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 Terreur islamiste au sud de la Thaïlande

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MessageSujet: Terreur islamiste au sud de la Thaïlande   Terreur islamiste au sud de la Thaïlande EmptyMer 2 Mar - 9:44

Terreur islamiste au sud de la Thaïlande Logo_libe
Terreur islamiste au sud de la Thaïlande

Les attentats se multiplient dans la région, sous loi martiale depuis plus d'un an, entraînant une féroce répression.

Par Philippe GRANGEREAU
mercredi 02 mars 2005 (Liberation - 06:00)
Sud de la Thaïlande envoyé spécial


c'est un peu l'envers du miroir thaïlandais. Dans ces régions méridionales du «Pays du sourire», il ne se passe guère de jours sans un attentat, le meurtre d'un fonctionnaire, l'incendie d'un bâtiment public ou celui d'une pagode. Tous les symboles de l'Etat sont ciblés par de mystérieux insurgés islamistes qui ne revendiquent jamais leurs actes, mais paraissent déterminés à chasser les bouddhistes. Les meurtres en série qui jalonnent le quotidien des habitants de cette région frontalière de la Malaisie sont souvent le fait de tueurs qui agissent à motocyclette. Plus d'une centaine de policiers ont été abattus de cette manière. Depuis son lit d'hôpital à Narathiwat, Nukul Chairat, policier de 34 ans, relate comment il a été touché au ventre le 25 janvier. «Si je n'avais pas eu le réflexe de sortir mon arme pour me défendre, j'y serai passé comme les autres.» Son agresseur, assure-t-il, «était musulman car il portait une barbe». Le même jour, presque au même endroit, un facteur a été tué.

Les attentats à la bombe, qui se multiplient, frappent des symboles de l'Etat ou bien des commerces non islamiques, tels des boîtes de nuit. L'un des derniers visait un restaurant servant du porc, très fréquenté par les fonctionnaires de la ville de Yala. «Nous songeons à partir d'ici», confie un couple qui a réchappé à cet attentat qui a tué une personne et blessé plus de quarante autres. L'engin a été déclenché à distance par un téléphone portable. Nombre d'hommes d'affaires bouddhistes déménagent ou cherchent à se protéger en engageant des gardes du corps ou en s'entraînant au maniement des armes.

Loi d'exception. Le bilan, depuis un an, se situe officiellement à 688 morts. Mais il aurait déjà dépassé le millier, selon des responsables locaux, qui estiment en outre à «plusieurs centaines» le nombre de disparus. Sirichai Tunyasiri, un général chargé par le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, d'appliquer la loi d'exception en vigueur dans ces provinces musulmanes du Sud, accuse une «très petite minorité, mélangeant séparatistes et islamistes» de vouloir rétablir l'ancien sultanat indépendant de Pattani (annexé en 1902 par le royaume bouddhiste). Le général assure malgré tout que «les militaires sont aimés de la population» musulmane et que «la situation n'est pas sérieuse du tout». Histoire de rassurer les touristes étrangers, manne essentielle pour le pays. «La Thaïlande tend à minimiser ce qui se passe, mais le gouvernement ne va plus pouvoir cacher cela pendant longtemps encore, analyse Rohan Gunaratna, un expert du terrorisme islamiste basé à Singapour. Ce n'est qu'une question de temps avant que les terroristes ne commettent des attentats à Bangkok. La situation est telle que cela peut désormais se produire d'un moment à l'autre.»

Plus de 20 000 soldats thaïlandais ont été déployés dans les trois provinces de l'extrême Sud, plongée depuis un an dans une atmosphère de terreur. Alors que la loi martiale a été imposée le 6 janvier 2004, 12000 hommes doivent prochainement renforcer le dispositif qui quadrille cette région peuplée de 3,5 millions de musulmans, à 95 % sunnites (1), parlant une langue (le yawi) proche du malais. Le conflit prend des airs de guerre de religion avec l'armée qui s'installe même dans les sanctuaires bouddhistes, tel le temple Wat Lak Muan de Pattani, où campent une cinquantaine de militaires.

