Phchum Ben - Les Cambodgiens ont mal au portefeuille
04-10-2005
Cambodge Soir - Comme d’habitude, des millions de Cambodgiens participent cette année à la fête de Phchum Ben (la Fête des morts). Mais, cette fois-ci, les fidèles bouddhistes ont affirmé aux quatre coins du pays qu’ils avaient dépensé plus d’argent que l’année dernière à cause de l’augmentation du prix des marchandises. Un phénomène dû en partie à la hausse du prix du carburant sur le marché international comme le confirmait l’expert Kong Chandararoth, directeur de l’Institut du Cambodge des Etudes pour le développement.
Plus le pétrole est cher, plus ce coût de transport des marchandises est important, plus les produits sont chers. Mais cette augmentation s’explique aussi par les marges plus conséquentes que s’attribuent les commerçants en période de fête.
A Battambang, Mme Path Chantha, 47 ans, affirme qu’elle a acheté moins de plats cette année à cause de cette augmentation des prix des marchandises. Elle a constaté que le prix d’un poulet d’1 kg était passé de 2,5 à 5 dollars. “Avec cette hausse, au lieu d’acheter deux poulets comme l’année dernière, je me suis contentée d’un seul cette année”, explique-t-elle en se préparant à aller à la pagode avec sa nombreuse famille réunie pour l’occasion. “Malgré la hausse des prix, je dois honorer mes ancêtres, car c’est une tradition”, a poursuivi Chantha.
M. Thon Sophea de la province de Banteay Meanchey, a constaté, lui, que les produits étaient en hausse depuis plusieurs mois, mais qu’avant la fête, les marchands augmentent encore les prix. Les fidèles, selon lui, se plaignent d’être pris en otages car ils ne peuvent pas ne pas célébrer cette cérémonie religieuse. “Les prix ont augmenté de 30%, évalue-t-il. Mais, en tant que Khmers, nous devons offrir des plats aux ancêtres. C’est un devoir”, lance-t-il, amer mais résigné.
A Takèo, Mme Sok, 48 ans, de retour de la pagode, confie que cette année, elle n’a choisi que des légumes bon marché pour concocter les plats aux bonzes, comme le gingembre. Chez elle, même le prix des œufs a explosé. “L’année dernière, avec 500 riels, on pouvait acheter deux œufs, mais cette année, il fallait 700 riels. Tout est cher”, lâche Mme Sok devant une petite épicerie.
Les Phnompenhois ont constaté les mêmes tendances que les provinciaux. Mme Por, propriétaire d’une grande épicerie au marché Orussey confirme avec Mme Eng, commerçante de Takéo, l’augmentation générale. Mais malgré cela, elles assurent que leurs produits se sont bien vendus. “Les consommateurs sont contraints d’acheter, car c’est la fête religieuse”, remarquent les vendeuses.
Sok Hach, président de l’Institut d’Economie du Cambodge, estimait il y a quelques jours que le taux d’inflation réelle tournait autour de 10%, bien qu’on ne l’évalue officiellement qu’à 5%. Mais selon lui, les produits alimentaires et énergétiques connaissent bien une montée des prix de plus de 10%.
Ky Soklim