La France entend poursuivre son effort en Asie
PARIS (Reuters) - Paris a décidé d'étoffer son dispositif en faveur des victimes du tsunami qui a frappé l'Asie du Sud le 26 décembre et d'oeuvrer en vue d'une meilleure coordination de l'aide internationale.
Jacques Chirac a ainsi demandé au gouvernement de poursuivre un "effort maximum" pour porter assistance aux victimes, insistant sur la nécessité de coordonner l'aide aux sinistrés.
Le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, s'est rendu lundi à Colombo, au Sri Lanka, pays durement touché par le raz-de-marée géant, avec 15 tonnes de médicaments et de matériel de purification de l'eau.
Il a souligné sur Europe 1 l'importance du rétablissement de l'eau potable compte tenu du "risque majeur d'épidémie en particulier de choléra et de typhoïde".
"Donc, c'est des antibiotiques d'un côté pour prévenir et, surtout, de l'eau potable. Voilà ce que la France a pu faire", a-t-il dit, soulignant la présence à ses côtés des présidents de deux sociétés, l'une pharmaceutique et l'autre de purification de l'eau.
Le ministre a souligné le manque de moyens logistiques pour acheminer ces matériels dans des zones qui n'ont pas encore vu l'arrivée de l'aide.
"Ça ne sert à rien de venir avec de l'aide humanitaire, des médicaments, des infirmiers, des chirurgiens si derrière il n'y a pas d'hélicoptères qui peuvent amener toutes ces personnes et tout ce matériel dans les zones qui sont totalement sinistrées", a-t-il ajouté.
Parallèlement, Paris va dépêcher le porte-hélicoptères "Jeanne d'Arc" et la frégate "Georges-Leygues" en Asie pour une aide médicale d'urgence, a confirmé la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, sur i-télévision.
Le bilan provisoire des victimes françaises s'élève à 22 morts et 99 disparus mais Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, n'a pas exclu dimanche que le bilan des Français tués ou disparus "soit bien supérieur à 150".
Les autorités sont sans nouvelles de plusieurs centaines de personnes.
Le ministère de l'Intérieur a rappelé que les familles pouvaient s'adresser au commissariat ou à la brigade de gendarmerie de leur domicile pour faire une déclaration de disparition ou apporter des éléments susceptibles de favoriser l'identification des disparus.
"UN SAMU EUROPEEN"
Une vingtaine de blessés, français et étrangers, victimes du tsunami ont été ramenés lundi matin en France à bord d'un avion de l'armée de l'air française, a annoncé le ministère de la Défense.
"Ce matin, à 06h30, un Airbus A 310 de l'armée de l'air s'est posé à Roissy en provenance de Thaïlande", précise le ministère. "Cet appareil a rapatrié une vingtaine de blessés français et étrangers, notamment américains, portugais, suédois et suisses."
Ces blessés, accueillis par Renaud Muselier, ont reçu une assistance médicale d'une équipe du service de santé des armées.
Avant de partir pour le Sri Lanka, Philippe Douste-Blazy avait estimé que l'aide européenne et internationale souffrait d'un manque de moyens logistiques en Asie où une course contre la montre s'est engagée pour secourir des millions de sinistrés et empêcher les épidémies.
Il avait prôné la création d'un "Samu mondial" pour mieux coordonner la réponse à ce type de crises humanitaires.
"Il n'y a jamais eu autant de dons des pays, des collectivités locales, des personnes. Il faut maintenant une coordination de l'action sur le terrain. Il manque un Samu mondial, il faut monter un Samu européen".
Lors du premier conseil des ministres de l'année, Jacques Chirac a également prôné la mise en place au niveau européen et mondial d'une "force humanitaire de réaction rapide prête à se déployer en cas de catastrophes naturelles".
"Cette tragédie humaine d'une ampleur inégalée continue de produire ses dramatiques effets. On ne peut encore mesurer l'étendue du désastre humanitaire qu'elle aura provoqué", a déclaré le chef de l'Etat, dont les propos étaient rapportés par le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé.
"Le gouvernement doit poursuivre un effort maximum pour venir en aide à nos compatriotes", a-t-il insisté".
A cet égard, a-t-il dit, la mission conduite par Philippe Douste-Blazy est "exemplaire" de ce que doit être la mobilisation française, "à la fois multiple et étroitement coordonnée.
Avant de recevoir les voeux du gouvernement et de présider le conseil des ministres, Jacques Chirac avait observé une minute de silence en mémoire des victimes des raz-de-marée.
Les drapeaux de l'Elysée ont été mis en berne en signe de deuil.