Du sexy paillette sur papier glacé pour parler de mode

Presse - Du sexy paillette sur papier glacé pour parler de mode

05-01-2006
ImageCambodge Soir - La star de cinéma Keo Pich Pisey moulée dans une longue robe rose fuchsia des plus sexy pose devant un court de tennis verdoyant, une main caressant la fleur d’un frangipanier. Le tissu soyeux qui fronce sur les hanches est coupé de biais pour laisser s’échapper une multitude de fleurs en camaïeu de roses accrochées au jupon. Les mêmes ornements sont piqués sur la poitrine et cachent habilement le nombril. Car la touche sexy de la tenue se trouve bien à ce niveau, dans ce voile transparent qui épouse le ventre et laisse paraître le grain d’une peau blanche
La Une de ce magazine intitulé Revue de mode, illustrée par une jolie brune aux cheveux coiffés haut d’un diadème discret, symbolise à elle seule les promesses comme les artifices de ces 118 pages tout en couleur et en papier glacé : des stars, de la belle robe colorée, du satin brillant, du plissé, des froufrous, des fleurs, de la dentelle... Du sampot traditionnel à la tenue de soirée plus moderne, il y en a pour tous les goûts. Pari réussi pour le premier magazine du genre, il attire le regard et chacun se le passe de main en main, curieux de découvrir telle star ou telle tenue. Les hommes le feuillettent avec le même intérêt que les femmes. Pourtant, le prix fixé à trois dollars n’est pas à la portée de toutes les bourses. “Vous savez, les magazines étrangers coûtent autour de 2,5 dollars. Pour les petites boutiques de couturières, c’est un tarif accessible”, assure le chef des ventes Kang Sothear qui a dans l’idée d’en faire un magazine de modèles de références pour les petites mains des marchés cambodgiens. Le tailleur Megn Hor est déjà convaincu par la démarche : “Grâce à ces photos, je peux avoir une idée des évolutions de la mode cambodgienne.” La cible de ce magazine, ce sont les femmes de la classe moyenne, commerçantes, fonctionnaires, employées, artistes...
Les boutiques font leur pub

Ce trimestriel vendu en kiosque depuis la mi-décembre ambitionne de rivaliser avec ses équivalents thaïlandais en se concentrant sur la mode khmère. “Nous voulons montrer aux tailleurs du pays la créativité de leurs compatriotes et diffuser à l’étranger la tradition et la culture khmères en montrant par exemple quels vêtements sont portés en fonction des cérémonies”, explique Kang Sothear. Pour ce faire, le premier numéro a été tiré à 10 000 exemplaires distribué à Phnom Penh, Siem Reap, Battambang, Sihanoukville et Kompong Cham. Un millier a aussi été exporté vers la France, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et tous les pays ayant une communauté cambodgienne dynamique. Le site internet www.cambodiafashion.com lui est aussi consacré.

Cette revue de mode propose en tout et pour tout quatre articles qui rivalisent d’originalité en deuxième partie du magazine : l’un sur le mariage, l’autre sur la coiffure, le troisième sur la Fête des eaux et le dernier est l’incontournable recette de cuisine dédiée aux ménagères averties. Il regorge de publicités et toute la première moitié se compose de photos pleine page de starlettes cambodgiennes, présentatrices de télévision, chanteuses, actrices qui se succèdent au fil des pages au côté de parfaites inconnues. A chaque modèle est associé le nom d’une boutique dont l’adresse est inscrite au pied de la photo avec un numéro de téléphone.

La présentatrice de TV3 Meas Molina pose donc pour la boutique de Megn Hor. “J’ai passé cinq jours à coudre cette robe rose, raconte le patron. C’est moi qui l’ai choisie parce qu’elle n’est pas trop sexy si bien que la majorité des Cambodgiennes pourraient la porter. J’ai demandé à Meas Molina d’être mon modèle parce qu’elle est fidèle à ma boutique. Je crois que j’ai gagné quelques clients.” Dans son cas, le magazine s’est chargé de prendre la photo.

Kunthea, responsable de Sophoan boutique, a en revanche envoyé ses propres photos de deux modèles présentés par sa sœur et a réglé 30 dollars pour la publication d’une pleine page et d’une photo plus petite. Un contrat lui avait cependant été proposé à plus de 100 dollars pour plusieurs publications. Elle avait refusé de s’engager si loin et s’est promis de réfléchir à une prochaine publication. Kang Sothear reconnaît que la majorité des photos sont envoyées par les boutiques qui payent pour leur parution. Le magazine ne se charge que des photos prises par exemple dans les hôtels de luxe.

Alors le lecteur qui débourse 3 dollars pour un catalogue publicitaire où les photos ne sont pas toujours de bonne qualité ne se fait-il pas un peu arnaquer? “Nous nous occupons de la mise en scène de certaines photos et de la mise en page”, se défend Kang Sothear.

Ros Dina