Ces terres d'islam ont été malmenées entre 1930 et 1970 par de maladroites tentatives de «siamisation», qui se sont traduites, dans les années 60, par des transferts de population bouddhiste dans le Sud et l'obligation de parler thaï dans les écoles. Ces politiques autoritaires ont très tôt suscité l'émergence de petits mouvements autonomistes musulmans, telle l'Organisation unie de libération de Pattani (Pulo) ­ que l'on croyait défunts dans les années 90. Mais tout a resurgi le 4 janvier 2004. Ce jour-là, des bandes armées non identifiées lancent une attaque coordonnée contre 93 endroits du sud de la Thaïlande, faisant près de 40 morts. Dix-huit écoles sont détruites ainsi que des installations de la police et de l'armée. Un commando bien organisé pénètre dans une caserne, tue 4 soldats, égorge un moine bouddhiste qui se trouvait là et s'empare du dépôt d'armes : 300 fusils d'assaut, 40 pistolets, qui n'ont jamais été retrouvés. En l'absence de revendication, la police soupçonne alors non pas les mouvements séparatistes traditionnels, mais plutôt le groupe islamiste Gerakan Mujahideen Islam Pattani (GMIP, le Mouvement des moudjahidin pour un Pattani islamique), dont les bases arrière se trouvent en Malaisie.

Brutale répression. Une nouvelle offensive survient le 28 avril dernier : quinze commissariats, des postes de défense des villages, des bureaux de districts, sont simultanément attaqués par des hordes de jeunes en furie criant «Allah est grand». Ces attaques entraînent une riposte immédiate de l'armée et l'on dénombre au final 113 morts dont 108 civils. Signe d'une radicalisation islamiste de la guérilla séparatiste, on a retrouvé sur certains assaillants un tract incitant les «guerriers du martyre» à se «sacrifier pour le jihad (guerre sainte, ndlr) jusqu'à la dernière goutte de leur sang». Une partie des assaillants, tous vêtus de noir, s'étant réfugiés non loin de Pattani, dans la mosquée de Krue-Sae, les soldats anéantissent les 32 fanatiques en réduisant la mosquée en cendres. L'armée s'attire les foudres des observateurs pour la brutalité de la répression, mais récidive en octobre à Tak Bai, une bourgade à la frontière malaisienne. Alors que des milliers de jeunes manifestent pour la libération de six musulmans, l'armée tire dans la foule et arrête à tour de bras. Des centaines de manifestants sont battus, entassés dans des camions : au moins 85 d'entre eux meurent asphyxiés. La population musulmane parle depuis du «massacre de Tak Bai». Beaucoup de bouddhistes, eux, approuvent. Tel ce bonze du temple Wat Lak Muan qui explique que «les manifestants n'ont pas vraiment été tués par les militaires... mais par le manque d'oxygène».

Escadrons de la mort. Les disparitions et les assassinats se multiplient aussi au sein de la communauté musulmane, qui pointe du doigt des officiels de l'armée et de la police. «Le calibre des armes utilisées, reconnaît un médecin, correspond parfois à celui utilisé par l'armée ou la police.» Ces escadrons de la mort, que la population appelle «les hommes en noir», frapperaient en employant le même modus operandi que les «terroristes» : l'assassinat en deux-roues. «Un enseignant de notre école, soupçonné d'être islamiste, a été tué par un policier en mobylette déguisé en musulmane», assure un professeur de l'école islamique Thamvittaya de Yala.

Des centaines de musulmans thaïlandais reviennent chaque année des madrasas du Pakistan, d'Arabie Saoudite et de Syrie, et ouvrent des écoles coraniques où les disciples apprennent l'arabe et les vertus du rigorisme fondamentaliste. Leurs diplômes n'étant pas reconnus en Thaïlande, ils enseignent dans des écoles islamiques privées. Financées par les pays du Golfe, certaines de ces institutions professent les doctrines intégristes salafistes, et sont soupçonnées par Bangkok de faire le lit des islamistes. Certains ustaz (prêcheurs) sont soupçonnés d'appartenir à la Jemaah Islamiyah (2), voire d'avoir entretenu des rapports avec Riduan Isamuddin, alias Hambali, le cerveau de l'attentat de Bali, en Indonésie (202 morts en octobre 2002). Celui-ci a d'ailleurs été arrêté en 2003 en Thaïlande. «Ce n'est qu'une question de temps pour qu'Al-Qaeda prenne pied en Thaïlande du Sud. Les sites arabes pro-Al-Qaeda ont d'ailleurs commencé l'an dernier à mettre en ligne des photos des musulmans thaïlandais "persécutés" à Tak Bai, assure l'expert Rohan Gunaratna. Si le gouvernement ne prend pas des mesures, cette région va devenir un autre champ de bataille du jihadisme global comme le Cachemire, l'Algérie, Mindanao (Philippines) ou la Tchétchénie.»

(1) 10 millions de musulmans vivent en Thaïlande, sur une population de 63 millions d'habitants, à 85 % bouddhiste.

(2) La Jemaah Islamiyah, fondée à la fin des années 80 en Indonésie, a pour but la formation d'un gouvernement islamique unifié regroupant le sud des Philippines et de la Thaïlande, la Malaisie, Singapour et l'Indonésie.
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