Les touristes reviennent à Koh Phi Phi
mardi 20 décembre 2005, 14h29
Un an après, les touristes reviennent petit à petit vers les zones touchées par le tsunami
PHI PHI (Thaïlande) (AFP) - De nombreux Thaïlandais sont convaincus que les plages idylliques de Koh Phi Phi sont encore hantées par les âmes errantes de plus de 700 personnes tuées lors du tsunami du 26 décembre 2004.
Cependant, Lee Moonsim semble plus perturbée par les souvenirs de collègues et clients disparus que par des fantômes au moment d'entamer, à la tête d'un groupe de touristes, sa première visite guidée de l'île depuis la catastrophe.
La Thaïlande a déployé de gros efforts pour attirer de nouveau les visiteurs sur ses plages et, comme au Sri Lanka ou aux Maldives, les autorités et les acteurs de l'industrie touristique ont cherché à vite effacer les terribles images de destruction et de mort.
Des prix défiant toute concurrence ont convaincu 500 Sud-Coréens de se joindre à Moonsim pour un voyage à travers le sud de la Thaïlande, incluant Phi Phi et ses côtes où les traces du raz-de-marée sont encore visibles.
"Les gens sont encore sensibles au fait de passer leurs vacances ici mais, petit à petit, la gêne disparaît", explique la guide alors que son groupe paresse à l'ombre de l'hôtel Cabana, partiellement reconstruit.
"Certains disent qu'ils ont fait un mauvais rêve" en dormant sur l'île connue pour ses fonds sous-marins, précise-t-elle tout en soulignant n'avoir été que peu interrogée sur l'horreur qui a régné ici.
Contrairement à d'autres endroits, la remise en état de Phi Phi, où des hôtels luxueux cotoient des cabanons pour hippies, se poursuit lentement en raison de l'indécision du gouvernement sur la manière de relancer le tourisme dans l'île.
Les plages de la province de Phang Nga, notamment celles de Khao Lak, autre zone touristique du sud de la Thaïlande, sont elles aussi en pleine reconstruction.
En revanche, on assiste à un retour progressif à la normale dans de nombreux autres endroits comme l'île populaire de Phuket.
"En octobre, le taux d'occupation des chambres était de 78%, en novembre de 65% et, après le 20 décembre, il devrait être de 85 à 90%", indique Stephen Magor, directeur général du Laguna Beach Resort, un imposant complexe hôtelier.
Au Sri Lanka, autre destination touristique particulièrement touchée par le tsunami, le nombre de visiteurs étrangers est en augmentation pour les 10 premiers mois de l'année (+3% par rapport à 2004).
Mais tous n'étaient pas des vacanciers, explique Prathap Ramanujam, numéro deux du ministère du Tourisme. Parmi ces personnes, il y avait aussi des travailleurs humanitaires venus pour la reconstruction et des Sri-Lankais ayant une double nationalité et qui "n'ont pas séjourné dans des hôtels", précise-t-il.
Seule une poignée d'hôtels sont restés fermés après le tsunami mais le taux d'occupation des chambres se situe aujourd'hui autour de 50%, selon des sources de la profession.
Par ailleurs, la décision des autorités sri-lankaises d'interdire toute reconstruction dans une zone tampon de 100 mètres sur les plages affecte la reprise de l'activité touristique, affirme Manoj Jayasuriya, maire de la localité de Hikkaduwa.
Dans l'archipel voisin des Maldives, qui compte près de 1.200 îles coralliennes, 15 hôtels sur 87 sont restés fermés à la suite du raz-de-marée, indique l'Autorité chargée du tourisme.
Chaque année, les Maldives reçoivent 600.000 vacanciers mais ce chiffre devrait être en baisse d'environ 30% en 2005, selon des estimations de la profession.
En Malaisie, les effets du tsunami sur le tourisme ont disparu en six mois, selon Andy Fong, de l'Association malaisienne des hôtels, tandis qu'en Indonésie, pays qui a enregistré le plus grand nombre de victimes, les vagues n'ont pas atteint Bali qui a par ailleurs souffert du terrorisme.