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 «On n'a rien vu venir».

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Thaïlande - Cambodge
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MessageSujet: «On n'a rien vu venir».   «On n'a rien vu venir». EmptyVen 3 Juin - 7:57

«On n'a rien vu venir»

Nous diffusons ci-dessous un article de l'hebdomadaire français L'Express du 30 mai concernant la situation mondiale en économie. C'est une façon de voir comment les grandes puissances défendent leurs intérêts géostratégiques dans un avenir prévisible. La lecture de cet article ne nous incite-t-elle pas à comprendre la nécessité de nous unir pour défendre nos intérêts nationaux fondamentaux ? Comme nos frontières et aussi nos richesses naturelles comme nos richesses en hydrocarbure qui semblent très importantes d'après certaines sources par exemple ? D'après ces sources, dans un an ou deux, nos richesses en hydrocarbure engendreraient quelques milliards de $US par an. De quoi aider notre peuple à se battre contre l'ignorance, la maladie et la misère. Pourquoi donner ces énormes richesses principalement à la société vietnamienne Sokimex et quelques miettes confortables au clan des fantoches Hun Sen ?



ECONOMIE



L'Express du 30/05/2005
Boom chinois
«On n'a rien vu venir»

propos recueillis par Sabine Delanglade





De l'ananas au zirconium, en passant par le ramette A4, Philippe Chalmin, le meilleur spécialiste français des matières premières, passe chaque année au crible dans Cyclope (1) l'ensemble des marchés mondiaux. Chine, matières premières, le choc de 2004 n'a, pour lui, qu'un équivalent, celui de 1974


Vous parlez d'un choc historique des matières premières en 2004, équivalant à celui de 1974. Comment s'est-il manifesté?

Tous les prix des grandes matières premières ont augmenté de façon considérable. Aujourd'hui, il nous paraît presque normal que le pétrole soit à 50 dollars! Depuis 2001-2002, presque tous les prix des métaux ont doublé, voire, pour le nickel, triplé. Celui de l'acier a été multiplié par 2,5, et les sidérurgistes ont dû accepter une hausse de 71,5% du minerai de fer. Quant aux coûts du fret, ils ont été multipliés par 4 ou 5. C'est aussi le cas de nombreux produits agricoles, tels la laine, le caoutchouc, mais c'est moins vrai des produits alimentaires dont le début de flambée a été éteint par une conjoncture climatique extraordinaire en 2004. Jamais le monde n'a autant produit que cette année-là.



«Jamais on n'a connu une période de croissance si forte, si longue, et qui touche tant de monde»


Et s'il n'avait pas fait si beau?

Cela aurait sans doute posé un grave problème à certains pays en voie de développement qui ne sont pas arrivés à l'autosuffisance alimentaire et dépendent un peu trop souvent de la charité publique, comme l'Afrique subsaharienne. Mais, surtout, ces tensions sont venues à point nous rappeler les défis auxquels va être confrontée l'agriculture mondiale du XXIe siècle: elle va devoir pratiquement tripler sa production, à surface agricole équivalente. Autrement dit, nous avons devant nous l'ardente nécessité de plusieurs révolutions vertes. La précédente, celle qui a permis à l'Inde de devenir aujourd'hui pratiquement exportatrice de céréales, était principalement fondée sur l'utilisation de nouvelles semences, le résultat de croisements sophistiqués; la prochaine posera la question des biotechnologies et des OGM.


Ce choc, comment l'expliquer?

D'abord, le monde connaît une phase de croissance fantastique: + 5% en 2004, 4,5% probablement encore en 2005, actionnée par deux énormes moteurs: les Etats-Unis et le décollage de la Chine, de l'Inde et plus généralement de l'ensemble des pays d'Asie. Mais, bien sûr, l'essentiel, c'est cet événement d'une ampleur jamais vue dans l'histoire économique: la croissance de la Chine.


Cependant, celle-ci est de 10% par an depuis trente ans. Pourquoi ce boom n'a-t-il pas produit ses effets plus tôt?

Jamais, dans l'histoire des hommes, on n'a connu une période de croissance si forte - 10% - si longue - trente ans - et qui touche tant de monde: 1,4 milliard de personnes! Pourtant, nous avons tous été aveuglés. Et on n'a rien vu, pendant longtemps, parce que le gros de cette croissance des années 1980-1990 s'est fait à guichets fermés. La Chine vivait sur ses énormes ressources propres (charbon, pétrole, fer, agriculture) et ses prélèvements sur le reste du monde étaient donc marginaux, mais, peu à peu, la croissance a absorbé tout le potentiel productif du pays. En réalité, on a totalement sous-estimé le phénomène au moment, précisément, où la Chine décollait. C'est donc au début du XXIe siècle que, subitement, les ressources chinoises n'ont plus suffi et que la Chine, alors en pleine accélération, a fait appel au marché mondial. Dans des quantités inimaginables.


Décrivez-nous ces besoins.

En 2001, elle importait 70 millions de tonnes de minerai de fer; en 2004, elle en a acheté 200 millions et, sur les premiers mois de cette année, elle est sur un rythme de 260 millions. Sur la période 2001-2004, l'augmentation des importations de produits pondéreux, minerais, grains, etc., a été de 350 millions de tonnes. De quoi charger 1 000 navires supplémentaires! Or, en raison des cours très bas du fret dans les années précédentes, les navires avaient plutôt été envoyés à la casse: les tarifs des transports maritimes ont donc explosé. Les Chinois importent aussi à tour de bras: ferrailles, acier, aluminium, nickel, zinc, étain, laine, caoutchouc, coton, pratiquement tous les produits. Sauf le sucre, pour lequel ils restent autosuffisants, le café et le cacao, parce qu'ils n'en consomment pas.


