Election Miss Cambodge - Hun Sen : "montrer sa culotte" ne contribue en rien à la fierté nationale
06-09-2006
Cambodge Soir - Après le ministère de la Culture, c'était au tour hier du Premier ministre d'affirmer son opposition résolue à l'organisation de l'élection de miss Cambodge - sans manquer l'occasion d'égratigner au passage Norodom Ranariddh - et de se présenter en ardent défenseur de l'authentique culture khmère. “Désormais, pour n'importe quel concours, que ce soit l'élection de ‘miss savon Lux’ ou d'autres produits, il est interdit d'utiliser le drapeau cambodgien ou le terme de ‘nation’. Nous avons des danses ou les temples d'Angkor à faire valoir. A quoi bon utiliser une belle fille dans une compétition mondiale en en faisant une fierté nationale alors qu'elle ne fait que montrer sa culotte?”, a déclaré Hun Sen.
“Les concours de Ayay, de Yiké, de théâtre Bassac ou de Chapei sont bienvenus, mais pas celui de miss Cambodge”, a-t-il martelé, avant de rappeler ses priorités : “Il y a eu le désastre du théâtre [Bassac], ravagé par un incendie [il y a plus de dix ans], et nous n'avons toujours pas l'argent pour le reconstruire”, s'est-il indigné pour souligner que l'élection de miss Cambodge était loin de constituer une priorité. “Je n'ai jamais autorisé cette élection, sauf dans les années 1993-1994 [lors du gouvernement dirigé par Norodom Ranariddh, alors premier Premier ministre]. A cette époque, la priorité était de creuser des canalisations, mais on a débloqué des fonds pour sélectionner des filles dans chaque province et les faire venir à Phnom Penh. Ce n'est pas un petit budget”, a-t-il déclaré, avant d'évoquer à nouveau les gaspillages de Norodom Ranariddh à la tête du Comité olympique.
Le Premier ministre a précisé qu'il ne consentirait à autoriser une élection de miss Cambodge que lorsque le taux de pauvreté sera passé sous la barre des 15%, contre près de 35% aujourd'hui. “Le revenu annuel moyen de chaque citoyen s'élève à 448 dollars. Nous attendrons qu'il atteigne 1 500 dollars”, a-t-il précisé.
La position du premier ministre est en tout cas approuvée par l'ancienne présidente du CDS (Centre de développement social) Chea Vannath : “Il y a encore beaucoup de travail à faire [dans ce pays]. Nous n'avons pas à nous réjouir de ces exhibitions de luxe.” Le député PSR Yim Sovann est plus nuancé. “Certes, je soutiens cette position car nous sommes pauvres. Mais la pauvreté n'est pas due à l'organisation de l'élection de miss Cambodge, a-t-il rappelé. Elle est due à la gestion du gouvernement et à la corruption qui nous fait perdre chaque année entre 500 et 1 000 millions de dollars”, a-t-il argumenté avant de revenir à ses préoccupations : “Le gouvernement doit adopter au plus vite une loi anti-corruption”.
KS
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