HANOI, 30 jan (AFP)
D'une épidémie à l'autre, les scientifiques guettent les évolutions
L'épidémie de grippe aviaire qui s'abat sur le Vietnam depuis décembre se développe jusqu'à présent avec une ampleur similaire à celle de l'an passé, mais elle reste suivie de très près par les scientifiques qui guettent d'éventuelles modifications épidémiologiques.
Des chercheurs thaïlandais et américains ont établi cette semaine qu'une petite fille de 11 ans décédée de la maladie en Thaïlande l'an passé l'avait probablement transmis à sa mère et à sa tante.
Et les recherches se poursuivent dans les deux pays pour comprendre si le virus est en voie de mutation, une hypothèse aux conséquences potentiellement désastreuses.
Si l'on s'en tient aux chiffres officiels des autorités vietnamiennes, les seuls disponibles même s'ils sont considérés comme peu fiables, la maladie a été identifiée dans un tout petit peu moins de provinces que l'an dernier à la même époque.
Le 33 janvier 2004, 34 des 64 provinces et villes du pays étaient déclarées contaminées contre 30 aujourd'hui.
En terme d'animaux tués par la maladie ou abattus, la différence est énorme. Plus de 4,75 millions de volailles avaient été détruites l'an passé fin janvier, contre un peu près de 900.000 cette année.
En 2004, les responsables vietnamiens, poussés par un certain nombre d'experts étrangers, avaient ordonné des abattages systématiques dans un rayon de trois kilomètres autour des zones contaminées.
"Tout le monde s'est rendu compte que cela ne règlait pas vraiment le problème", explique Patrice Gautier, patron de l'organisation Vétérinaires sans frontières (VSF) au Vietnam.
La transmission inter-élevages se faisant essentiellement non par le vent mais par le transport, en particulier les piétons et les motos, l'essentiel est selon lui d'identifier les trajets effectués par le virus dans les trois semaines qui précède l'identification d'une contamination.
"Si le lundi, une ferme est contaminée et que le samedi précédent, le paysan a vendu des poulets à son cousin, à 50 kilomètres de là, il faut aller dans la ferme du cousin et abattre tous les poulets. C'est bien plus efficace qu'abattre à l'aveugle dans un rayon de trois kilomètres", estime-t-il.
Sur le plan humain, onze personnes ont été tuées jusqu'à présent contre huit l'an passé à la même époque.
"L'éruption chez les humains est jusqu'à présent très similaire" à l'an passé, estime ainsi le Dr. Hans Troedsson, représentant de l'OMS au Vietnam.
Mais les médecins s'intéressent à deux scénarios possibles.
"Nous sommes inquiets d'une possible escalade du nombre de cas sans que le virus ne se modifie. Ce serait un énorme défi pour le système de santé ici", estime le médecin.
L'autre risque, mille fois exprimé, est celui d'une mutation du virus vers une forme hautement contagieuse entre humains. Il deviendrait alors capable de tuer des millions de personnes.
"Notre seconde inquiétude serait une indication que le virus change, même s'il n'y a pas d'augmentation importante et immédiate du nombre de cas", ajoute-t-il.
Une attention toute particulière est ainsi apporté aux cas groupés.
Samedi matin, une fille de 13 est décédée de la grippe aviaire, une semaine après la mort de sa mère. Mais toutes deux, selon la presse, avaient tué un canard malade et vivaient dans un environnement hautement contaminé dans la province de Dong Thap (sud).
Dans le nord, trois frères d'une même famille ont été hospitalisés après avoir été testés positifs. Un est mort et un autre a guéri. Le troisième n'a jamais montré de symptômes et fait l'objet de nouveaux tests. Tous les trois ont consommé ensemble du sang de canard cru.
Vendredi, une délégation thaïlandaise a rencontré des Vietnamiens pour évoquer leurs expériences communes et s'est notamment penchée sur ces cas familiaux.