PHUKET (Thaïlande), 14 jan (AFP)
Phuket veut faire oublier les cadavres sur les plages et attirer les touristes
Les professionnels du tourisme à Phuket veulent à tout prix faire oublier les images de cadavres sur les plages de l'île et attirer de nouveau les touristes, surtout européens, indispensables à l'économie de la région.
"Pour les touristes, il y a un effet psychologique indéniable. Le facteur émotionnel, en particulier pour les Scandinaves, est très fort: ils ne vont pas se sentir bien en revenant ici", reconnaît Bill Barnet, consultant à Phuket pour le développement immobilier et hôtelier.
"Des touristes chinois veulent déjà fêter le Nouvel an chinois ici, parce qu'ils ne se soucient pas trop de la catastrophe, mais les Scandinaves sont beaucoup plus sensibles", estime aussi Sethapon Chindanon, directeur régional de l'office du tourisme thaïlandais (TAT).
Des dizaines de milliers de Scandinaves étaient en vacances en Asie --surtout dans le Sud de la Thaïlande-- lors du tsunami, fuyant l'hiver rigoureux dans leurs pays.
Pour l'instant, pour la Suède, le bilan provisoire officiel dans la région --pour l'essentiel en Thaïlande-- fait état de 52 tués et 637 disparus. Le sort de 1.200 autres ressortissants reste incertain à ce jour.
Mais pour effacer l'image désastreuse de corps jonchant les plages de sable fin, l'industrie du tourisme de Phuket --la "perle de l'océan Indien" à la renommée internationale-- se lance dans une grande opération de relation publique.
Les professionnels veulent d'abord s'appuyer sur "l'hospitalité" des Thaïlandais.
"Lors du rapatriement sans accroc des victimes étrangères, la Thaïlande a fait montre de sa gentillesse. La différence ici, c'est ce trait culturel des Thaïlandais, l'hospitalité des gens", assure M. Sethapon.
Dès le lendemain du raz-de-marée, les survivants occidentaux avaient été frappés par l'élan de générosité et de solidarité des Thaïlandais, offrant logement, nourriture, vêtements, argent, transport.
Les autorités ont en général payé les frais d'hospitalisation des blessés et assuré leur rapatriement à Bangkok.
"L'hospitalité des locaux, c'est le point fort de notre promotion", veut croire M. Sethapon.
Mais au-delà de ces déclarations, peu de projets concrets se dégagent pour l'instant.
Le TAT promet d'ici trois mois une grande campagne dynamique --comme elle en à l'habitude-- "Andaman Smile and Sunshine" (le sourire et le soleil de la mer des Andamans) vers l'Europe.
"Nous invitons les touristes de nouveau sur les plages. Et nous demandons aux Thaïlandais, aux entreprises locales, d'organiser des séminaires ici", plaide M. Sethapon.
Les hôtels en Thaïlande sont très friands de colloques, réunions, séminaires en tous genres, réunissant sur plusieurs jours des centaines de clients.
Et pour M. Barnet, "la situation (à Phuket) n'est pas si sombre".
Selon lui, toutes les infrastructures (routes, adduction d'eau, électricité) sont "intactes" et 25.762 chambres sont actuellement en état sur les 31.276 que comptait l'île au total.
Reste que la région perd dix millions de dollars par jour, selon des professionnels. Phuket a enregistré quelque 20.000 annulations de séjours, a calculé le TAT. Le taux d'occupation des hôtels plafonne à 15%.
De plus, les plages sont quasiment désertes et les vacanciers rechignent encore à barboter dans une mer qui a charrié des cadavres et en charrie probablement encore.
Le tourisme représente 6% du Produit intérieur brut du royaume et Phuket à elle seule rapporte 72 milliards de baht (1,8 milliard de dollars) de revenus du tourisme chaque année, soit 200 millions de baht par jour.
"Ce sera très, très grave si nous ne pouvons pas faire revenir les touristes à Phuket", avait déclaré Pattanapong Aikwanich, président de la Phuket Tourism Association.
"Ici, de toute façon, la saison est morte. Je ne m'attends pas au retour des touristes étrangers avant trois ou quatre mois", estime de son côté Phummisak Hongsyok, directeur général du groupe touristique Anuphas.