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 Les dons alimentent la corruption

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Thaïlande - Cambodge
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Nombre de messages : 5571
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MessageSujet: Les dons alimentent la corruption   Les dons alimentent la corruption EmptyLun 30 Aoû - 9:15

Sam Rainsy, ex-ministre des Finances du Cambodge, dénonce un système
généralisé:
«Les dons alimentent la corruption»

Par Philippe GRANGEREAU

lundi 23 août 2004 (Liberation - 06:00)

La Banque mondiale a publié le 12 août un rapport cinglant sur le Cambodge.
La corruption y a pris de telles proportions que l'économie dans son
ensemble est affectée. En chute libre, l'investissement étranger est passé
de 220 millions de dollars en 1998 à moins de 50 millions en 2002. Le
rapport appelle Phnom Penh à prendre des mesures pour réduire cette
corruption. Une question de volonté politique assure Sam Rainsy,
ex-ministre des Finances du Cambodge (entre juillet 1993 et octobre 1994),
interrogé par Libération. Député, il dirige aujourd'hui le parti
d'opposition, Parti Sam Rainsy.


Lorsque vous étiez ministre des Finances, vous avez été confronté à la
corruption ?


J'ai été écarté de mes fonctions en grande partie pour cette raison.
Officiellement, j'ai été relevé pour ne pas avoir respecté la solidarité
gouvernementale, ce à quoi j'ai répondu : «Solidarité gouvernementale, oui,
association de malfaiteurs, non.» Ma première tâche a été de dresser un
inventaire des biens de l'Etat, afin d'empêcher que des dirigeants
politiques les accaparent pour les vendre. Or je me suis heurté à un mur.
Depuis mon départ, un grand nombre de ces biens ont disparu. On découvre
régulièrement qu'un hôpital, une école, un édifice public, des terres, ont
été vendus.


Les investisseurs étrangers participent-ils à cette corruption ?


Quand un investisseur prend contact avec les autorités, certains
représentants du gouvernement demandent le paiement d'un «droit d'entrée»
avant même d'entamer des pourparlers. Récemment, une entreprise
pharmaceutique européenne qui souhaitait investir plusieurs dizaines de
millions s'est vu exiger un pot-de-vin de 10 millions de dollars.


La construction de l'aéroport de Phnom Penh a-t-elle généré beaucoup de
prébendes ?


Beaucoup d'irrégularités ont entouré la construction de cet aéroport par le
groupe français Vinci. J'ai été à l'origine de ce projet. J'avais obtenu du
ministre français de l'Economie de l'époque, Edmond Alphandéry, un don de
la France de 20 millions de dollars pour son extension qui devait coûter
120 millions de dollars. Puis le contrat, signé en 1995, a été amendé sans
transparence. La construction d'une seconde piste pour les gros porteurs a
été supprimée, bien qu'à l'origine elle fût la part la plus importante du
projet. Malgré cette réduction de près de moitié du projet, son coût a été
maintenu à 120 millions de dollars. J'estime qu'environ 40 millions de
dollars sont ainsi partis en pots-de-vin. En tant que député cambodgien,
j'ai demandé une copie des amendements du contrat à mon gouvernement et à
Vinci. Tous les deux me l'ont refusé (lire ci-dessous).


Mais ces 40 millions de dollars seraient allés dans la poche de qui ?


A l'époque, c'était un gouvernement de coalition entre le Parti du peuple
cambodgien (PPC) et le Funcinpec. Il y avait deux Premiers ministres, l'un
PPC, l'autre Funcinpec, un ministre des Transports et des Travaux publics
Funcinpec... Tout un aréopage de personnalités en a bénéficié, sans oublier
les intermédiaires de la société Vinci qui sont chargés de soudoyer les
personnalités.


Pourquoi le Cambodge est-il l'un des pays les plus corrompus ?


Le Cambodge a reçu 2 milliards de dollars d'aide internationale depuis
1993. Il y a donc beaucoup d'argent à prendre, d'autant que le pays regorge
de ressources naturelles, notamment le bois. En outre, il existe au
Cambodge une connivence rare entre les apparatchiks au pouvoir et la mafia
locale. Mais, surtout, le Cambodge n'est pas un Etat de droit. L'ancien
cadre juridique socialiste a été détruit sans être remplacé. Les Nations
unies ont bien introduit un texte punissant la corruption, mais il n'a
jamais été appliqué. Au Cambodge, pays réputé comme le plus corrompu
d'Asie, jamais personne n'a été condamné pour corruption, même au plus bas
niveau... car si une personne était arrêtée, elle pointerait aussitôt le
doigt vers son supérieur.


Quels sont les remèdes ?


Pour la corruption de survie, celle du petit fonctionnaire qui gagne 20
dollars par mois et qui est obligé de trouver un ou deux dollars
supplémentaires pour survivre, il suffirait d'augmenter les salaires des
fonctionnaires à 100 dollars mensuels afin qu'ils puissent vivre décemment.
Pour la corruption de prédation, qui est le fait des dirigeants politiques,
exigeons qu'ils déclarent leur fortune et en justifient l'origine ! C'est
ainsi que la corruption a été jugulée en Thaïlande à partir de l'adoption
d'une nouvelle Constitution en 1997. Des fonctionnaires ont été poursuivis
et rendus inéligibles. Mais cela n'a été possible que parce que, en
Thaïlande, il y a une justice indépendante et une société civile forte.


La presse dénonce-t-elle la corruption ?


Oui, mais il ne se passe rien. Millicom, une société suédoise privée qui a
créé une coentreprise (joint venture) avec la société cambodgienne Mobitel,
a reconnu dans la presse voilà plus d'un an qu'elle salariait So Khun, le
ministre des PTT. Ce dernier l'a également reconnu, et les députés de
l'opposition s'en sont émus. J'ai porté plainte, mais elle a été enterrée.
So Khun est toujours ministre et la pratique continue.


Comment les choses pourraient-elles changer ?


Le seul espoir, ce sont les pressions de la Banque mondiale, des pays
donateurs comme la France (1) et le Japon. Plus ils donnent, plus le peuple
cambodgien s'appauvrit, comme le montrent les statistiques de la Banque
mondiale. Ainsi, quand la France donne un hôpital, les factures des
sous-traitants chargés de le construire sont gonflées et, dans certains
cas, le surcoût peut atteindre le double du prix réel. Récemment, trois
pays ont suspendu leur assistance au Cambodge pour protester ­ la Belgique,
les Pays-Bas et la Norvège. Malheureusement, chaque fois que j'ai parlé à
des responsables français, je me suis heurté à un fatalisme à la limite du
cynisme.
(1) La France donne environ 25 millions d'euros par an au Cambodge.
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