mercredi 3 aout 2005, 19h01
La grippe aviaire pourrait être maîtrisée par des mesures draconiennes
DENVER (AP) - La mise en quarantaine d'une population, la limitation des déplacements et la distribution de médicaments antiviraux seraient des mesures suffisantes pour contenir une éventuelle épidémie de grippe aviaire en Asie du Sud-Est à condition d'agir vite, selon des experts en santé publique dont les travaux sont publiés jeudi dans les revues scientifiques Nature et Science.
Pour être efficace, la mise en place de ce plan d'urgence, qui peut éviter des millions de morts selon les auteurs, doit être effective dans les 48 heures suivant la découverte des premiers cas et à condition que leur nombre se limite à quelques dizaines. Un plan inévitable, même si les communications dans certaines des régions affectées sont rudimentaires et que de telles mesures peuvent perturber des économies entières et interrompre les réseaux de transport, ferroviaires en particulier.
Depuis 2002, le virus s'est répandu chez les travailleurs de l'aviculture, tuant au moins 60 personnes, la plupart étant des fermiers et des éleveurs thaïlandais et vietnamiens de volaille contaminés à partir d'animaux malades.
Selon certaines prédictions, le virus pourrait se répandre même si une quarantaine de personnes seulement sont contaminées au sein d'une population non protégée.
Dans l'étude anglaise qui est publiée jeudi dans la revue scientifique Nature, l'équipe de Neil Ferguson (Imperial College de Londres) a simulé une épidémie en Thaïlande en milieu rural.
Pour limiter la propagation à 200 cas, il était indispensable de reconnaître l'épidémie lorsqu'une trentaine de personnes seulement étaient contaminées. Les médicaments antiviraux devraient être distribués à 20.000 personnes vivant aux alentours.
Neil Ferguson recommande de stocker trois millions de doses d'un antiviral, de fermer les écoles, les aéroports, les lieux de travail et autres lieux publics.
Dans un second article publié vendredi dans la revue Science, Ira Longini de l'Université Emory souligne avec d'autres scientifiques que vacciner la moitié de la population d'une ville pourrait limiter l'infection à un cas pour 1.000 personnes, en deux semaines. A condition d'avoir un vaccin car à l'heure actuelle il n'en existe pas d'efficace contre le virus H5N1.
En partant d'une simple infection, Ira Longini a réussi à simuler la propagation du virus dans une population de 500.000 personnes évoluant dans des conditions de vie normales. AP