ANZ entend dépoussiérer le secteur bancaire
16-09-2005
Cambodge Soir - “Les Cambodgiens ne doivent plus mettre leur argent sous les oreillers !”, clamait hier matin Kong Vibol, secrétaire d’Etat au ministère de l’Economie et des Finances, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle banque ANZ Royal. Pour le secrétaire d’Etat, “le système bancaire cambodgien se développe considérablement, et l’implantation d’ANZ Royal en est le principal témoin”.
Ce nouvel établissement bancaire, le 18e au Cambodge, fruit d’une joint-venture entre la banque australienne et néo-zélandaise ANZ et le conglomérat cambodgien Royal Group (Mobitel, CTN...), ambitionne en effet de s’implanter sur un marché en pleine croissance, alors qu’une très large majorité de Cambodgiens privilégient encore les paiements en liquide.
La banque ANZ Royal espère séduire ces millions de consommateurs qui préfèrent garder leurs économies dans les placards plutôt que de les déposer à la banque. Elle va pour cela mettre l’accent sur les services aux clients : parallèlement aux quatre agences déjà ouvertes à Phnom Penh, des distributeurs automatiques de billets ont été placés dans des stations services, des supermarchés et divers sites facilement accessibles au public, qui peut ainsi retirer son argent 24 h sur 24. “Par le passé, quand les Cambodgiens avaient 1 000 ou 2 000 dollars, ils n’osaient pas les déposer dans une banque, souligne Kit Meng, PDG d’ANZ Royal. Nous avons donc souhaité faire en sorte qu’ils puissent le faire facilement et qu’ils retirent leur argent simplement, grâce aux nouvelles technologies”.
La recette semble efficace puisque, selon les chiffres communiqués par ANZ Royal, 31 millions de dollars ont déjà été déposés et 1 300 clients ont ouvert un compte depuis l’ouverture des agences phnompenhoises, il y a quelques semaines.
L’implantation de ce nouvel établissement a été chaleureusement accueillie par le gouverneur de la Banque nationale du Cambodge, Chea Chanto, qui estime qu’elle stimulera le marché bancaire. “Une efficacité croissante de l’industrie bancaire, encouragée par une compétition renouvelée, permettra au public de bénéficier de marges plus faibles et de meilleurs prix”, a souligné le gouverneur.
Une compétition que le vice-directeur de la Canadia Bank, Au Siek Kheang, prétend ne pas craindre : “Quand il y a de plus en plus de banques, ça stimule la compétition et ça incite chaque établissement à améliorer ses services. Cela donne plus de choix aux clients”. Sur la réussite d’ANZ Royal, Au Siek Kheang se montre plus sceptique : “le marché bancaire cambodgien est très limité. D’autres banques, comme le Crédit Agricole [ex-Indo Suez] ont déjà essayé de s’implanter et se sont finalement retirées. Mais ANZ peut toujours tenter...”
Chea Chanto, lui, se montre beaucoup plus optimiste quant à l’avenir d’ANZ Royal. Le gouverneur a souligné que sur les six premiers mois de 2005, plus de 900 millions de dollars de dépôts ont été enregistrés dans les 17 banques qui existaient alors au Cambodge, tandis que 550 millions de dollars de crédits ont été accordés. Parmi ces 17 établissements, les 5 banques étrangères représentaient à elles seules 37 % du montant total des dépôts et 27 % des crédits. “Il y a donc un espace pour ANZ ici”, a déclaré hier matin le gouverneur de la Banque nationale.
Hong Sokhour, professeur d’économie à la Faculté de Sciences économiques estime également que, “même si le marché est petit, le potentiel de nouveaux déposants et d’emprunteurs est encore important”. Selon cet expert, “il y a encore peu de banques au Cambodge par rapport au nombre d’habitants”. Ce n’est donc pas un hasard si la banque australienne ANZ s’est lancée dans cette joint-venture, dont elle détient 55 % des 18 millions de dollars du capital, au côté de l’un des plus importants conglomérats cambodgiens.
Avant même la fin de l’année, ANZ Royal étendra d’ailleurs son réseau, en ouvrant des agences à Siem Reap, Battambang et Sihanoukville.
KyS et LLG
Source : Cambodge Soir