Cambodge - Malgré des progrès, entreprendre reste difficile selon la Banque mondiale
15-09-2005
Cambodge Soir - Les conditions de création et de développement de nouvelles entreprises au Cambodge restent parmi les plus difficiles au monde, selon le dernier rapport international Doing Business 2006 - Creating jobs, coparrainé par la Banque mondiale et l’IFC (International Finance Corporation), présenté hier simultanément dans les locaux de l’IFC-MPDF de Phnom Penh, Hanoi, Pékin, Manille et Honk-Kong, reliés par visioconférence.
Dans cette étude basée sur des données de 2004, le Cambodge est classé 133e sur 155 pays pour les possibilités et facilités d’entreprendre, loin derrière la Thaïlande (20e) et le Viêt-nam (99e), et à peine mieux classé que le Laos (147e).
Principal obstacle au développement du secteur privé au Cambodge : les délais nécessaires à l’enregistrement et à la création officiels d’une entreprise. Selon ce rapport, en 2004, il fallait compter en moyenne 86 jours (contre 39 jours pour l’ensemble de la région Asie du sud-est), après avoir effectué dix procédures différentes, avant de doter une affaire d’un statut légal. Le coût d’une création d’entreprise était également incroyablement élévé, compte tenu des revenus moyens du Cambodge, en comparaison avec les pays voisins. Il fallait ainsi débourser 276,1 % du revenu annuel moyen par habitant pour monter légalement son affaire, tandis que la moyenne régionale était de 41,7 %. Autant de rigidités qui favorisent l’économie informelle et la corruption.
Une situation difficile donc, mais pas désespérée, pour peu que le gouvernement ait la volonté d’engager des réformes, selon Caralee Mc Liesh, économiste en charge du projet “Doing Business”, qui a commenté ce rapport en direct de Washington, par visioconférence. “ça ne nécessite pas des sommes énormes et de grandes capacités. Ce qui est nécessaire, c’est beaucoup de volonté politique”, a déclaré Caralee Mc Liesh, soulignant que “les meilleurs réformateurs ne sont pas forcément les plus riches”.
Plusieurs experts présents lors de cette conférence ont précisé que d’importants progrès avaient été réalisés depuis la rédaction de ce rapport, achevée en janvier 2005. Le gouvernement a pris des mesures en vue de réduire les délais et les coûts de création d’entreprise. Des réformes qui porteraient déjà leurs fruits, selon le dernier bulletin cambodgien de l’IFC-MPDF, qui évoque des délais officiels de création d’entreprise de 10,5 jours, pour un coût de 177 dollars (soit 57 % du revenu annuel moyen par habitant). Selon Chea Huot, de nouvelles mesures en vue d’optimiser les procédures, de réduire les délais et de développer l’information devraient voir le jour avant le mois de décembre. Quant à la mise en place d’un guichet unique d’enregistrement, elle ne devrait pas intervenir avant l’année prochaine. “Ces progrès continueront, avec des résultats très importants comparés aux autres pays de la région”, a souligné Chea Huot. Un avis visiblement partagé par Adam Sack, directeur général du IFC-MPDF, selon qui le secteur privé ne fait qu’émerger, après des années d’instabilité.
Ky Soklim et Laurent Le Gouanvic
Source : Cambodge Soir