Des députés PSR s'opposent au projet de loi sur l'adultère
01-09-2006
Cambodge Soir - La loi n'a pas à punir les fautes morales. C'est l'un des principaux arguments des opposants au projet de loi sur la monogamie, que les députés ont commencé à examiner ce jeudi. Ce projet de loi, déposé par une soixantaine de députés, punit d'emprisonnement et d'une amende la bigamie, l'adultère et l'inceste. “Cette loi a pour but de renforcer l'harmonie dans la famille et la tradition khmère”, a expliqué aux députés Ek Sam Ol, président PPC de la commission des lois et rapporteur de ce texte. Mme Som Kim Sour, députée PPC, a apporté un soutien sans réserve à ce texte qui, selon elle, “entraînera un respect mutuel des conjoints”. “Le divorce cause beaucoup de souffrances et a des conséquences négatives pour la famille et les enfants, a expliqué la député. Quand un couple divorce, les enfants n'ont plus d'espoir. C'est pourquoi je soutiens ce texte et j'appelle mes collègues à faire de même.”
“Ce texte est discriminatoire et extrémiste car il prévoit des sanctions pénales”, a rétorqué Mme Kéo Sovanrath, pour qui la loi n'a pas à “punir les couples”. “Il faut laisser la société juger” ceux qui commettent l'adultère estime la députée. Et, selon elle, ce texte ne parviendra pas à protéger les enfants des tourments causés par le divorce de leurs parents. “Si une femme porte plainte contre son mari parce qu'il a une maîtresse et qu'il est condamné à une peine de prison, croyez-vous qu'il regagnera le domicile conjugal lorsqu'il sera libéré? Non... ”, a-t-elle argumenté.
Eng Chhay Ieng, député PSR, estime aussi que la loi n'a pas à punir ce qu'il nomme des “fautes morales”. “Je ne soutiens pas l'adultère, la bigamie ou l'inceste, a avancé en préalable le député. Mais je ne veux pas de cette loi. C'est à la société qu'il revient de juger les fautes morales. Si un député, un ministre, le Premier ministre commettent l'adultère, il faut laisser le public les juger. Il n'y a que dans les régimes comme ceux de Pol Pot ou des Talibans que la loi punit les fautes morales”. Cette référence au régime de Pol Pot a fait bondir Ek Sam Ol, la qualifiant de “jugement rapide et inacceptable”. “Dans le passé, l'adultère et la bigamie étaient punis”, a noté le député.
Tout aussi opposé à ce texte, Kéo Rémy trouve que les députés devraient se préoccuper d'autres sujets, tels l'immigration, plutôt que d'affaires relatives à la vie privée ou sexuelle des gens. “C'est à la société de juger ces histoires. De plus, ce texte est dangereux car on peut l'utiliser pour monter des manipulations contre des gens”, a estimé le député. Ce projet de loi devrait être soumis au vote ce vendredi.
Ky Soklim