BANGKOK, 24 jan (AFP)
Entre films d'action et indépendants, le cinéma thaïlandais cherche sa voie
Le festival international de Bangkok, clos dimanche soir, a présenté une vaste sélection de films thaïlandais représentative de la bonne santé du cinéma national, qui éprouve cependant des difficultés à sortir du film d'action pour s'ouvrir à un cinéma plus personnel.
Le box-office thaïlandais 2004 est une photographie parfaite de l'état actuel de la cinématographie locale.
Au sommet trône "The shutter", un film d'horreur de Banjong Pisonthanakun et Pakpoom Wongpoom, deux cinéastes de 25 et 26 ans, alors que dans les tréfonds du classement on retrouve "Tropical malady", d'Apitchapong Weerasethakul, pourtant couronné par le Prix du Jury au festival de Cannes.
Bien que "Tropical malady" ait fait exploser la notoriété internationale du cinéma thaïlandais, ce film n'est sorti que dans une salle et est resté moins de deux semaines à l'affiche! En revanche, "The shutter", un film d'horreur inspiré de "The Ring" aux ficelles très efficaces mais peu originales, a triomphé sans peine.
"Les cinéastes comme Apitchapong Weerasethakul, connus à l'international, ne sont pas les plus connus en Thaïlande. Le film est plus considéré ici comme un produit de divertissement que comme un art", explique Frédéric Alliod, attaché audiovisuel de l'ambassade de France à Bangkok, qui reconnaît toutefois aux cinéastes locaux "un vrai savoir-faire technique même si leur cinéma pêche souvent un peu au niveau du script".
Contrairement à la France ou à la Corée, l'industrie cinématographique thaïlandaise est totalement privée et ne bénéficie pas d'aide publique qui pourrait favoriser l'émergence d'un cinéma d'art et essai.
"Tropical malady" a ainsi été coproduit par la société française Anna Sanders Films et a bénéficié d'une aide française via le Fonds Sud, la première accordée à un film thaïlandais.
Résultat de cet état de fait : parmi les 46 films thaïlandais sortis dans les salles obscures en 2004 figurent majoritairement des comédies et des films d'horreur.
En outre, en Thaïlande, ce n'est pas du ministère de la Culture mais du ministère du Tourisme que dépend le cinéma : l'essentiel de son action vise à attirer les tournages internationaux. "La plage", avec Leonardo DiCaprio ou encore "Alexandre" d'Oliver Stone sont l'illustration de cette politique.
Bien sûr, une frange des responsables locaux a pris conscience de la vogue du cinéma asiatique en France et soutient le cinéma indépendant. Ce dernier bénéficie d'une faible exposition médiatique et seuls quatre salles de Bangkok lui sont sont consacrées. Trop peu pour espérer conquérir un large public.
Mais il ne faut pas noircir le tableau. Le cinéma thaïlandais, en pleine renaissance, revient de loin: alors que la production annuelle nationale s'élevait il y a vingt ans à une cinquantaine de films, elle était tombée dans les années 80 à deux ou trois films...