Santé - La spiruline arrive au Cambodge
07-02-2006
Cambodge Soir - Depuis quelques mois, une petite ONG française, Project Spirulina Cambodia (PSC), entreprend de cultiver à des fins humanitaires une mystérieuse petite algue invisible à l’œil nu, la spiruline, dont les bienfaits sur la santé font régulièrement l’objet de nouvelles découvertes et ne cessent d’étonner les chercheurs. Bien connue dans certaines régions du globe où elle constitue un mets traditionnel séculaire (lire ci-dessous), cette algue longue d’à peine 0,2 mm est présentée par une partie de la communauté scientifique comme “le” complément alimentaire idéal pour lutter contre la malnutrition, ainsi qu’une arme de choix pour améliorer l’état général de patients atteints de certaines maladies.
Considérée comme l’un des organismes comestibles les plus riches connus à ce jour (vertus anti-anémiques, anti-infectieuses et renforcement des défenses immunitaires), cette algue présente le double avantage d’être bon marché et de pousser très facilement dans les pays chauds où les problèmes de carences sont les plus criants. A titre d'exemple, son rendement en protéines est de 9 tonnes à l’hectare contre 1 tonne pour le soja.
C’est après avoir initié avec succès sa culture à Madagascar en 1999 qu’un ingénieur français, Marc Boritch, fondateur de PSC, décide avec son unique donateur, Jean-Jacques Schwing, d’implanter la spiruline au Cambodge. “En 2002, nous avons rendu visite à l’hôpital de Takmao. La direction de l’établissement avait mené des essais cliniques très concluants sur les effets de la spiruline sur les enfants tuberculeux, mais n’avait pas les moyens de s’en procurer. Nous avons alors décidé de lancer un projet de culture dans le royaume”, raconte Marc Boritch. De retour au Cambodge en septembre dernier muni d’une simple bouteille remplie de souches et d’un budget de 30 000 dollars, il signe dans la foulée un contrat de partenariat avec Care international et Hagar. Un mois plus tard, le premier bassin est mis en culture au siège de Hagar. L’objectif à court terme est d’atteindre le seuil de rentabilité (400 m2 de bassins), un objectif des plus réalistes puisque la concentration de cette algue extrêmement résistante double tous les quatre jours. L’ONG envisage d’ailleurs de construire prochainement de nouveaux bassins dans la province de Kampot sur un terrain mis à disposition par les autorités.
Afin de rester fidèle à sa vocation humanitaire tout en permettant au projet de s’équilibrer financièrement, PSC et Hagar se sont entendus sur un principe de distribution : pour chaque kilo vendu, un kilo sera distribué gratuitement. Les ventes visent tout autant les structures de santé que les particuliers, car si la spiruline est particulièrement indiquée pour les enfants souffrant de malnutrition, les femmes enceintes et les malades du VIH (tuberculose, anémie), elle constitue également un complément nutritionnel préventif de plus en plus prisé chez les sujets sains. Dans les pays développés, cette algue est vendue dix fois son prix de revient, et nombreux sont les produits dérivés proposés sur les étals des magasins bio. Hagar envisage d’ailleurs de produire prochainement des biscuits.
Médecins du monde, qui importait jusqu’ici de la spiruline indienne pour améliorer l’état de ses patients malades du sida, fait partie des premiers clients déclarés de PSC, avec l’hôpital de Takmao (qui sera fourni gratuitement) et l’ONG Pour un sourire d’enfant (PSE). L’algue est d’ores et déjà en vente en sachets de 100 grammes sous sa forme granuleuse (compressée et séchée), mais l’ONG cherche encore un gelutier pour fabriquer des pilules à destination des hôpitaux.
Soren Seelow
Contact : PSC : 012 946 976 ou Hagar : 012 663 069