Caoutchouc : embellie sur le marché
Le Potentiel (Kinshasa)
26 Mai 2005
Publié sur le web le 26 Mai 2005
Faustin Kuediasala
Kinshasa
Après la vague soulevée par le tsunami qui s'est abattu sur une bonne partie des pays de l'Asie du Sud-Est, des signes de reprise resurgissent dans certains coins de cette sous-région.
Pour preuve, les planteurs d'hévéa affichent particulièrement un sourire sans pareil. Alors que le prix du caoutchouc reste à un niveau anormalement élevé par rapport au calendrier de la campagne, commente Rfi, le premier ministre thaïlandais, dont le pays est le premier fournisseur mondial, déclarait il y a quelques jours que les pays producteurs allaient continuer à faire pression pour pousser les prix jusqu'à la barre des 152 cents le kilo. Un niveau bien supérieur au cours actuel qui fait déjà grimacer les clients de l'Asie comme de l'Occident.
Ce scénario optimiste pour les trois principaux producteurs que sont la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie semble confirmé par les données du marché. L'hivernage, plus long que prévu cette année, a vidé les stocks des petits planteurs alors que la demande reste ferme, dopée par les constructeurs automobiles chinois - la Chine produit du caoutchouc naturel, mais elle a dû augmenter ses importations pour pallier le déficit de production engendré par la sécheresse. Ajoutez à cela un pétrole à plus de 50 dollars qui pèse sur les coûts de fabrication du concurrent synthétique et vous avez réuni tous les ingrédients alimentant à l'euphorie actuelle. D'après la presse asiatique, les exportateurs thaïlandais, à court de marchandises, ont dû reporter des embarquements prévus pour le mois de mai. Une information corroborée par les envolées des marchés à terme de Tokyo et de Singapour.
Mais la fête pourrait rapidement s'achever selon les négociants européens. Avec la fin de l'hivernage, la récolte du latex va reprendre dans les principales zones de production et les tensions liées au manque d'approvisionnement devraient bien vite retomber.
Enfin, sur les marchés à terme, l'échéance du contrat mai devrait provoquer un assainissement des échanges, disproportionnés par rapport à la réalité du marché physique. Car pour soutenir les cours, les gros producteurs ont spéculé, une situation qui n'est pas tenable longtemps. Enfin, le pétrole dont est issu le caoutchouc synthétique est en train de refluer.
Aujourd'hui il n'y a pas que les clients qui attendent la détente du marché mais aussi un producteur piégé par l'optimisme ambiant, il s'agit de l'Inde: encouragé par la hausse des deux dernières années, ce pays a renforcé sa production destinée à l'exportation, mais le retour sur investissement n'est pas au rendez-vous, résultat: les planteurs retiennent leurs marchandises, en attendant des jours meilleurs.