Youk Chhang.

Un procès juste aiderait les Cambodgiens à se réconcilier avec une partie de leur passé douloureux, mais n’effacera pas leurs nombreux problèmes actuels, issus d’une mauvaise gestion du pays depuis la fin des conflits. Theary Seng : « Les Cambodgiens sont confronté quotidiennement à de nombreuses injustices : pauvreté, faim, expulsions de leur logement, absence d’emplois, brutalité de la police, filles prises dans la prostitution, tribunaux corrompus, etc. Personne n’est contre un jugement des Khmers rouges, mais pour beaucoup de Cambodgiens, ce procès n’est qu’une question de plus dans un océan d’injustices plus immédiates et actuelles ».

S.G.

Dernière modification le : 31 août 2006

Notes

[1] Le Centre de Documentation du Cambodge est l’un des principaux centres de collecte d’informations sur le régime khmer rouge. Il a rassemblé des centaines de milliers de documents en vue du procès. Il mène aussi des forums de réconciliation dans le pays et tente d’aider les victimes à retrouver leurs familles. Plus d’infos sur son site : http://welcome.to/dccam

[2] Theary Seng a publié un livre autobiographique sur son enfance sous les Khmers rouges, intitulé Daughter of the Killing Fields (Fusion Press 2005). Elle dirige une ONG cambodgienne, le Centre pour le Développement social, dont le site est http://www.csdcambodia.org/

[3] Ong Thong Hoeung est l’auteur d’un récit autobiographique sur sa vie au Cambodge sous le régime de Pol Pot : J’ai cru aux Khmers rouges (Buchet/Castel 2003).
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