ne série d'attentats coordonnés dans le sud thaïlandais, en partie insurgé, a causé la mort d'au moins huit personnes et blessé 45 autres dans la soirée de dimanche 18 février, alors que les membres non musulmans de la population y célébraient le nouvel an chinois.
Pas moins de 31 bombes ont explosé. Les autorités ont dénombré au moins 14 incendies criminels et deux fusillades résultant d'attaques à l'arme à feu automatique. Toutes ces violences ont été attribuées par Bangkok à la guérilla islamiste et indépendantiste.
Cette rébellion sévit depuis janvier 2004 dans les trois provinces de Pattani, Yala et Narathiwat, dans l'extrême sud de la Thaïlande. Cette région est une ancienne principauté semi-autonome qui a été progressivement annexée par le royaume bouddhiste au cours des deux derniers siècles, en bordure de l'actuelle Malaisie. La province de Songkhla, poumon économique de la région, a été également le théâtre de deux attaques à la bombe.
Selon un porte-parole militaire, ce sont "principalement des cibles bouddhistes" qui ont été visées. A l'exception d'une mosquée, les violences ont ainsi touché des bars, des commerces chinois, des écoles publiques, des hôtels ou des stations-service. Un transformateur électrique dans la ville de Pattani a été endommagé, plongeant le chef-lieu de province dans l'obscurité toute la nuit.
Ces attaques marquent une escalade dans un conflit que le précédent gouvernement, renversé par l'armée le 19 septembre 2006, avait tenté de mater par la force et que l'actuelle administration militaire tente d'apaiser. Depuis trois ans, plus de 2 000 personnes, représentants du pouvoir bouddhiste mais aussi musulmans locaux, ont trouvé la mort dans cette zone qui appartient majoritairement, sur les plans culturel et religieux, au monde malais.
Les attentats de dimanche interviennent alors que la Thaïlande et la Malaisie ont commencé à se concerter. L'objectif est de prendre langue avec des groupes insurgés, plus ou moins identifiés, qui profitent de la porosité de la frontière entre les deux pays pour sanctuariser des zones de repli. Mais une frange plus radicale de la guérilla semble déterminée à exploiter les atermoiements politiques à la tête de l'Etat thaïlandais.
Le Monde