Economie - Sok Hach : "On a sacrifié deux pauvres pour créer un riche"
23-09-2005
Cambodge Soir - Le directeur de l’Institut économique du Cambodge (IEC) Sok Hach a présenté jeudi devant la Chambre de commerce franco-cambodgienne les conclusions de deux rapports à paraître prochainement sur la situation économique du Cambodge.
Reconnaissant que la croisance était forte (une tendance de 6-7% jusqu’à cette année), l’inflation apparemment faible et que la situation budgétaire était équilibrée, “en tout cas tant que l’aide internationale arrive”, Sok Hach a immédiatement tenu à tempérer l’optimisme des autorités en notant que malgré ces chiffres, la pauvreté continuait d’augmenter de façon alarmante. “Certains secteurs récoltent les fruits de la croissance, mais les paysans, rien. C’est terrible! Le revenu des 20% les plus aisés de la population a doublé ces dernières années, alors que celui des 80% restant n’a pas bougé. En réalité, on peut même dire que le niveau de vie baisse au Cambodge. Il y a certes une petite partie de la population qui décroche de la pauvreté, mais l’extrême pauvreté, elle, augmente. On peut estimer à 10 à 20% le nombre de gens qui s’appauvrissent. Sur le paysage social entre 1997 et 2004, on a sacrifié deux pauvres pour créer un riche”.
Analysant les chiffres de l’inflation, Sok Hach a souligné la menace que fait peser le problème de la distribution des terres sur la croissance des prochaines années. “On évalue l’inflation à 5%, mais elle tourne en réalité autour de 10% car les produits alimentaires et énergétiques connaissent une inflation à deux chiffres. Pourquoi cette inflation alors que le Cambodge est un pays agricole? Si le prix du bœuf augmente, c’est parce qu’il y a de moins en moins de terres disponibles pour l’élevage. C’est d’autant plus regrettable qu’on a coutume de considérer l’élevage comme une nouvelle source possible de croissance”, a-t-il argumenté.
L’économiste a ensuite analysé l’importance de la confection dans la croissance du pays. Jusqu’au 1er janvier 2005, date de la fin de quota, le textile contribuait, selon lui, pour 3 à 4 points à la croissance du PIB, soit près de la moitié. Et alors que tout le monde misait sur une croissance nulle ou négative de l’industrie textile à partir de 2005, les six premiers mois de l’année auraient connu une croissance de près de 10% par rapport à l’année dernière. Sok Hach prévoit donc une croissance globale du PIB de 5% juqu’en 2008, année de la fin de la clause de sauvegarde, mais précise qu’elle ne suffira peut-être pas pour que le royaume reste compétitif face à son principal concurrent, la côte est chinoise, “qui connaît des taux de croissance de 15 à 20%”.
Soren Seelow
Source : Cambodge Soir