Tant pis pour l'Afrique?

L'Afrique en profite quand même, car les Chinois sont d'énormes importateurs de bois, sans d'ailleurs se préoccuper beaucoup d'écologie, n'hésitant pas à mettre des forêts primaires en coupe réglée. L'Afrique leur fournit aussi un peu de pétrole. La Chine est bien la seule à prendre le risque d'aller forer au Soudan, même si elle envoie des soldats pour protéger ses forages.


Les Chinois sont aussi de grands acheteurs d'or et de diamants.

Oui, ils sont devenus les quatrièmes importateurs mondiaux de diamants bruts, car ils ont développé une activité de taille, pour des besoins industriels, mais aussi pour la consommation des nouveaux riches Chinois. Quant à l'or, c'est parce que les Chinois, comme les Français, auxquels ils ressemblent d'ailleurs beaucoup sur de nombreux points, ont toujours aimé thésauriser.


Cet appétit va-t-il se calmer?

Pas de sitôt, car le rattrapage est loin d'être fait. La Chine, qui produit environ 300 millions de tonnes d'acier, pourrait avoir besoin de 400 à 450 millions de tonnes. De même, alors que leurs 4 à 5 millions de barils/jour les ont rendus longtemps autosuffisants en pétrole, leur déficit est aujourd'hui de 3 à 3,5 millions de barils/jours. Et les Chinois, eux aussi, ont envie d'avoir chacun leur voiture… En matière agricole, ils sont devenus le premier importateur mondial de blé, le premier importateur mondial de soja et on annonce déjà qu'à l'horizon 2010 ils seront aussi importateurs de sucre. Sachant que fin 2004, selon les estimations de la FAO, sur le milliard d'êtres humains mal nourris dans le monde, il y avait 250 millions de Chinois, on peut imaginer que tous ceux-là voudront un jour mieux s'alimenter. De plus, phénomène qui ne joue pas dans l'Inde végétarienne, les Chinois sont des mangeurs de viande, et il faut 7 protéines végétales en moyenne pour fabriquer 1 protéine animale…


Quelle est l'attitude de la Chine à l'égard des OGM?

La révolution verte de l'époque fut conçue à l'intérieur de structures publiques et véhiculée par des organisations internationales. On était dans une économie de gratuité. Aujourd'hui, nous sommes dans une économie totalement différente, où quatre compagnies, Monsanto, Syngenta, Bayer et Pioneer, pourraient détenir sur le potentiel du vivant de l'humanité un pouvoir extraordinaire. Car une nouvelle semence, cela coûte très cher, et il est donc logique de la breveter. Or les Chinois ont bien senti le risque de dépendance créé par ce brevet. Ils développent donc leurs propres OGM et ont fermé leur marché aux semences extérieures. Car ils savent, même s'ils ne veulent pas dépendre de l'étranger, qu'ils ont besoin des OGM. La Chine est, en effet, un pays plutôt désertique et l'urbanisation lui fait perdre 1 million d'hectares de surface agricole (sur 110 millions) chaque année.


Donc, la Chine est encore la locomotive de l'économie mondiale pour longtemps?

Bien sûr, mais elle ne sera pas la seule. L'Inde sera plus peuplée que la Chine à partir de 2030-2040, il ne faut pas l'oublier. Déjà, elle est en train d'avancer à 6 ou 7% par an et ses besoins, notamment énergétiques, sont au moins aussi importants que ceux des Chinois. Il y a aussi le reste de l'Asie, qui avance de 4 à 10% par an, la Turquie, le Brésil… Et, bien sûr, les Etats-Unis, car le principal facteur de hausse des prix du pétrole est avant tout, aujourd'hui, la croissance américaine.


Et la croissance russe?

Pour moi, la croissance russe, c'est un peu un village à la Potemkine. Vu de l'extérieur, la Russie connaît une croissance forte: de 5 à 7%, suivant les estimations. De quoi penser que la page de l'effondrement de l'URSS est tournée. En réalité, la Russie est essentiellement productrice de matières premières et a extraordinairement profité de la conjoncture actuelle. Premier pays exportateur mondial de pétrole et gros producteur de minerais et métaux divers (nickel, aluminium, etc.), il est aussi redevenu un exportateur agricole. Le FOB Odessa [NDLR: la cotation du blé d'origine russe ou ukrainienne], disparu en 1914, est réapparu sur les marchés mondiaux. Mais, en dehors de tout ça, je ne pense pas qu'il existe un véritable développement économique en Russie, je crains qu'elle ne soit qu'un émirat pétrolier amélioré!


Au total, qui sont les gagnants et les perdants du choc de 2004?

J'ai peur, au final, que les grands perdants ne soient les producteurs de matières premières. Souvenez-vous du boom de 1974, qui devait instaurer un nouvel ordre international et apporter sa revanche au Sud, grâce à son contrôle des matières premières: nous avons assisté, au contraire, à son appauvrissement dû à la grande crise de l'endettement du tiers-monde des années 1980. Eh bien, je crains qu'aujourd'hui les pays producteurs ne sachent pas mieux gérer cette nouvelle rente, ne l'utilisent pas pour bâtir un véritable développement. J'ai peur que cet argent ne soit, une nouvelle fois, mal utilisé, comme l'a été par exemple l'argent du cacao qui finance la guerre en Côte d'Ivoire. Certains s'inquiètent déjà de la nouvelle dépendance du Brésil vis-à-vis de son modèle agro-industriel. Lula saura-t-il échapper à la tentation «court-termiste» des matières premières, tentation dans laquelle Poutine est en train de sombrer?
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