Trahison, volte-face et revirement politiques

L'irresponsabilité, l'absence de sens patriotique de Norodom Ranariddh à la
recherche de ses intérêts personnels plus que de ceux du peuple le
conduisent à trahir les principes de « l'alliance des démocrates », chère
aux Cambodgiens, en se ralliant au PPC de Hun Sen pour former un
gouvernement de coalition contre toute attente et à faire voter la loi
anticonstitutionnel de « vote bloqué, à main levée ». Les leçons de 1993
-1998 sont-elles effacées de sa mémoire ? :
- Durant le gouvernement de coalition de 1993, malgré la défaite
électorale du PPC , Hun Sen co-2éme 1er Ministre a dominé la vie politique,
si bien que Norodom Ranariddh co-1er Ministre, vainqueur au scrutin a été
marginalisé et relégué dans l'ombre.
- le coup d'état sanglant de juillet 1997 a mis fin à la fonction de
Norodom Ranariddh co-1er Ministre et l'a contraint à l'exil.
- il est revenu sans honte, ni pudeur pour les élections du 26 juillet
1998 et former le 2ème gouvernement de coalition avec son ennemi d'hier au
prix de fraudes électorales flagrantes qui ont entraîné une manifestation
populaire de protestation réprimée dans le sang.
Ces leçons ne lui ont pas servi car il n'a jamais eu le sens de
l'honneur. Les élections de juillet 2003 n'ont
pas permis à Hun Sen de se maintenir au pouvoir en l'absence de majorité
des 2/3 et ce n'est qu'en juin 2004 que la coalition de FUNCINPEC avec Hun
Sen a permis à celui-ci d'obtenir la majorité requise, de devenir de
nouveau 1er Ministre et a renforcé son pouvoir absolu s'appuyant sur un
gouvernement composé de 334 membres du gouvernement, (ministres,
secrétaires et sous-secrétaires d'état), un chiffre record du jamais vue.
Hélas, Norodom Ranariddh est conscient de la situation, nous en sommes
convaincus mais il est soif, non de pouvoir politique car il n'a jamais eu
de co-habitation entre lui et Hun Sen ni même de simples affinités
politiques, mais seulement de profit personnel au mépris des intérêts
nationaux. Comme Hun Sen, il ne changera pas son comportement politique
devenu habituel. Fort de cette coalition, Hun Sen renforce son pouvoir
autoritaire et absolu. Il rejette toutes les critiques et propositions,
même celles du Roi. Il n'écoute que la voix de son maître de Hanoi qui ne
pense qu'à annexer le Cambodge et ne veut que du mal au peuple cambodgien.
Il a réussi avec la complicité de Norodom Ranariddh, à amender la
constitution par l'adoption du « vote bloqué », procédure
inconstitutionnlle, soit à forcer, sous la menace de représailles, les
députés à élire en bloc, à main levée, les présidents et vice-présidents de
l'Assemblée Nationale, le 1er Ministre et les membres du gouvernement par
un seul vote. C'est la fin de la séparation des pouvoirs législatif et
exécutif, il a en effet en main l'administration publique. Il tient
entièrement le commandement des forces de sécurité, de l'armée. Il renoue
avec la pratique de répression, des assassinats contre toutes formes
d'expressions d'opposition, de liberté et de démocratie.
Les élus de l'opposition sont écartés totalement des travaux
parlementaires des commissions. Ils sont réduits au silence. Pour lui,
primaire, inculte et ignare qu'il est, la démocratie n'est qu'un vain mot.
Hun Sen invente et orchestre des attentats pour faire accuser les
opposants au régime. C'est une technique dont il est coutumier et qu'il a
amplement utilisée dans le passé pour ne citer que l'attentat à la bombe
contre sa demeure inhabitée à Phnom Pen, le complot contre sa personne du
28 mai 1997 à Siemreap, faisant suite à l'attentat du 31 mars 1997 fomenté
par lui-même contre le PSR devant l'Assemblée Nationale qui a fait de
nombreuses victimes
Fort de soutien de Norodom Ranariddh et son parti dans la coalition, Hun
Sen reprend la même méthode et n'hésite pas à accuser le PSR d'organiser
une « armée de l'ombre » chargée de renverser son nouveau gouvernement de
coalition monté de toutes pièces par le « vote bloqué, à main levée ». Il
s'agit là la tentative indiscutable d'éliminer physiquement les membres de
PSR et mettre fin aux dissensions politiques. Au Cambodge sous le régime
dictatorial de Hun Sen, les crimes politiques demeurent impunis car ils
sont l'?uvre d'une seule et même personne. Le cynisme est à son comble.
Violent, autoritaire, impudent, Hun Sen, dans une situation de
faiblesse manifeste, à l'instar de ses maîtres communistes vietnamiens,
arrive néanmoins habilement à se présenter sous l'apparence d'un doux
agneau :
- il se met à genou, tel un mendiant, devant son malléable partenaire
Norodom Ranariddh d'abord pour obtenir la majorité requise et ensuite le
porter au poste de 1er Ministre.
- Il est venu à Paris pour parlementer avec son allié et résoudre le
problème en suspens à propos de son gouvernement de hors-la loi.
- On pourrait bien imaginer ensuite qu'il irait supplier le Roi à
Pékin et le convaincre de lui accorder la promulgation royale qui
lui permettra de faire reconnaître son gouvernement illégal par la
communauté internationale.
Le paysage politique actuel du Cambodge créé par Hun Sen et Norodom
Ranariddh, témoigne d'une dérive de plus en plus vers l'autoritarisme ;
c'est une honte aux yeux des pays libres et démocrates.